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La vision commerciale des artisans potiers au SIAO

Publié le mercredi 5 novembre 2008 à 09h30min

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Alizeta Koumaré

Beaucoup d’objets cassés lors du transport et des clients qui n’achètent pas sur place, c’est ce que vivent les potiers à chaque édition du SIAO. Ils ne font pas de bénéfices, mais ils sont toujours là. Leur objectif premier n’est pas la rentabilité financière. Ils profitent tous du SIAO pour remplir leurs carnets d’adresses. Ce qui leur permet d’exporter leurs articles et d’offrir des prestations de service connexes.

Alizeta Koumaré est une potière de Tchériba, un village situer dans la boucle du Mouhoun. Elle est à sa quatrième participation au SIAO en tant qu’exposant d’articles de poterie. Dans son petit espace qui lui sert d’aire d’exposition, on peut trouver des pots de fleurs, des assiettes, des plats, et bien d’autres objets en argile. Quelques personnes, européens pour la plupart, s’arrêtent, observent, touchent apprécient, mais, ils n’achètent pas. Les articles coutent cher. Pourtant Alizeta affirme avoir baissé les prix. « Chaque année nous cassons les prix pour avoir un peu d’argent. Cette année les prix varient entre 100F et 3000F. Malgré cela, ça ne marche pas comme on veut. Et comme les burkinabè eux-mêmes ne s’intéressent pas à la poterie, ça ne peut pas marcher fort » nous dit-elle avec tristesse.

Participer à une exposition vente comme le SIAO n’est pas chose facile pour Alizeta. Elle réside dans un zone enclavée. La mauvaise qualité des routes a causé d’énormes dégâts sur ses articles lors du transport. Ainsi, elle est arrivée au SIAO avec près d’une centaine d’objets cassés. Réduisant le nombre et la diversité des articles qu’elle propose au public. A cet état de fait s’ajoute le cout du transport qui est élevé. Conscient de tout cela, comme tous les autres potiers, elle a choisi d’investir peu pour mieux s’adapter. Pas question de louer tout un stand à 300 000F. Un lopin de terre suffit pour exposer les articles. Résultats, bon nombre de potiers sont installés à la partie arrière du site du SIAO, le dos au mur. Les produits ne sont pas visibles et très peu de gens passent par là. Le SIAO n’est qu’a ses premiers jours. Mais les potiers ne se font pas d’illusions. A chaque édition du SIAO, ils ne font pas d’énormes bénéfices. Certains d’entre eux vendent même à perte. Mais ils reviennent toujours.

Au nom du carnet d’adresse.

Alizeta Koumaré est allée en Belgique une fois pour un stage de trois mois qui l’a aidée à se professionnaliser davantage dans la poterie. Elle a appris de nouvelles techniques de production. Lorsqu’elle est revenue chez elle, elle a transmis ce qu’elle a appris aux autres potiers de sa région. Aujourd’hui elle donne des cours à des européens qui s’intéressent à la poterie. Elle a également de nombreux clients à l’étranger, à qui elle envoie régulièrement des articles. D’ailleurs, sur le profil de sa clientèle, Alizeta se veut formelle. « Mes clients sont uniquement des européens » affirme t-elle.

Ce succès, elle le doit en grande partie au SIAO. Certes, elle n’y réalise pas de très bonnes affaires, mais elle noue des contacts intéressants. Son carnet d’adresse s’étoffe d’avantage à chaque édition du SIAO. Ce qui lui permet d’exporter ses produits à l’extérieur, et de donner des cours payants aux passionnés de la poterie. « Ici au SIAO je cherche des contacts. Des gens qui peuvent commander des objets avec moi après le l’exposition. À l’édition passée j’en ai eu, et j’espère en avoir encore » espère-t-elle.

Alizeta n’est pas la seule potière à chercher des partenaires commerciaux au SIAO. Beaucoup d’entre eux disent être fréquents à la biennale de l’artisanat, plus pour cette raison plutôt que pour de l’argent « ici et maintenant ». L’enseignement que l’on peut tirer de cette vison des potiers, c’est que le succès d’une participation au SIAO ne réside pas seulement dans les bénéfices de vente, mais aussi dans les contacts que l’on noue.

Thierry Rolland Ouédraogo

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