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Christian Koné quitte la scène politique

Publié le lundi 3 novembre 2008 à 09h39min

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Christian Koné

Pendant que l’ensemble des Burkinabé s’activaient à la célébration de la Toussaint, de la Fête de l’Armée Nationale et de la 11e Edition du SIAO, le ciel burkinabé s’est assombri de la disparition prématurée de Christian T. KONE. La nouvelle est en effet tombée comme un couperet pour l’ensemble de la classe politique et du monde de l’entreprise.

Si le Chef de l’Etat n’a pas encore donné suite aux demandes majeures de la Refondation, on ne peut s’empêcher d’y repenser à l’occasion de la perte d’un de ses animateurs : Christian KONE, parti lui aussi comme Cyril GOUNGOUNGA, sans avoir les réponses aux questions de leur combat politique.

Qui était Christian KONE ?

Né le 5 Août 1956 à Bobo-Dioulasso, date symbolique et probablement prémonitoire de sa trajectoire de vie, l’homme avait débuté sa carrière professionnelle comme entrepreneur dans les barrages et les routes. Une époque où entreprendre ressemblait à de la folie, tant la mode était à se tailler une place douillette dans l’administration publique. Un pionnier avant l’heure.

Le début de son militantisme sonne avec le MBDHP-Section de la Comoé. Le bouillonnement politique des années 1980 aura véritablement marqué un tournant décisif : après le coup d’Etat du Colonel Saye ZERBO le 25 novembre 1980 qui a vu la chute de la 3e République du Général Sangoulé LAMIZANA, c’est une nouvelle génération avec de nouvelles idées qui s’impose dans le paysage politique.

La suite, on la connaît avec l’arrivée au pouvoir de Jean Baptiste OUEDRAOGO et de ses compagnons le 7 novembre 1982, de Thomas SANKARA le 4 Août 1983, puis de Blaise COMPAORE le 15 Octobre 1987 avec la Rectification et un début d’ouverture politique, un retour vers la Démocratie. Cette ouverture a vu la floraison de plusieurs partis politiques au nombre desquels le MDP d’Hermann YAMEOGO, l’UDPB de Joseph Tibo OUEDRAOGO et Gérard Kango OUEDRAOGO, la CNPP/PSD de Pierre TAPSOBA et Joseph KI ZERBO. C’est au sein de cette dernière formation que militera Christian KONE avant d’intégrer les rangs du RDA jusqu’à sa fusion avec l’ADF (Alliance pour la Démocratie et la Fédération). Le coup d’Etat, c’est bien cela, perpétré au sein de l’ADF/RDA pour déstabiliser la démocratie de l’intérieur, avait assassiné les espoirs d’une alternance apaisée. Nombre de militants déçus avaient juré de ne plus s’y faire. D’autres en revanche, faisant foi en l’avenir d’un Burkina Faso soucieux d’un équilibre des forces politiques en présence, avaient pris sur eux de continuer la lutte. Et Christian KONE fut de ceux –là.

Considéré sous la Révolution comme un « réactionnaire », parce qu’ avouant publiquement ses convictions autres que les chants de la chapelle du moment, il écopa de 23 jours d’incarcération à Ouagadougou à la Brigade urbaine. Libéré par la suite, l’homme avait gardé intactes ses convictions, les exprimant publiquement tout en poursuivant son activité entrepreunariale.

La confirmation et la fidélité d’un choix
L’adoption de la Constitution du 2 Juin 1991 et les différentes élections qui s’en suivirent avaient procédé à des ravalements successifs de façade de la démocratie burkinabé sans traiter les questions de fonds, les réformes courageuses qui méritaient d’être engagées comme le bulletin unique, la transparence des urnes et des scrutins, la fiabilité des recensements et des fichiers électoraux.

Christian KONE avait de son vivant contribué à tirer la sonnette d’alarme sur les dérives de notre démocratie, mieux, en assumant ses positions sur des sujets que d’aucuns auraient taxé de « régionalisme ». Son mérite d’avoir soulevé les problèmes, dit haut et fort ce que beaucoup pensaient tout bas, lui auront certes valu des critiques, mais il aura assumé sa part de contribution à la construction nationale par ses idées, par sa vison partagée d’un Burkina débarrassé du népotisme, du régionalisme ambiant et du délabrement avancé de nos valeurs morales et sociales.

L’homme des Cascades écrivait beaucoup ; on se souviendra longtemps de ses nombreuses contributions dans les différents organes de presse avec un seul fil conducteur : la fidélité à un idéal politique de justice et de développement harmonieux des régions du Burkina. Ses participations remarquées au G 14 à Banfora en 1999, lui avaient notamment valu de défendre vaillamment des positions universelles du droit à la vie tout comme après l’assassinat de Norbert ZONGO et de ses compagnons.

Homme très discret de par sa forme physique sans exagération de volume, le visage émacié, la simplicité déroutante d’un moine bouddhiste, voilà des traits caractéristiques d’un monument de la politique burkinabé qui aura, avec ses moyens et ses convictions intimes, défendu un Burkina peu souvent soucieux de ses valeureux et dignes fils comme les Nana Thibault toujours en prison et dont peu s’émeuvent du sort. Et pourtant……

Récemment, Christian KONE nous avait reçus dans le cadre de la célébration des évènements du 15 octobre (San Finna n° 484 du 13 au 19 octobre 2008). Dans un passé encore très récent, nous avions discuté avec lui d’un projet énergétique qui lui tenait à cœur et dont il avait engagé les études, pris les contacts et mis la machine en route pour concrétiser ce projet. « Le Burkina et le Niger peuvent et doivent s’unir autour d’un projet commun pour la production de charbon domestique ». Il parlait en effet des possibilités d’exploitation et de transformation de la houille nigérienne en briquette de charbon pour ravitailler les ménages urbains et combattre ainsi la désertification.

Après Cyril Goungounga, Christian KONE a tiré le 30 Octobre 2008 sa révérence au monde politique, au cercle des entrepreneurs, à sa ville Banfora et, en un mot au Burkina Faso. Il avait fait de sa vie un combat : combat contre l’oppression, la corruption, le régionalisme, mais également combat pour un Démocratie véritable. En s’investissant pour « La Rupture positive aux côtés d’Hermann YAMEOGO et du Groupe Alternance 2005 », l’enfant des Cascades avait récemment jeté ses dernières énergies dans la Refondation. Il aura véritablement mené une vie de combat en sortant « indemne » de 17 accidents très graves.

Une disparition qui interpelle de plus la jeunesse à une prise de conscience aigue sur les enjeux de la relève. Christian KONE laisse une veuve et deux enfants : Jean Telly, ingénieur informaticien, fondateur du site « Mémoires du Faso » et de Arsène Swonty, juriste et collaborateur au sein de notre rédaction. Son parti politique, le PNR/JV, devra trouver un leader à la hauteur de l’illustre disparu, un homme de convictions. De nombreuses personnalités ont accompagné le 31 Octobre le défunt à sa dernière demeure au Cimetière de Gounghin : Paulin KARA, Amadou DABO, Alain ZOUBGA, Salif OUEDRAOGO, Benewendé SANKARA, Issa TIENDREBEOGO, Philippe OUEDRAOGO, Emile PARE, Norbert M. TIENDREBEOGO, Achille TAPSOBA, Léonce KONE, Salvador YAMEOGO, Yacouba TRAORE, Benilde SOMDA, Benoît OUATTARA, Rémy DJANDJINOU, Boureima KABORE et ces nombreuses personnes anonymes qui ont connu et aimé l’illustre disparu.

Christian KONE, simplement « Peace in recuerda ». Le jeune Dagari teint clair a été mis hors d’état de nuire, pris en sandwich par Léonce KONE et Paulin KARA.

IS
YP

San Finna

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