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SIAO 2008 : Une édition au rythme de la samba

Publié le lundi 3 novembre 2008 à 01h47min

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Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) a aujourd’hui 20 ans. Manifestation de renommée mondiale, elle mobilise à chaque édition un nombre croissant d’exposants, de visiteurs et d’acheteurs professionnels. L’ouverture officielle de la XIe cuvée, qui a comme invité d’honneur le Brésil, pays de la samba, est intervenue le vendredi 31 octobre 2008 sur le site du Salon, présidée par le premier ministre, Tertius Zongo.

Ouagadougou célèbre son Salon, un rendez-vous que le Burkina honore tous les deux ans depuis 1988. Son succès est attesté et même qu’il en est victime, selon le commissaire général, Jean-Claude Bouda. Le souhait est alors qu’on envisage pour l’avenir, l’extension du site du SIAO. Cette année, le thème de la manifestation est : « Artisanat africain et circuits de distribution ». En marge donc des autres activités prévues, l’occasion sera donnée aux différents acteurs d’approfondir la réflexion sur les débouchés qui peuvent s’offrir au secteur. Les produits de l’artisanat sont d’importants pourvoyeurs de revenus pour les populations en Afrique.

Pour toujours accorder plus de visibilité et d’opportunité de vente, les
organisateurs du Salon ont opté d’innover en procédant à la « thématisation » des pavillons. C’est le sculpteur sénégalais de renommée internationale, Ousmane Sow, qui est le parrain du XIe SIAO. Le choix, selon Jean-Claude Bouda, s’est porté sur lui, afin qu’il serve de modèle. Travail, foi en soi, persévérance sont les qualités qui font de lui un homme de notoriété incontestée dans l’univers des créateurs au plan mondial. Il se tiendra, entre autres, activités au cours de la manifestation, les 2es assises du comité de coordination pour le développement et la promotion de l’artisanat africain (CODEPA).

Dynamiser la culture afro-américaine

Outre le Burkina Faso, 23 pays du continent prennent part au SIAO 2008, preuve que l’Afrique s’est appropriée le Salon. Les visiteurs et acheteurs professionnels sont venus d’Europe, d’Amérique du nord, d’Asie et d’Australie. Le Brésil, patrie de la samba, est l’invité d’honneur de la présente édition. La participation du Brésil au SIAO 2008 apporte, selon Alizèta Ouédraogo, PDG de la société TAN-ALIZ et marraine des éditions du Salon, plus de notoriété et de diversité à la manifestation, en même temps qu’elle permettra de dynamiser la culture afro-américaine. La conjoncture économique internationale est morose et le marché mondial de plus en plus exigeant. Cela, dira la marraine, commande aux artisans de rechercher la perfection ; de s’adapter aux goûts des consommateurs ; de s’équiper davantage ; d’apprendre les uns des autres ; de conquérir de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités.

Le cœur du Brésil bat à Ouaga

L’ouverture de la mission diplomatique du Brésil à Ouagadougou, est, selon l’ambassadeur Santiago Luis Bento Fernadez Alcazar, la preuve d’une profonde amitié entre les deux nations. Il a marqué sa satisfaction pour la participation de son pays au XIe SIAO. En plus d’être présent au Salon avec de merveilleuses créations, le Brésil est à Ouagadougou avec un groupe, le « Tambores de Crioula », qui a servi de la musique et de la danse bien rythmées au public lors de la cérémonie officielle d’ouverture. Ce groupe, dira l’ambassadeur est un cœur qui bat. Il est un grand cœur africain. Le choix du Brésil, pays émergent et d’une grande vivacité culturelle, s’explique par le fait qu’il abrite la plus grande diaspora noire dans le monde. Sa participation au Salon est multisectorielle et les visiteurs pourront découvrir son potentiel artisanal, artistique et culturel.

Un instrument de promotion commerciale

Au Burkina Faso, l’artisanat contribue pour environ 30% à la formation du PIB. En Afrique, il participe efficacement à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté. Le SIAO est né de la volonté des autorités politiques burkinabè de donner au secteur de l’artisanat sa place dans les politiques de développement. L’objectif fondamental de cette manifestation est d’instaurer un véritable marché international de l’artisanat africain, où artisans et acheteurs de divers horizons se rencontrent pour échanger leurs expériences, négocier et vendre leurs productions. Il a donc souhaité qu’au sortir de la présente édition, de nouveaux circuits de distribution s’offrent aux artisans.

Cyr Payim Ouédraogo D. Evariste Ouédraogo


A l’issue de la cérémonie d’ouverture du Salon, nous avons recueilli les sentiments du Premier ministre, Tertius Zongo, et du parrain de l’édition, le sculpteur sénégalais de renommée internationale, Ousmane Sow. Voici ce qu’ils nous ont confié…

Tertius Zongo, Premier ministre burkinabè « Nous devons être fiers de nos artisans et du SIAO »

Le SIAO n’est pas seulement un programme du gouvernement, mais il est d’abord l’affaire des artisans. C’est pour des acteurs, qui par leur créativité, par leur professionnalisme peuvent aussi compter dans ce monde. Leurs activités leur permettent, certes, d’améliorer leurs conditions de vie, mais elles participent à faire connaître leur pays et le continent tout entier. En 20 ans, lorsqu’on regarde l’affluence des exposants, on est vraiment impressionné. A cette édition, c’est près de 3000 artisans qui exposent. Ce sont des chiffres jamais égalés. Quand j’ai parcouru également les prospectus sur la manifestation, il y a plus de 1000 acheteurs professionnels dont des centaines sont venus de l’Europe, des Amériques, de l’Asie. C’est une preuve que nos devons être fiers de nos artisans. Nous devons avoir de l’audace pour les accompagner. Aujourd’hui, j’éprouve un sentiment de fierté car les Africains sont capables. Le SIAO est également une fierté. Grâce à ce Salon, l’Afrique est connue, le Burkina Faso également. Nous devons aller dans ce sens, car le 21e siècle est celui de la compétition… Et comme je le disais tantôt, les acheteurs professionnels, qui viennent faire des affaires ici, repartent avec des produits aux normes internationales confectionnés avec des matières premières tirées de notre culture.

Ousmane Sow, sculpteur et parrain de l’édition 2008 « Les artisans sont devenus des artistes » Lorsqu’on m’a demandé d’être le parrain, je n’avais aucune idée de ce que j’allais découvrir. Pour moi, c’était une foire comme les autres. Mais là, je m’aperçois que c’est quelque chose de bien organisée où tous les pays s’empressent de venir. Et selon le directeur général de la manifestation, des pays n’ont pas pu avoir de stands. C’est une preuve que c’est un événement qui a dépassé même les frontières de l’Afrique. C’est très réconfortant de voir un pays bien organisé. Et au regard de ce que j’ai vu, le Burkina Faso pourrait être demain un exemple dans son professionnalisme de faire bien avec peu de moyens. S’agissant des œuvres que j’ai pu apercevoir, je me rends compte que la distance entre l’art et l’artisanat est maintenant très réduite. Les artisans sont devenus des artistes. Ce que j’ai vu est formidable... D.E.O. & C.P.O.


Les coulisses de l’événement

La tente qui a failli gâcher la fête A quelques minutes de l’arrivée du Premier ministre, Tertius Zongo, sur le site du SIAO, une des tribunes qui avait commencé à accueillir de nombreuses personnalités, dont le patron de l’état-major particulier de la Présidence du Faso, le colonel-major Gilbert Diendéré dit Golf, s’est effondrée. Heureusement, les pensionnaires de la tente ont pu s’extirper rapidement avant que le pire arrive. Cet incident est passé en direct, puisque l’ouverture était retransmise par la RTB, la « chaîne au cœur des grands événements ». Ce qui veut dire qu’ils étaient aussi bien nombreux au Burkina qu’à l’extérieur à vivre la chute de la tente, qui vient rappeler que nous avons encore du chemin pour finir avec l’amateurisme. Et ce qui est même choquant, c’est les matériaux utilisés pour construire la toiture de la tribune. En effet, on ne comprend pas que, dans un pays chaud comme le nôtre, on trouve malin plaisir à recourir à des tôles. En tout cas, si ce n’est pas pour rôtir les gens, on aurait pu trouver autre chose pour soulager les invités de marque de la galère. Et pourquoi le SIAO ne ferait pas appel à nos grands créateurs pour donner une coloration artistique et professionnelle à des tribunes qui ne distribuent que chaleur ou sueurs froides ?

Sonorisation nulle ! Il fallait peiner pour entendre les intervenants lors de leurs discours. Certains journalistes ont dû aller faire le pied de grue devant des enceintes qui sortaient difficilement la tonalité. Résultat : les messes basses étaient au rendez-vous çà et là et d’aucuns n’ont rien retenu de la littérature distillée lors de l’ouverture de la manifestation. Du moment qu’on trouve de nos jours d’excellent matériel de sonorisation dans notre pays, il va falloir y mettre certainement le prix, mais également le sérieux.

Toujours des agents de sécurité zélés C’est devenu maintenant une tradition que, lors de certains rendez-vous majeurs, la sécurité et la presse se marchent dessus. Cette édition du SIAO n’a pas dérogé à la règle, puisque pour recueillir les propos du Premier ministre, Tertius Zongo, outre une zone de sécurité décrétée par des hommes munis de kalachs, un policier intimidait des journalistes qui attendaient l’autorité devant le pavillon de créativité. « Reculez, reculez, sinon on appliquera la violence gratuite, si vous n’obtempérez pas », insistait le vieux flic, talkie-walkie en main. En tout cas, quand Tertius Zongo est sorti, on n’a pas aperçu l’ombre de cet expert de ladite « violence gratuite ». Comme quoi, il y a toujours des gens qui sont prêts à faire du cinéma, même quand la situation ne s’y prête pas.

Blaise et Gbagbo, « gardiens » du pavillon de la Créativité ? Tous ceux qui feront un tour au pavillon de la créativité constateront que l’entrée principale est encadrée par les bustes des présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso et Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire. A côté de ces derniers, se trouvent ceux du guide libyen, Kadhafi, et de chefs traditionnels. En apercevant ces effigies, on a comme l’impression qu’il faut avoir leur autorisation avant d’accéder au temple des génies de la création.

Vers la mort de « Miss SIAO » ? Depuis quelques années, la biennale de l’artisanat organise un concours de beauté dénommé « Miss SIAO ». Mais les miss élues ont passé plus le temps à végéter dans l’oisiveté sans trop comprendre ce qu’elles devaient et pouvaient faire pour accompagner le Salon et les artisans. Pour cette édition, de sources bien informées, le concours n’aura pas lieu. Malheureusement, l’information n’a pas circulé comme il fallait, puisque sur un document officiel de la Présidence, l’épouse du chef de l’Etat, Chantal Compaoré, devait présider le samedi 1er novembre 2008 une « soirée de Miss SIAO ». Mais en lieu et place, ce fut un défilé de mode.

C.P.O. & D.E.O.


Défilé de mode Nuit sensationnelle en compagnie de 12 créateurs

Pour la 11e édition du Salon, un défilé international de mode a eu lieu le samedi 1er novembre 2008 à la salle des banquets de Ouaga 2000 avec en attraction des collections de 12 créateurs venus, entre autres, du Sénégal, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la France et du Burkina Faso. Ce fut une nuit sensationnelle, donnée à voir par Salma Production et le SIAO, avec des créations de finesse et de charme alliant des matières premières puisées dans le vivier culturel africain.

Au cours de cette cérémonie sympathique, placée sous la présidence de la Première Dame du pays, Chantal Compaoré, le public a eu droit à une séance de démonstrations d’œuvres de qualité avec des particularités de chaque créateur, qui a mis en valeur non seulement son savoir-faire, mais également la richesse vestimentaire de son pays.

Des colliers sculpturaux, en perles de cuir et d’œufs d’autruches, du verre, des plumes minutieusement travaillées pour donner au bijou africain toute sa noblesse ; des tenues en coton, en soie, en faso danfani, en cuir, etc. ; des mannequins burkinabè et français aux formes et aux allures fascinantes qui ont su mettre en valeur la beauté des différentes collections ont donné une ambiance féérique à cette soirée brillamment animée par Alpha’O du Burkina et Ayden de la France. Les matières des tenues ont été souvent combinées, avec quelques fantaisies qui ne laissent pas indifférent le spectateur.

Les stylistes du défilé de cette édition qui ont pour noms Nkuma Création, Momo couture et Ciss St Moïse surnommé « le peintre de la mode » de Côte d’Ivoire ; Rabiatou Badirou Alli du Bénin ; Michael Kra (France-Côte d’Ivoire-Afrique du Sud), le styliste-désigner aux doigts magiques ; Tima Création du Sénégal ; Mike Sylla et Jean Doucet de France ; Koro DK Style, Zek Style du Burkina Faso ; François 1er (Burkina-France) ; Dour Couture du Mali. Chantal Compaoré, à la fin du défilé, a dit toute sa joie et sa satisfaction de la qualité des collections et le talent des créateurs.

Joie également de Matou Sana de Salma Production, animatrice de l’émission de mode « Vogue », qui vient de confirmer sa maîtrise de l’organisation des défilés nationaux et internationaux. Après donc celui du SITHO (Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou) au cours duquel des jeunes stylistes talentueux, à l’image de Asta Dao (Asta Couture), ont été révélés au public, le défilé du SIAO a permis de découvrir de nouveaux maîtres de la mode. Signalons qu’une minute de silence a été observée pour la mémoire de la styliste Katoucha, décédée le 28 février dernier. Un hommage lui a, d’ailleurs, été rendu par son jumeau cosmique de la mode, Michael Kra. Nous reviendrons de manière plus exhaustive sur cette manifestation dans l’Observateur Dimanche.

D.E.O. & C.P.O.


L’agenda du jour

Lundi 3 novembre 2008 :
9h00 : assemblée générale du Comité de coordination pour le développement et la promotion de l’artisanat en Afrique (CODEPA) à la salle de conférences de la Direction générale de la Coopération (DGCOOP) (nouvel immeuble situé à proximité d’Azalaï hôtel) ;
9h30 au SIAO : ouverture du Salon aux professionnels ;
12h30 au SIAO : ouverture du Salon au public ;
16h00 au SIAO : animations culturelles et artistiques
17h00 : clôture des travaux de l’assemblée générale du CODEPA à la salle de conférences de la Direction générale de la Coopération (DGCOOP) ;
22h00 : fermeture du Salon

L’Observateur Paalga

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