Rendez-vous de la créativité africaine, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) va rythmer le quotidien des Ouagalais et des centaines de vendeurs et d’acheteurs venus de loin pendant une dizaine de jours. Le top départ de la biennale africaine de l’artisanat a été donné en présence du Premier ministre et un nombre important d’artisans et d’acheteurs professionnels. Une cérémonie d’ouverture riche en couleurs et en sons. Plusieurs troupes d’animation se sont succédé sur le podium pour faire étalage de la richesse artistique burkinabè, africaine et brésilienne.

Le Brésil en effet l’invité d’honneur de la manifestation à l’occasion du 20e anniversaire du salon. Le pays de la samba, beaucoup plus connu en football, a apporté dans ses bagages un arsenal culturel. Le public a pu le constater avec la troupe d’animation qui l’a tenu en haleine une dizaine de minutes durant. L’invitation de ce pays américain répond à un objectif d’ouverture de plus en plus grandissante du salon vers les autres continents. Ce choix, selon le ministre burkinabè du commerce, de la promotion de l’entreprise et de l’artisanat, Mamadou Sanou, « s’explique par le fait que le Brésil, pays émergent, et d’une très grande vivacité culturelle, abrite la plus grande diaspora noire dans le monde ». Ce qui est sûr, le public pourra découvrir le potentiel artisanal, artistique et culturel de ce pays grâce à cette participation multisectorielle.

Le SIAO, une aubaine

Au Burkina, l’artisanat contribue pour 30% au produit intérieur brut (PIB) et est le second pourvoyeur d’emplois. Il occupe près d’un million personnes à temps plein ou partiel. Dans ce cadre, cette fête de l’artisanat est la bienvenue dans ce contexte de mondialisation des marchés. Le SIAO est donc une aubaine. Il mérite de ce fait une attention particulière de la part des autorités, soutien dont ont toujours bénéficié les organisateurs. Mais ce soutien seul serait vain. Les artisans se doivent d’être plus performants afin de pénétrer le marché international. Comme l’a mentionné le premier ministre Tertius Zongo, « l’artisanat est un atout pour le Burkina et l’Afrique en ce 21e siècle qui est un siècle de compétition ». Quant à la marraine des éditions du SIAO, elle interpelle les professionnels sur la conjoncture économique internationale morose et l’exigence du marché mondial. Puis elle exhorte les artisans à rechercher la perfection sans trahir l’authenticité ; à s’adapter aux goûts des consommateurs sans perdre leur sensibilité ; à s’équiper davantage sans perdre leur originalité ; à apprendre les uns des autres afin de conquérir de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités.

Pour inciter les artisans au travail, à croire en eux et à persévérer, « le SIAO n°11 » s’est choisi pour parrain le sculpteur internationalement connu et reconnu, Monsieur Ousmane Sow. Après un tour rapide des différents stands d’exposition en compagnie du Premier ministre et de toutes les autorités présentes à cette cérémonie d’ouverture, il estime que les artistes africains ont fait des progrès énormes. « La distance entre l’art et l’artisanat est maintenant très réduit », confesse-t-il.

Le SIAO victime de son succès

Pour la présente édition, on note la présence d’au moins 26 pays africains. Ce qui fait dire au commissaire général du Salon, Jean-Claude Bouda que « l’Afrique s’est appropriée le SIAO ». Heureusement l’Afrique n’est pas le seul continent représenté à cette biennale. Tous les quatre autres continents ont également répondu présent. On note même une participation de plus de 200 acheteurs professionnels venus des autres continents. On compte aussi environ 3000 exposants, un chiffre record en comparaison avec les autres éditions. Avec cette affluence, tous n’ont pas été satisfaits. Ce qui amène le commissaire général du salonà dire que « la manifestation est aujourd’hui victime de son succès ». Le salon a atteint maintenant sa phase de maturité et cela contraint le Burkina à ne pas faire de marche arrière. Il faut même songer à son extension, à entendre son premier responsable. « Nous devons avoir l’audace et accompagner cette manifestation », dixit le chef du gouvernement burkinabè. Le thème de la présente édition, « artisanat africain et circuits de distribution », est de ce fait interpellateur car les artisans doivent vivre de leur art.

Le SIAO 2008 a bel et bien démarré. Tout se passe bien selon les organisateurs. Mais le public attend de voir pour croire. La chute d’une des tentes sur une partie du public a créé des sueurs froides dans la foule hier matin. Heureusement, il n’y a pas eu de blessé, du moins nous n’avons pas vu de blessé grave bien que l’action se soit passée sous nos yeux.

Le SIAO bat donc son plein. En plus de l’exposition, il est prévu des séminaires ateliers sur l’artisanat. Une étape a été franchie, les artisans ont fait preuve de créativité mais ce n’est pas le moment de dormir sur les lauriers, prévient Tertius Zongo.

Moussa DIALLO
Lefaso.net