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République Démocratique du Congo : Goma ou le désastre par forfait

Publié le vendredi 31 octobre 2008 à 02h52min

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« C’est fini », a déclaré mercredi un élément de l’armée congolaise, contrainte de fuir Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, à la frontière avec le Rwanda. Inutile de préciser que la place, désertée d’abord par ses habitants et ensuite par ses défenseurs, a aussitôt été investie par les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple, le CNDP de Laurent NKunda.

Ces derniers jours, face à l’avancée des troupes du général Nkunda, le Nord-Kivu a vu un flot incessant de réfugiés converger vers sa capitale, avant de fuir la ville, suivis de près par les hommes des forces régulières.

Un repli qui n’a rien de tactique, puisque les forces loyalistes ont abandonné leurs positions, préférant laisser aux seuls soldats de la mission des Nations unies, le soin de contenir l’offensive rebelle. Résultat des courses, ou plutôt du sauve-qui-peut, « la Monuc va rester en protection de la population », a assuré à l’AFP, le colonel Samba Tall, chef des opérations de la Mission.

Il faut dire que l’ex-Zaïre, avec ses 2 345 000 km2, est grand comme huit fois et demi le Burkina Faso. Victime de son gigantisme, le pays de Joseph Kabila se retrouve une fois de plus aux prises avec les vieux démons que l’on croyait enterrés depuis belle lurette. Depuis quelques années, en effet, l’Est du pays subit l’antagonisme permanent entre l’armée congolaise et les rebelles du CNDP.

Rappelons que le général Nkunda, tutsi congolais, accuse Kinshasa de soutenir les miliciens hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda ; à l’opposée, les Congolais soupçonnent le voisin rwandais de soutenir les rebelles. Une résurgence du génocide rwandais de 1994, qui, en son temps, avait contribué à allumer le brasier dans le Zaïre de Mobutu.

Mal équipés, sous-payés et plus ou moins entraînés, les soldats de l’armée régulière congolaise ont montré ce mercredi, l’étendue de leurs lacunes, et la faiblesse de leur engagement patriotique. Basés à des milles et des milles de Kinshasa, dans une zone instable depuis maintenant des années, ces bidasses n’étaient plus enclins à risquer leurs vies pour les quelque 500 000 habitants de Goma, encore moins pour un pouvoir central qui, à la longue, leur était devenu aussi étranger que celui du voisin rwandais.

Sans doute, devenus trop pragmatiques pour être honnêtes, ils auront pesé le pour et le contre, choisissant de ne pas faire leur devoir en livrant bataille. « La garde meurt et ne se rend pas », a dit jadis le général Cambronne à Waterloo. Un valeureux soldat qui, au regard du désastre de Goma, aurait toutes les raisons de se retourner dans sa tombe.

Oui, c’est bel et bien fini entre Kinshasa et son armée au Nord-Kivu. Et voilà que le Congo qui, il y a deux semaines encore, postulait pour l’organisation du prochain sommet de la Francophonie, se voit désormais contraint de compter sur un soutien conséquent de la communauté internationale via l’ONU et l’Union européenne pour le tirer d’affaire.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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