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7e sommet Europe/Asie : Mao a dû se retourner dans sa tombe

Publié le jeudi 30 octobre 2008 à 02h46min

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Des systèmes s’effondrent. Des certitudes vacillent. Des modèles de pensée appelés à gouverner l’humanité tout entière se dissolvent. La crise financière est là. Après des siècles de triomphe, voilà que le libéralisme économique est confronté à l’un de ses pires cauchemars.

Après son âge d’or, la théorie économique d’Adam Smith vit son âge critique avec le déclenchement de la récente crise financière, née le 15 septembre 2008 aux Etats-Unis.

Et depuis, les enragés de la cause « du marché-décide-tout » rivalisent de remèdes pour sauver ce qui peut encore l’être du naufrage à venir. Au point de renier les valeurs sacro-saintes de l’ultralibéralisme : antiétatisme, libre jeu de la concurrence, liberté du marché et tutti quanti.

Tenez ! Aux Etats-Unis, le Sénat, après quelques jours de tergiversations, a finalement voté en faveur du plan Paulson, qui prévoit l’injection de 700 milliards de dollars des caisses de l’Etat pour sauver des banques privées de la banqueroute. Le gouvernement britannique, de son côté, a annoncé la nationalisation partielle des plus grands établissements financiers du pays.

Dans son ensemble, l’Europe a décidé de faire appel, à hauteur de 1700 milliards d’euros, aux fonds publics pour circonscrire les effets de la crise. Et Nicolas Sarkozy, le président français, de prononcer la mise à mort du tout marché.

Dans son discours mémorable prononcé le jeudi 25 septembre 2008 à Toulon, le locataire de l’Elysée, Hérault gaulois du libéralisme, est allé à confesse : « L’idée selon laquelle les marchés ont toujours raison s’est avérée être une idée folle », a reconnu Sarkozy, qui a appelé, dans la foulée, à la recherche d’un équilibre entre la liberté et la règle.

Que de reniements. Et ce n’est pas fini. Les 24 et 25 octobre derniers, les dirigeants européens ont choisi la Chine, pays "socialiste", pour y réfléchir sur « la refondation du capitalisme ». Autant dire que le sommet Europe/Asie a été, pour ces derniers, une séance de confession publique et collective.

C’est comme si les grands de ce monde, qui présentent au reste de la planète leur modèle libéral comme une panacée, sont allés… plutôt à Canossa. Comme le fit jadis l’empereur germanique Henry IV, obligé qu’il était de se rendre dans ce village italien pour faire amende honorable devant le pape Grégoire VII.

On rétorquera que l’Empire du milieu s’est lui aussi ouvert, depuis quelques années, à l’économie de marché. Il n’empêche, en Chine, la régulation est la règle et la liberté, l’exception. L’Etat prime le privé. En un mot comme en mille, le Yangtsé coule dans le sens contraire des pentes du libéralisme.

Et le Premier ministre chinois, When Jibao, n’est pas passé par quatre chemins pour le rappeler à ses hôtes : « Nous avons besoin d’innovations financières pour mieux servir l’économie, mais nous avons plus besoin d’une plus grande régulation financière pour assurer la stabilité financière ». Un pied de nez mandarin fait aux Européens.

Avec ce sommet Europe/Asie sur la refondation du capitalisme, c’est tout simplement Mao Tsé-Toung, fondateur du parti communisme chinois, qui a dû se retourner dans sa tombe.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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