LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Mini-sommet de la CEDEAO à Accra : les 4 vérités entre 4 murs

Publié le jeudi 13 novembre 2003 à 10h37min

PARTAGER :                          
Mini-sommet de la CEDEAO à Accra : les 4 vérités entre 4 murs

Un mini-sommet de la CEDEAO sur "la revue de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest", s’est tenu à Accra le 11/11/2003.

Sept chefs d’Etat dont le président ghanéen, ont pris part à cette "grand-messe" de la paix , dont le point d’orgue aura été la crise ivoiro-ivoirienne. Des questions sécuritaires intéressant d’autres pays , quoiqu’ayant été escamotées ont également pesé sur les travaux.

Dans la situation sécuritaire délétère où elle vit, la sous-région ouest-africaine ne pouvait organiser un sommet sur la paix sans qu’il y ait des "clashs" , des mots durs, des "tiraillements" (voire plus) entre nos honorables chefs d’Etat. Le mini-sommet d’Accra qui a réussi les présidents du Niger, du Nigeria, du Togo, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso du Ghana, ainsi que le Premier ministre ivoirien et le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (Albert Tevoedjéré) n’y a pas "coupé", au regard de la "qualité" des personnes invitées et des questions en débat.

Sur le premier point, il serait superfétatoire d’affirmer qu’entre certains de nos chefs d’Etat, ça ne va pas.

Des malentendus nés depuis le déclenchement de la crise ivoiro-ivoirienne et qui se sont exacerbées ces derniers temps, avec la découverte d’une tentative de déstabilisation du pouvoir burkinabè.

La vérité les yeux dans les yeux

On comprend dès lors que la rencontre se soit déroulée à huis-clos, et qu’aucune déclaration n’ait sanctionné les travaux , au grand dam des plumitifs, contraints de faire le pied de grue dans les couloirs du "Accra Royal Beach hôtel".

Néanmoins, pour ce qui a filtré de ce huis-clos on retiendra que les attentes du Burkina Faso (lire encadré) ont été escamotées, mais aussi que la crise ivoirienne qui était au menu, n’a pas connu d’avancée significative dans sa résolution . Le président ivoirien s’est en effet contenté de dire qu’il accorderait plus de pouvoir à son Premier-ministre ainsi que le prévoit les Accords de Marcoussis.

Sur les autres questions telle que celle relative à la gestion de la sécurité intérieure du pays, on retiendra que c’est le statu quo ante qui prévaut.

Alors qu’avant le sommet , les Forces nouvelles par la voix de Dacoury-Tabley affirmaient que le "principe de sécurité" doit être "revu" (dans l’esprit d’Accra II qui prévoyait une gestion collective) Gbagbo n’a rien lâché sur la question. Du reste, c’est le même Gbagbo qui s’était opposé à la réunion préparatoire du sommet qui devait regrouper l’ensemble des factions ivoiriennes à Accra le 10/11/2003.

Motif invoqué, "les affaires inter-ivoiriennes doivent être réglées en Côte d’Ivoire". C’est dire que les suspicions inter-ivoiriennes ne sont pas totalement dissipées. Pour autant en s’engageant devant ses pairs à "accorder " plus de pouvoir à son Premier ministre, on espère que ce dernier aura la latitude de mettre en branle la feuille de route" ivoirienne pour la paix, à savoir les Accords de Marcoussis. La "décrispation" passe par la prise en compte de certaines "instances", comme le code de la nationalité, le code foncier, le code électoral, "l’assainissement" de l’espace médiatique, les droits de l’Homme, le développement économique du pays...

L’impasse actuelle , avec la sortie des rebelles du gouvernement tient à la non résolution de ces questions .

Dès lors, leur demande de revenir au gouvernement sans leur donner des garanties sur celles-ci, revient presque à leur forcer la main pour les envoyer à "l’abattoir". C’est dire que le huis-clos pour la paix n’a pas atteint tous ses objectifs.

C’est en somme, l’histoire de la bouteille à moitié pleine (pour les optimistes) et à moitié vide (pour les pessimistes) qu’on nous a "joué" à Accra. Seule satisfaction, la rencontre a permis aux uns et aux autres de se dire les "quatre vérités" entre quatre murs. Une maigre consolation.

Boubakar SY
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique