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SOMMET DE 2010 DE LA FRANCOPHONIE:La tranquillité de Madagascar a eu raison RDC

Publié le dimanche 19 octobre 2008 à 23h46min

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Tout est allé si vite à ce 12e sommet de la Francophonie. A l’image de cette participation-éclair de Nicolas Sarkozy, courant pour réparer les dégâts du système capitaliste, la grand-messe des francophones, à Québec, fut "speed" (excusez de l’anglicisme). Tout l’agenda a été bousculé et les bons vieux thèmes ont été, sinon oubliés, du moins traités seulement par les experts. Le désir québécois d’une réflexion sur le renouveau de la langue française n’a pas non plus été satisfait. Ce débat de fond, sur les moyens de replacer la langue française au coeur des affaires du monde, n’a pas eu lieu.

Les chefs d’Etat, du Nord comme du Sud, avaient tous une seule préoccupation en tête : que faire face à la crise des marchés ? Nicolas Sarkozy, en dépit des critiques sur la brièveté de son séjour au sein de ses pairs francophones, demeure cependant le grand gagnant du sommet.

Il a même damé le pion au pays hôte, en réussissant à faire adopter son idée de sommets internationaux sur la situation de l’économie mondiale. Et, cerise sur le gâteau, George W. Bush, au départ sceptique sur la démarche, l’a finalement acceptée.. Mais si les grandes puissances sont au front pour endiguer le mal , on ignore comment les pays du Sud éviteront le contrecoup de la crise sur leurs économies réelles. Donc beaucoup de bruit, mais pour quels résultats ? Les prochains jours nous le diront peut-être. Une chose est sûre, la course à l’organisation du sommet de la Francophonie reste la plus prisée. Elle semble même prendre le pas sur les travaux proprement dits, avec les campagnes menées par les pays candidats. A Québec, deux pays africains, mais aux réalités culturelles et politiques très différentes, étaient en compétition pour abriter le prochain sommet.

La République démocratique du Congo, en pleine crise politico-militaire, est le plus grand pays francophone. Madagascar, vit à fond son insularité tout en s’ouvrant au monde qui l’entoure. Curieusement , tous les deux pays ont à leur tête des présidents qui, à leur prise de fonction, étaient plus à l’aise en anglais qu’en français. Une bizarrerie aujourd’hui corrigée, puisque tous deux ont fait l’effort d’améliorer leur français. L’embarras du sommet, pour trancher entre les deux postulants, est d’autant grand qu’ils sont très différents et méritent chacun la reconnaissance des Francophones. Mais il faudra choisir et ce fut Madagascar qui emporta les suffrages. En dépit de la déclaration pleine de bon sens de Denis Sassou Nguesso. Celui-ci disait en effet que ce serait une marque de solidarité à l’égard de la RDC si Kinshasa était retenue.

Un sommet, en 2010, serait en effet une victoire politique importante pour le président Joseph Kabila, dont le pouvoir est ébranlé par la rébellion de Laurent Nkunda. Mais surtout, il affirmerait ainsi le soutien net de la famille francophone à la RDC, face à un Rwanda conquérant, et surtout en rupture de ban avec la langue française. Mais cette option risquait bien sûr de déplaire au Rwanda et de précipiter son départ de la sphère francophone. Et pourtant le mal est déjà fait, avec le souhait du pays de Paul Kagamé, d’adhérer au Commonwealth. Le choix de la RDC aurait eu un sens hautement politique. Il aurait été un signal fort à l’intention des pays membres, qu’ils auront toujours l’organisation à leur côté, surtout en des périodes difficiles. A ce titre, la RDC méritait bien que le monde francophone lui rendît visite en 2010, en espérant que d’ici là, les démons de l’instabilité auront été exorcisés.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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