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Palais royal de Kokologho : Un site touristique vivant, 66 ans après

Publié le dimanche 19 octobre 2008 à 23h34min

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Au cœur du village de Kokologho, situé à 45 km de Ouagadougou, trône un authentique site touristique : le palais royal ou Na-yiri de Kokologho. 66 ans après sa construction, le Na-yiri de Kokologho reste un des rares palais qui a su garder son originalité et sa richesse culturelle.

Une vue du palais de Kokologho.

Dernière son apparente simplicité, faite de murs de terre et de toitures en paille, l’architecture du Na-yiri de Kokologho, porte une histoire particulièrement riche du patrimoine culturel du Burkina Faso. Construit en 1942 par le Naaba Boulga, le Na-yiri de Kokologho est de nos jours, un des cas rares de site vivant car, à en croire le locataire actuel des lieux, Naaba Kaongo, la plupart des palais construits à cette époque sont à l’état de ruines. Aussi le Na-yiri de Kokologho garde-t-il aujourd’hui encore son authenticité de fonction et d’usage. "Au décès de mon père, Naaba Boulga en 1995, il a souhaité que son palais ne soit pas laissé en ruines.

C’est pourquoi, je m’y suis installé quand j’ai accédé à la chefferie en 1996", a expliqué Naaba Kaongo, héritier du trône du Naaba Boulga. L’édifice réalisé dans un style soudano-sahélien est constitué d’une part d’un bâtiment central avec cours et dépendances, le tout entouré d’un haut mur de clôture à merlon et d’autre part, d’un ensemble de petites cases et courettes appelé cour coutumière. L’ensemble du palais est fait de manière traditionnelle. Il est construit de briques en terre protégées à l’origine par un enduit fait d’un mélange d’argile et de bouse de vache. Mais dans un souci de rendre beaucoup plus résistant la maison selon Naaba Kaongo, cette couche a été renforcée par du bitume. Le toit du palais est également objet de curiosité. Il est en terre, soutenu par du bois de teck et de gros troncs de caïlcédrat, qui servent de poutres. Les seules traces de modernité visibles dans le palais sont les lampes électriques accrochées aux murs et alimentées par des plaques solaires.

Un palais selon les règles cosmogonique moaga

Si les formes et matériaux des Na-yiri varient en fonction des volontés et possibilité des chefs, des constantes demeurent toutefois. Au palais royal de Kokologho, les règles cosmogoniques moaga sont respectées. C’est ainsi que la porte des hommes se situe à l’Ouest ; celle des femmes à l’Est et le "Samandé" à l’Ouest. La concession est entièrement clôturée et les murs Est sont aveugles. "De ce fait, pénétrer dans le Na-Yiri, c’est pénétrer dans un espace chargé de sens et de culture", confie Naaba Kaongo. En effet, chaque élément a une symbolique, chaque lieu a une fonction et chaque membre de la communauté y a sa place. Les diverses composantes du Na-yiyi portent chacune son histoire, soutiennent les rituels et nourrissent les métaphores. En exemple, sous le "Zaon Kassinga", case ronde largement ouverte sur la cour officielle et situé au sud du bâtiment est le lieu où le chef reçoit et conseille ses sujets. La cour coutumière située au Nord Est de l’enceinte, est un ensemble complexe de cases rondes couvertes de chaume, ayant des courettes. Toutes les cases s’ouvrent sur les courettes sauf une, celle à double entrée, située à l’Ouest de la cour coutumière.

C’est d’ailleurs de cette case que le Naaba accompagné de ses sages apparaît à la foule le jour de la cérémonie de Ran-gnouga (fête des ancêtres royaux. C’est également par cette case que les travaux d’entretien traditionnel des toitures de chaume "Soukpilli" commencent. "Mais tout l’ensemble de la cour coutumière sont des lieux clés dans la pratique des activités traditionnelles au Na-yiri", précise le Naaba. Il y a en outre le "Samandé", une esplanade en terre battue, orienté à l’Ouest. Lors des activités coutumières comme la cérémonie du vendredi ou le "Ran-gnouga", chaque membre de la cour s’y installe, à une position définie en rapport avec la position du Naaba. A la cérémonie du vendredi matin, le Naaba apparaît toujours à ses sujets, couronné des rayons du soleil levant.

Admirez l’artisanat traditionnel de Naaba-Boulga

En plus de la magnifique et authentique architecture qu’offre le palais royal de Kokologho, les touristes peuvent également admirer le matériel usuel que Naaba Boulga et son épouse ont légué à Naaba Kaongo et à son épouse. Il est en effet exposé au palais, les boubous du chef, ses armes, les pagnes de la reine, ses bijoux et autres outils usuels. Tout ce matériel est issu de l’artisanat traditionnel moaga : la poterie, la forge, le filage, le tissage, la sculpture sur bois, la vannerie... "C’est la preuve que l’artisanat burkinabè est riche et diversifié", a soutenu Naaba Kaongo. Aussi à certaines occasions, le chef et son épouse n’hésitent pas à se mettre dans les habits de roi et de reine, histoire de perpétuer la tradition. Voilà qui permet à la jeune génération de Kokologho de connaître l’histoire de la chefferie de son village.

Pauline YAMEOGO

Sidwaya

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