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Corruption dans le monde en 2008 : Le Burkina Faso sort la tête de l’eau, mais…

Publié le mercredi 8 octobre 2008 à 01h42min

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Comme les années précédentes, le très attendu rapport de l’ONG indépendante Transparency international (TI) de l’année 2008 est tombé le 23 septembre. Le Danemark, la Suède et la Nouvelle-Zélande (1er ex æquo) se hissent à la tête des pays à corruption quasi nulle avec un indice de 9.3 sur 10 tandis que l’Irak et Myammar (178e ex aequo) et la Somalie (180e sur 180) tiennent la queue du classement.

Le Burkina Faso réalise son meilleur score depuis 2005, année de son intégration dans le classement de TI ; avec un indice de 3.5 sur 10, il occupe le 80e rang du classement. Ce score, qui permet à notre pays de sortir de la tranche des pays à corruption systémique, est un message fort pour les autorités politiques et administratives, les acteurs et activistes de la lutte anticorruption et tous les citoyens de notre pays : la corruption n’est pas une fatalité, elle peut être vaincue si chaque acteur (gouvernement, secteur privé, société civile) joue sa partition.

Comme le REN-LAC a l’habitude de le dire, l’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International (TI), qui classe les pays en fonction de la perception du degré de corruption affectant les administrations publiques et la classe politique, n’est pas une invention de TI ou des organisations de la société civile anticorruption pour discréditer ou nuire à des gouvernants.

C’est un indice composite, constitué de résultats d’enquêtes d’experts, d’institutions indépendantes mondialement reconnues. L’IPC prend en compte les points de vue du monde entier dont ceux des experts, des hommes et femmes d’affaires résidant dans le pays évalué. Ainsi, plus les experts et le milieu des affaires jugeront l’application des règles du jeu transparente, juste et équitable, mieux le pays sera classé et inversement. En 2008, l’indice de perception de la corruption de TI s’est fondé sur 13 enquêtes différentes réalisées par 11 institutions indépendantes.

Ouf ! Le Burkina sort la tête de l’eau

Lorsque le Burkina Faso est passé de 3.4 sur 10 en 2005 à 3.2 en 2006 pour descendre à 2.9 en 2007, il y avait de quoi s’inquiéter et on se demandait effectivement si cette descente aux enfers du Pays des hommes intègres dans les dédales de la corruption ne risquait pas de devenir irréversible. La publication de l’indice de 2008 vient mettre du baume au cœur des Burkinabè, puisque ce pays sort non seulement de la tranche des pays à corruption endémique, mais, en outre, bat son propre record en s’adjugeant la note de 3.5 sur 10, ce qui le place au 80e rang mondial. Certes, il y a de quoi s’en réjouir ; mais gardons-nous de pavoiser, car le danger n’est pas pour autant écarté.

La méthodologie utilisée par TI repose sur un intervalle de confiance de 90%, ce qui suppose une marge d’erreur de 10%. Avec cette marge, il y a 5% de probabilité que la note réelle soit inférieure à l’IPC estimé et 5% de probabilité pour qu’elle lui soit supérieure. La précision des estimations des intervalles de confiance augmente avec le nombre de sources utilisées.

Dans le cas du Burkina, 7 sources ont été utilisées (6e colonne). L’examen de l’intervalle de confiance de l’IPC (5e colonne) du Burkina Faso montre que s’il y avait une erreur de surévaluation de l’indice de 5%, le Burkina aurait eu un indice égal à 2.9 et se serait classé autour de 109e. Par contre une erreur de sous-évaluation de 5% aurait porté cet indice à 4.2 et le pays se classerait autour du 66e rang mondial.

La corruption n’est pas invincible, mais il faut davantage de volonté politique

Si le Burkina Faso est passé de l’indice 2.9 en 2007 à 3.5 en 2008, cela signifie que ce pays (tout comme les autres) peut gagner le pari de la lutte contre ce fléau. Pour ce faire, il faut une volonté politique affichée, accompagnée d’actions vigoureuses et concrètes contre la corruption.

Quoique insuffisantes, les sanctions judiciaires et administratives infligées aux fraudeurs des examens et concours au cours de l’année 2007, la révision des textes et la réorganisation des marchés publics intervenue en 2008, l’amélioration du climat des affaires, mais aussi des actions de sensibilisation et de dénonciation menées par la presse et les organisations de lutte anticorruption ont dû certainement peser dans cette appréciation positive des experts et du milieu des affaires. Ce score, quelque peu flatteur, ne doit pas nous faire dormir sur nos lauriers.

Bien au contraire, il faut redoubler d’ardeur dans la lutte contre la corruption, principalement contre la grande corruption. Il faut renforcer l’Etat de droit et promouvoir la confiance du public, des bailleurs de fonds et des investisseurs. Il faut que notre système judiciaire joue pleinement son rôle afin de garantir la transparence et l’intégrité. Comme le REN-LAC ne cesse de le répéter, il est de la responsabilité du Président du Faso de donner le signal fort que les Burkinabè attendent de lui en matière de lutte contre la corruption. Il l’a si bien fait dans la lutte contre le SIDA. Pourquoi ne le ferait-il pas dans celle contre la corruption ?

Un tel engagement en vaut la peine, car comme l’a si bien dit Huguette Labelle, Présidente de Transparency International, « Dans les pays les plus pauvres, la corruption peut être une question de vie ou de mort, lorsque, par exemple, elle touche aux ressources destinées aux hôpitaux ou aux réseaux de distribution d’eau potable », et, « La persistance d’un niveau élevé de corruption et de pauvreté dans de nombreux pays pauvres conduit à une situation humanitaire désastreuse et ne peut être tolérée ». Faillir à cette difficile mais exaltante mission nous rendrait responsables devant l’histoire.

Le REN-LAC se propose de publier vos réactions, vos suggestions, vos dénonciations, si cela est conforme à la déontologie et à l’éthique professionnelle. Vos critiques et suggestions sont les bienvenues. Pour toutes informations et suggestions, contactez-nous à l’adresse suivante : Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) 01 BP : 2056 Ouagadougou 01 ; Tél. : 50 -33- 04- 73 ; Fax 50-30-59-91 ; Email : renlac@renlac.org ; site : http: //www.renlac.org Tél. vert : 80-00-11-22 (gratuitement).

Le REN-LAC

L’Observateur Paalga

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