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Niger : Bouffée d’oxygène pour Moussa Kaka

Publié le mercredi 8 octobre 2008 à 02h13min

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La nouvelle est tombée hier en fin de matinée : le journaliste Moussa Kaka, directeur de la radio Saraouina, à Niamey, correspondant au Niger de Radio France internationale (RFI) et de Reporters sans frontière (RSF), vient de recouvrer la liberté après plus d’un an passé en détention préventive à la prison civile de la capitale nigérienne pour "complicité de complot contre l’autorité de l’Etat".

Rétrospective des faits : 20 septembre 2007, Moussa Kaka, accusé d’intelligence avec les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), cette organisation qui trouble le sommeil du Président Mamadou Tandja, est arrêté puis incarcéré sur la base d’écoutes téléphoniques. Le journaliste récuse les faits et indique que ses contacts avec le MNJ le sont pour des raisons professionnelles.

En vain. Comme de coutume lorsqu’un homme de média est jeté dans les geôles par les autorités politiques, les organisations de défense des journalistes et de la liberté de presse se sont mobilisées pour exiger du colonel Tandja la libération du correspondant de RFI.

Rien n’y fit. Le maître de Niamey, qui pousse des urticaires sur toutes les questions liées à la rébellion, laquelle écume le Nord de son pays et menace son pouvoir, reste de marbre et sourd à tous ces appels en faveur de l’élargissement du DG de Saraouina.

Il doit d’ailleurs figurer sur la liste des dirigeants qui abhorre la presse et n’hésite pas à embastiller les journalistes. Avant Moussa Kaka, Oumarou Kéita et Mamane Abou, qui avaient écrit que le gouvernement était impliqué dans des affaires de corruption, ont été poursuivis pour "diffusion de fausses nouvelles et diffamation" et ont dû passer un séjour en prison. Plus tard, Manzo Diallo, directeur de publication d’Aïr Infos, a connu, lui aussi, l’univers carcéral. Des journalistes français, Thomas Dandois et Pierre Creisson, eux, ont frôlé la peine de mort pour avoir "enfreint l’interdiction de se rendre au Nord pour un reportage".

Le 23 juillet 2008, le doyen des juges, arguant que le dossier est vide, prononce un non-lieu. Le Parquet fait appel, et Moussa Kaka retourne en tôle. L’espoir sur son sort commençait à se rétrécir comme peau de chagrin jusqu’à ce mardi 7 octobre 2008, où la Chambre d’accusation a décidé de sa liberté provisoire, en requalifiant les charges en "acte de nature à nuire à la défense nationale".

Ouf de soulagement pour lui, sa famille, ses enfants et tous les défenseurs du "prisonnier politique", comme il s’était qualifié lui-même. C’est une bouffée d’oxygène pour le journaliste nigérien pour qui connaît les conditions de détention, exécrables, dans les prisons africaines. Mais les misères du journaliste sont seulement différées. Car le dossier est renvoyé au Tribunal correctionnel, et Moussa Kaka va devoir comparaître plus tard, à moins qu’il bénéficie de la grâce présidentielle, pour répondre des "nouveaux" faits à lui reprochés, auquel cas il risque une peine moindre que celle encourue pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

Dans tous les cas, comme on l’a toujours souhaité au début, si notre confrère est coupable, qu’il ait un procès équitable pour prouver sa culpabilité. Cela dit, on peut se féliciter de la décision de la Justice, qui a eu la lucidité de libérer, même provisoirement pour l’instant, l’homme de média nigérien, sur qui pèsent des charges dont les preuves légales n’ont jamais été apportées jusque-là.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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