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LOTISSEMENTS AU BURKINA : Plus d’opérations sans aménagements préalables

Publié le mercredi 8 octobre 2008 à 01h50min

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Le ministre Vincent T. Dabilgou

En marge de la commémoration nationale, le 6 octobre 2008, de la Journée mondiale de l’habitat, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Vincent T. Dabilgou, et ses proches collaborateurs ont animé une conférence de presse à Azalaï Hôtel Indépendance de Ouagadougou. Le thème de cette Journée mondiale de l’habitat ("Villes harmonieuses") a constitué le plat de résistance des échanges avec les journalistes. Mais les échanges avec les hommes de presse dans l’après-midi du 6 octobre ont également porté sur la politique nationale en matière d’urbanisme et de promotion de l’habitat.

Face aux hommes et aux femmes de média, le ministre Vincent T. Dabilgou, qui avait à ses côtés la représentante résident de l’ONU/Habitat au Burkina, le secrétaire général et le directeur des Etudes et de la Planification du ministère de l’Habitat, a d’abord rappelé que la commémoration, chaque premier lundi d’octobre, de la Journée mondiale de l’habitat marque un moment de réflexion sur les enjeux de l’évolution des établissements humains.

Et le thème "Villes harmonieuses" retenu pour cette 23e commémoration revêt, selon le ministre, une importance capitale pour notre pays qui se trouve à un tournant décisif de la prise en charge conséquente de son processus d’urbanisation. Et cela s’est matérialisé, entre autres mesures, par la mise en place d’une réglementation cohérente à travers le Code de l’urbanisme et de la construction, l’adoption d’une politique nationale de l’habitat et du développement urbain, et la mise en oeuvre du programme "10 000 logements sociaux" qui vise à accroître l’offre de logements décents.

Ainsi, il importe que toutes ces orientations, de même que celles à venir, soient en phase, en harmonie avec les préoccupations fondamentales de la communauté internationale, a déclaré le ministre de l’Habitat, qui estime alors que le thème de la célébration de la journée de l’habitat 2008 se présente comme une invite pour son département à "revisiter ses actions et ses pratiques à la lumière des enjeux liés à la nécessité de construire des villes harmonieuses dans notre pays, et consolider nos choix de projets et programmes à exécuter". Conformément à la lettre du Code général des collectivités locales, le Burkina compte 49 villes réparties entre les catégories de villes métropoles, les villes moyennes et les petites villes.

Toutes ces villes ont en commun un certain nombre de difficultés dont les plus notoires sont la forte croissance démographique, un étalement urbain impressionnant consécutif à des opérations d’aménagement non planifiées, un tissu d’habitats spontanés, une faible économie urbaine, etc. La politique nationale de l’habitat et du développement urbain qui entend corriger ces erreurs se fonde, a dit Vincent T. Dabilgou, sur le développement de la planification urbaine, la valorisation des espaces urbains, la réhabilitation des quartiers urbains anciens, la promotion du logement décent pour tous, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel national, etc. Et la mise en oeuvre du projet ZACA, du programme "10 000 logements économiques et sociaux", et la révision du schéma directeur de l’aménagement du Grand Ouaga, participe, selon le ministre, de la volonté du gouvernement d’agir pour un processus d’urbanisation réussi.

L’urbanisation, selon le ministre Dabilgou, est un phénomène que chaque région culturelle doit maîtriser. Mais au Burkina, regrette-t-il, "on a malheureusement copié le modèle européen". Il convient désormais de conserver les techniques de construction traditionnelle et les adapter aux techniques modernes. Il nous faut, de l’avis du ministre, préserver notre culture, allier nos capacités à construire à nos capacités à innover. La représentante résidente de ONU/Habitat, a aussi indiqué qu’il y a au Burkina des habitations traditionnelles parfaitement adaptées au climat local, et dont il serait judicieux d’harmoniser les modèles avec les architectures modernes.

Lors des échanges avec les journalistes, Vincent Dabilgou a été invité à clarifier des propos qu’il avait tenus, il y a quelques mois, dans une interview parue dans la presse, et au cours de laquelle il avait indiqué que si l’on devait accorder une parcelle à chaque Burkinabè, on serait amené à parcelliser les champs de maïs, de riz, etc.

Le directeur des Etudes et de la Planification du ministère, qui est intervenu sur la question, a soutenu qu’il n’est effectivement pas possible d’octroyer une parcelle à chacun des Burkinabè mais, précise-t-il, on peut, par contre, travailler à trouver un logement décent à chaque Burkinabè. "Il ne faut donc pas confondre parcelle et logement", a conclu le ministre de l’Habitat. Comment l’urbanisation peut-elle contribuer à la lutte contre la pauvreté ? Pour le ministre, vivre très nombreux en ville est un catalyseur pour le développement en ce sens que cela offre davantage de chance d’accès à certains services tels que l’école, les soins de santé, la sécurité, etc. Pourquoi la stratégie des HLM a-t-elle fait long feu au Burkina ? Pour le ministre en charge de l’Urbanisme, cela est simplement dû à une question de réalités culturelles des Burkinabè.

L’expérience, dit-il, aurait montré que des gens ont tenu à faire la cuisine dans les maisons à étage, à y piler des condiments, voire à y conduire leur mouton de Tabasky pour ne pas se le faire voler. La question des lotissements, celle des quartiers urbains non aménagés ou en manque de services sociaux, ont également animé les débats. Pour le ministre, tout cela devrait prendre fin avec le Code de l’urbanisme qui interdit désormais tout lotissement en ville sur un terrain qui n’est pas au préalable viabilisé avec un minimum d’infrastructures (routes, caniveaux, électricité, éclairage public, etc.). Cela devrait résoudre le problème des inondations en pleine ville. L’objectif, selon le ministre, est d’offrir aux citadins un milieu de vie décent, un environnement viabilisé.

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

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