LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Guinée : Peut-on encore compter sur la tête de Conté ?

Publié le lundi 6 octobre 2008 à 01h14min

PARTAGER :                          

Lansana Conté

Décidément, on aura tout vu avec le président guinéen, Lansana Conté. Jusque-là, pour faire diversion sur sa capacité à gérer l’Etat, il s’était contenté de répondre à ses détracteurs que ce sont ses pieds et non sa tête qui est malade. Depuis, chaque événement majeur dans le pays de Sékou Touré est un casse-tête chinois pour cet homme d’Etat de 74 ans, usé par la maladie et l’âge, de montrer à son peuple qu’effectivement il dispose d’un impressionnant « ordinateur » dans la tête pour guider les Guinéens.

Mais, en dépit de tous ses efforts et de sa bonne volonté, il faut reconnaître que l’homme de Wawa, qui refuse toujours de jeter l’éponge, pose des actes qui font douter plus d’un de la quiétude de son mental. Le dernier acte en date, c’est d’avoir convié ses pairs de la sous-région aux festivités du 50e anniversaire de l’Indépendance de son pays et de briller par une absence fort remarquable.

En effet, les présidents Joao Bernardo Vieira (Guinée-Bissau), Yahya Jammeh (Gambie), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Amadou Toumani Touré (Mali), Abdoulaye Wade (Sénégal) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) ont assisté à une cérémonie et à un défilé des "forces vives" qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes sur un boulevard aménagé pour l’occasion, face au palais présidentiel. Ainsi, Conté, au pouvoir depuis 24 ans, certainement ne pouvant pas quitter son « lit d’hôpital », s’est contenté de suivre ses honorables invités de luxe à partir de son poste téléviseur.

Même si auparavant, il avait reçu les chefs d’Etat à déjeuner au palais présidentiel, il est clair que l’absence du premier des Guinéens ne peut que faire l’objet de toutes sortes de commentaires et de supputations. Incompréhensible donc pour un président qui a beaucoup, pourtant, à faire pour redorer son blason alors que son pays célébrait deux dates historiques, celle du « Non » à la puissance coloniale le 28 septembre 1958 et celle de la proclamation de l’indépendance, le 2 octobre de la même année.

C’est même à se demander combien bon nombre des dirigeants africains qui ont fait le déplacement de Conakry n’ont pas été plus motivés par le désir de rendre un vibrant hommage au premier président de la Guinée indépendante qui a prononcé la phrase célèbre : "Il n’y a pas de dignité sans liberté, donc nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage".

Lansana Conté n’aurait pas répondu aux attentes des Guinéens qui attendaient mieux qu’à un discours du genre : "Je m’engage avec l’ensemble des membres du gouvernement à favoriser le dialogue et la concertation pour trouver les solutions appropriées à nos difficultés… Nous voulons le développement économique et social de notre pays dans un environnement de liberté et de paix. Nous voulons le bonheur de chaque Guinéenne et Guinéen", en réponse aux manifestations régulières violemment réprimées par son régime. Le dictateur grabataire doit suivre l’exemple de la première dame, Henriette Conté, qui a, lors des festivités, déposé une gerbe pour "tous les martyrs" de la Guinée. Cela permettra au peuple dont il dit vouloir le bonheur de ne plus souffrir le martyre…

L’observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique