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RADIATION DE MILITAIRES IVOIRIENS : La fermeté pour l’exemple

Publié le jeudi 2 octobre 2008 à 02h33min

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Les hommes de tenue de Côte d’Ivoire qui, depuis un certain temps, n’hésitent pas à manifester bruyamment pour un oui ou pour un non doivent se le tenir pour dit : la loi leur sera appliquée dans toute sa rigueur.

C’est le message qu’a voulu sans doute donner la hiérarchie de l’armée qui a frappé fort en radiant avec poursuites judiciaires, le 29 septembre dernier, 91 militaires qui se sont rendus coupables de manifestations bruyantes trois jours plus tôt dans les villes de Yamoussoukro et de Daoukro. Tirs en l’air, barrages sur la voie publique, dégradation de matériels, etc. ont été, on se rappelle, les actes posés par ces militaires réclamant le paiement immédiat d’arriérés de primes de guerre. Inadmissible a donc estimé la hiérarchie militaire qui a tapé du poing sur la table pour que l’on n’oublie pas que la discipline est et demeure la force principale des armées. Il s’agit aussi de mettre fin à cette habitude des hommes en tenue de faire le coup de feu pour poser leurs problèmes, financiers pour la plupart du temps.

Au mépris de la discipline et des voies de recours internes, ces défenseurs de l’intégrité territoriale et aussi de la paix intérieure n’hésitent pas à perturber la quiétude des populations, qu’ils sont pourtant censés protéger, pour poser publiquement leurs revendications souvent bassement matérielles. Cette fâcheuse habitude a pris du galon avec la propension de l’Etat africain, à ne satisfaire les revendications de primes que quand ça chauffe accréditant du même coup la thèse selon laquelle en Afrique, les autorités n’entendent que le langage de la violence. Il faut que l’Etat africain s’enracine dans la culture de la négociation, fasse l’option systématique de la palabre pour la résolution des conflit sociaux.

Car la voie du bruit, de la violence et du désordre n’est en phase avec la démocratie, ni avec la justice car tous ceux qui ne disposeraient pas de moyens pour se faire entendre pourraient se sentir frustrés. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, il y avait lieu de donner un signal fort, de frapper pour donner l’exemple. D’ailleurs, depuis un certain temps, l’Etat ivoirien avait repris la main dans ce sens car, on se rappelle que le 11 septembre dernier, le ministère de l’Intérieur a suspendu pour dix mois de travail et de solde 322 policiers pour « faits de grève non justifiés » les 12 et 13 février 2008. Cette sévérité, quoique relative, semble n’avoir pas servi de leçon aux manifestants en treillis des 26 et 27 septembre derniers. Mais désormais, ceux qui pourraient projeter une manifestation similaire se raviseront. Toutefois, la hiérarchie militaire devrait veiller à ce que l’on arrive à des situations où la manifestation publique préjudiciable à l’ordre public se présente comme le dernier recours. Il faut qu’elle évite les formes démagogiques et fausses et s’installe dans la culture du respect de la parole donnée.

Par Séni DABO

Le Pays

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