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Présidentielle ivoirienne : Une gestation éléphantesque

Publié le mercredi 1er octobre 2008 à 11h48min

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Au fur et à mesure que la date butoir du 30 novembre 2008 approche, le camp présidentiel ivoirien donne de plus en plus de la voix, concordante au moins sur un point : celui du plus que probable report de ce scrutin majeur, censé sortir la Côte d’Ivoire définitivement de la crise.

Ainsi, il y a quelques jours de cela, Pascal Affi N’Guessan, le patron du Front populaire ivoirien (FPI), le parti au pouvoir, qui a ouvertement soutenu que la fin novembre sera vraisemblement repoussée, car techniquement, tout n’est pas au point pour organiser une présidentielle clean et acceptable par tout le monde.

Venant du patron de la formation présidentielle, c’est une position claire que dans ce camp, on se prépare dans l’optique d’un changement de date devenu inéluctable.

Auparavant, c’est la première dame de Côte d’Ivoire qui avait martelé avec le franc-parler qu’on lui connaît que l’Accord de Ouaga était inapplicable, en certains de ses aspects, car "trop onéreux". L’épouse du chef de l’Etat se proposait ni plus ni moins de rétorquer cet accord signé à Ouagadougou, le "revisiter", avant d’inviter les Ivoiriens à élire leur futur président.

"Confidences sous oreiller ou simple coup de sang ? Nous interrogions-nous dans notre Grille de lecture du 15 septembre 2008, pour conclure que cette sortie ressemble à la voix autorisée de son époux de président.

Quant au maître d’Abidjan, lui-même subodorant depuis longtemps que le 30 novembre est "intenable", il avait suggéré la date du 15 décembre. Mieux, le premier responsable de la CEI, l’organe chargé de superviser cette élection, est circonspect, pour peu, et malgré sa prudence verbale, qu’on l’écoute attentivement".

En effet, venu à Ouagadougou rendre compte au facilitateur Blaise Compaoré du démarrage de l’opération "Identification" des Ivoiriens, Robert Mambé Beugré a lâché : "La date du 30 novembre c’est nous qui l’avons proposée sur la base de critères objectifs et l’un de ces critères est l’enrôlement des électeurs...

Nous luttons pour tenir le 30 novembre, mais ce qui est important, c’est la liste électorale et la gestion des contentieux relatifs aux inscriptions électorales et s’il y a un contrat lié au 30 novembre, il est moral".

Tout est dit dans ces propos, à savoir que la fin novembre est tributaire de l’état d’avancement des différents compartements du processus. Or à l’évidence, beaucoup de choses restent à faire, sans lesquelles, on ne saurait parler de présidentielle.

Le pondéré Pascal Affi N’Guessan n’a fait qu’emboucher la même trompette, en évoquant la perspective d’un changement de jour du déroulement du 1er tour.

Du côté des Forces nouvelles également, l’heure est à un recul de la date du scrutin : "Le 30 novembre n’est pas une date gravée dans le marbre. Soit on comprime tous les délais pour tenir la date, soit on décale légèrement l’échéance par souci de perfectionnement et d’apaisement", a déclaré le chef des Forces nouvelles, Guillaume Kigbafori Soro, dans Jeune Afrique du 26 septembre au 4 octobre 2008.

D’ailleurs, pour le patron des ex-rebelles, tout comme le professait Dona Laurent Fologo, (président du Conseil économique ivoirien et proche de Gbagbo), il ne faut pas cultiver le fétichisme des dates, car celle du 30 novembre n’est pas un dogme.

Nous y voilà donc ! Chaque camp, disons tout le monde est maintenant convaincu qu’il n’y aura pas de vote présidentiel le 30 novembre 2008. En fait, il ne reste plus que l’onction du facilitateur Blaise Compaoré, ce qui ne saurait tarder, et pourrait survenir lors du prochain CPC (7 octobre 2008 à Ouaga) pour que le changement de jour soit officiel.

Alors question à un scrutin : pourquoi ce jeu de cache-cache qui, soit dit en passant, commence à fatiguer tout le monde ?

Pourquoi nier l’évidence comme le nez sur le visage ? Ni la realpolitik, ni les méfiances de la crise ne sauraient expliquer cette négation.

Seule probabilité, ce scrutin pourrait se dérouler le premier semestre de 2009. Ce qui fera que l’Accord de Ouaga, signé le 4 mars 2007, soufflera ses deux bougies.

Or, à la signature de cet accord, les protagonistes de la crise ivoirienne s’étaient donné 9 mois pour tenir la présidentielle ; 9 mois, c’est le temps que met le bébé humain pour sortir du ventre de sa mère.

Vraisemblement, l’Accord de Ouaga mettra 24 mois pour accoucher d’un scrutin présidentiel, un accouchement éléphantesque puisque le pachyderme a mis 22 mois de gestation avant que l’éléphanteau ne vienne. Pourvu que ce soit surtout un accouchement par voie basse, mais non par césarienne.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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