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30 juin : Le pouvoir aux Irakiens dans un pays sans paix ni démocratie

Publié le lundi 28 juin 2004 à 08h17min

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Si rien ne vient "perturber très gravement" le cours des évènements, les Américains et leurs alliés devraient "remettre le pouvoir" aux "Irakiens" dans quarante-huit (48) heures. Un pouvoir qu’ils ont retiré par la force des armes des mains de Saddam Hussein. Au nom de la "démocratie" qu’ils veulent imposer, les Américains ont réussi à détruire l’Irak dans son unité et dans ses valeurs.

Quel pouvoir sera remis le 30 juin ? A quels Irakiens ce pouvoir reviendra-t-il ? Et dans quelles conditions tout ce remue-ménage se passera-t-il quand on sait, les Américains dans leur grande majorité en tête que l’occupation illégale de l’Irak et au mépris de l’ONU a été rejetée par la communauté internationale dans son ensemble ?

Tout le monde sait que le gouvernement provisoire irakien mis en place aux forceps n’a aucun pouvoir. Tout le monde sait aussi que la plupart des membres de ce gouvernement n’ont été choisis que sur la base de leur allégeance à Washington et de leur opposition sinon de leur hostilité au régime déchu. Les Irakiens ne retiennent d’eux que leur passé d’opposants qui vivaient, certains dans un luxe insolent, dans les capitales occidentales, notamment à Londres et Washington où ils ont aidé à préparer l’invasion militaire de leur pays. Tout ministres qu’ils sont, ils n’osent même pas aller vers ce peuple qu’ils sont censés servir sous peine d’être publiquement rejetés sinon éliminés. Certains d’entre eux sont contraints de vivre dans des bunkers pour des raisons de sécurité.

En réalité, il n’y a pas un pouvoir aujourd’hui en Irak capable d’instaurer un Etat digne de ce nom. Les Américains ont plus que divisé l’Irak et les Irakiens en réveillant entre autres les vieilles rivalités religieuses, ethniques et politiques. Les tensions que Saddam Hussein avait, au prix du sang (il est vrai) réussi à contenir, Washington et ses alliés les ont suscitées (volontairement) ou (involontairement) sans pouvoir les éteindre à quarante-huit heures de la "remise du gouvernail" aux Irakiens.

La preuve ? Il y a eu plus de morts sous l’occupation de l’Irak que pendant la guerre qui a conduit à la chute du régime irakien. Chaque jour, ce sont des morts. Quand le président Bush déclarait la fin de la guerre, il ne se doutait pas un seul instant qu’il allait faire face à la détermination de tout un peuple même dévisé à refuser l’occupation, la colonisation, fut-elle celle de la plus grande puissance de tous les temps.

Aujourd’hui, les USA et leurs alliés ne peuvent convaincre personne qu’ils ont fait la guerre à l’Irak parce qu’il possède des armes de destruction massive et qu’il fallait remplacer un régime dictatorial par un régime démocratique. Au fil des jours, on s’est vite rendu compte qu’il s’agit d’un gros mensonge indigne d’Etats qui veulent donner des leçons de démocratie au monde. En envahissant l’Irak, les objectifs des Américains (c’est bien connu) étaient plus vastes : contrôler toute cette zone qui regorge de fabuleuses richesses pétrolières, instaurer à la tête des Etats qui la composent, des hommes à leur dévotion, et au bout du rouleau, redessiner selon leurs intérêts la carte du monde.

Les images humiliantes de prisonniers irakiens sur les écrans des télévisions du monde ont éloigné encore plus Bush et sa visioin de la démocratie et de la gestion des relations internationales du reste du monde. A quelques mois de la présidentielle, Bush et son équipe se sont rendus compte que la guerre contre l’Irak entre autres pour des raisons idéologiques, économiques et politiques a été une faute monumentale, lourde de menaces pour la réélection du chef de la Maison Blanche en novembre 2004.

Inutile, cette guerre l’a été sur beaucoup de plans. Elle n’a amené ni la paix ni la démocratie. Le pouvoir qui sera installé le 30 juin prochain ne le sera que de nom pour ne pas dire que c’est un pouvoir fantôme, sous tutelle américaine. Avec tous les risques que le "terrorisme" que les Américains prétendent combattre se renforce davantage et destabilise encore plus le monde.

Plutôt qu’un pouvoir fantôme derrière lequel se cachent les Américains et leurs alliés, les Irakiens ont besoin de dirigeants sortis de leurs rangs avec une légitimité incontestée et incontestable. Et non d’hommes parachutés de capitales occidentales. Ces hommes-là sont en Irak.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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