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Blaise Compaoré aux Nations Unies : Le Burkina pour la valorisation de la pratique de la médiation

Publié le jeudi 25 septembre 2008 à 00h46min

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Il était 15 h 05mn heure locale, soit 19 h 05 GMT, lorsque le président du Faso, Blaise Compaoré a fait son entrée dans la prestigieuse salle du Conseil de sécurité où avaient déjà pris place le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon et l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. Entouré du Ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération régionale M. Alain Bédouma Yoda et des ambassadeurs du Burkina auprès des Nations Unies et à Washington, le chef de l’Etat burkinabè a présidé en personne 1 heure et 15 mn durant, la présidence du Conseil, le Burkina assurant ce mois de septembre, la présidence de l’organe décisionnel de l’ONU.

Le clou de cette réunion de haut niveau du Conseil de sécurité est la déclaration qu’il a faite sur le thème : "Médiation et règlement des conflits". Après avoir salué la présence des délégations qui témoigne de l’intérêt qu’ils portent aux travaux du Conseil de sécurité et à l’impératif de règlement des conflits par des moyens pacifiques. Le Secrétaire général a ensuite pris la parole après le Président du Faso pour lui exprimer sa satisfaction et le féliciter pour ses multiples actions de facilitation. Pour Ban Ki-moon, il n’y a pas de mission plus noble que d’aider à résoudre des conflits de manière pacifique. Sont intervenus ensuite tour à tour, M. Lackdar Brahimi, le président de Panama, le Premier ministre de Croatie, le ministre des Affaires Etrangères de Belgique, le ministre des Affaires Etrangères d’Afrique du Sud, celui de l’Indonésie, d’Italie, de France, de Russie, de Grande Bretagne, du Vietnam…Tous ont remercié le Burkina Faso et son président pour avoir initié cet échange qui a permis de réfléchir sur ce thème important de la médiation et du règlement des conflits. Voici en intégralité la déclaration du Président du Faso.

Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Conseil ;
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
Monsieur le Secrétaire Général ;
Honorables invités ;
Mesdames, Messieurs ;

Les conflits qui secouent toutes les régions du monde interpellent les Etats dans leur ensemble, les organisations ainsi que les citoyens de notre planète en vue de leur règlement à travers des mécanismes performants.

En vous conviant à cette réunion de très haut niveau sur le thème “Médiation et règlement des conflits”, nous souhaitons mettre en relief la nécessité du recours aux voies pacifiques comme mode privilégié de résolution des différends. Aussi, voudrais-je vous adresser mes sincères remerciements pour avoir répondu à notre invitation.
Votre présence témoigne de l’intérêt que vous accordez aux travaux du Conseil de sécurité en tant qu’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et à l’impératif de règlement des conflits par des moyens pacifiques.
Je vous suis particulièrement reconnaissant pour la diligence avec laquelle vous avez accepté de venir partager vos expériences respectives.

Mesdames, Messieurs ;

Je suis convaincu qu’au terme de nos échanges se dégagera une convergence de vues sur notre quête permanente de la paix par les moyens pacifiques.
J’exhorte le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Secrétaire général de l’ONU, les Organisations régionales et sous-régionales, ainsi que la société civile à s’en inspirer dans un monde où les crises les plus infimes peuvent engendrer de véritables menaces pour la paix et la stabilité internationales.
Les nouvelles dimensions de la confrontation des idéologies et la complexité accrue des conflits actuels nous imposent le recours à des stratégies innovantes de médiation et plus ingénieuses.

Honorables invités ;
Mesdames, Messieurs ;

En relation avec le thème de notre rencontre, je souhaiterais partager avec vous quelques considérations qui m’apparaissent fondamentales.
J’ai eu la lourde responsabilité d’accompagner, par la médiation, certains pays africains en crise dans leur quête de paix et de stabilité.
Je suis conforté dans ma conviction qu’aucune médiation, si volontariste et si enthousiaste soit-elle, ne peut réussir sans la pleine adhésion des protagonistes.
En outre, le médiateur doit rester objectif, indépendant et impartial.
Il doit avoir une bonne connaissance des dimensions du conflit, notamment celles liées aux principaux acteurs de la crise, aux réalités sociologiques du pays et de la région concernés.
C’est en cela que le rôle des organisations régionales et sous-régionales est primordial.

Elles peuvent contribuer efficacement au règlement des crises par une médiation de proximité, car plus imprégnées des réalités et premières bénéficiaires du rétablissement de la paix.
C’est du reste l’orientation de l’esprit des résolutions 1809 du 16 avril 2008, et 1625 du 14 septembre 2005, relatives à la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, et au renforcement de l’efficacité du rôle joué par le Conseil de sécurité dans la prévention des conflits, notamment en Afrique.
La mise en œuvre intégrale des dispositions pertinentes de ces résolutions insufflerait une dynamique opérationnelle aux efforts de médiation déployés aux niveaux régional et sous-régional.
Pour autant, la part de responsabilité de la communauté internationale ne doit pas être occultée.

Les partenaires bilatéraux ou multilatéraux devraient accompagner de manière proactive tout processus de médiation en confortant le leadership du médiateur et en appuyant de façon opportune et adéquate chaque étape du processus.
A cet égard, les Nations Unies, et en l’occurrence le Conseil de sécurité, peuvent et doivent jouer un rôle déterminant.
C’est pourquoi, je salue la proposition faite par le Secrétaire général, Monsieur Ban Ki-moon, de renforcer les capacités des Nations Unies dans le domaine de la médiation.
Notre principale attente est de voir le Conseil de sécurité s’y investir davantage.

Mesdames, Messieurs ;

Tirant leçon de notre expérience en cours, je puis affirmer que les avancées jusque-là enregistrées dans la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou, sur la crise en Côte d’Ivoire sont en grande partie dues à l’engagement résolu des signataires dudit accord, à l’appui sans faille du Conseil de sécurité et du Secrétaire général de l’ONU, ainsi qu’à la grande disponibilité des pays et institutions qui ont soutenu nos efforts.
Je saisis cette opportunité pour renouveler à tous, notre profonde gratitude et souhaiter le maintien de cette mobilisation exemplaire jusqu’au terme du processus.

Mesdames, Messieurs ;

La médiation requiert une confiance et une coordination soutenues entre le médiateur, les parties prenantes au conflit, les acteurs locaux et l’ensemble des partenaires.
Un tel environnement a favorisé l’appropriation du processus de paix par les principaux protagonistes au Togo, créant ainsi les conditions de retour à la concorde et à la réconciliation.
L’évolution actuelle du processus en cours en Côte d’Ivoire me conforte dans cette vision.
En effet, la collaboration étroite entre le Représentant spécial du Secrétaire général et celui du Facilitateur de l’Accord de Ouagadougou permet au Facilitateur et aux Nations Unies d’y travailler en bonne intelligence et d’envisager avec confiance une sortie de crise.

Mesdames, Messieurs ;

De notre expérience de médiation dans les crises, trois éléments essentiels méritent d’être retenus :
* le premier reste sans doute, l’importance de l’appropriation par les principales parties concernées du processus de sortie de crise. L’aboutissement de toute médiation suppose un engagement résolu des parties en conflit à appliquer avec diligence les dispositions contractuelles dûment signées ;
* le second, c’est que le document final doit rassurer chaque protagoniste, apporter des réponses aux questions fondamentales du déclenchement de la crise tout en restant attaché aux principes d’équité ;
* le troisième est celui de la nécessité de prévoir, dans tout accord de paix, des mécanismes appropriés de suivi permettant aux parties de surmonter, progressivement, les multiples écueils qui peuvent entraver le processus de paix.

La pleine adhésion des protagonistes à un processus de médiation et la mise en place de mécanismes de suivi engagent le médiateur à rester utilement à leurs côtés et à leur écoute, à la fois comme accompagnateur, interface et interlocuteur neutre de la communauté internationale.
Outre leur rôle d’instruments de suivi et de coordination, les mécanismes de suivi se révèlent être de véritables cadres de raffermissement du dialogue et de la confiance entre les acteurs.

Excellences ;
Mesdames, Messieurs ;

La multiplicité et la diversité des initiatives de médiation dans un même conflit posent la question cruciale de leur harmonisation et de leur coordination.
Les principales organisations et personnalités concernées doivent œuvrer à l’établissement de mécanismes communs ou concertés à même d’assurer une synergie d’actions et d’éviter une dispersion contreproductive des énergies.

C’est pourquoi, je salue les efforts conjugués de l’ONU et de l’Union africaine dans la recherche de solutions durables à la crise au Darfour.
La nomination récente d’un médiateur conjoint participe de la volonté de la communauté internationale de mettre fin de façon urgente et ambitieuse, à cette tragédie.

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
Monsieur le Secrétaire général ;
Mesdames et Messieurs
les membres du Conseil de sécurité ;

Le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde exige un environnement international propice à l’émergence d’une culture de dialogue permanent, structuré et dynamique qui assurerait une prévention plus efficace des conflits, mais aussi et surtout leur gestion et leur résolution rapide.
Sur cette base, une approche pacifique s’impose dans le règlement des conflits au Proche et Moyen orient, dans le Caucase ainsi qu’au niveau de certains pays africains confrontés à des rebellions ou à des violences postélectorales.
Aussi, le Burkina Faso a-t-il souhaité que le Secrétaire général soumette au Conseil de sécurité un rapport sur la valorisation de la pratique de la médiation, aussi bien par les Nations Unies que par les Organisations régionales.

A toutes les délégations, j’exprime ma profonde gratitude pour le soutien qu’elles ont apporté au projet de déclaration soumis par le Burkina Faso qui sanctionnera nos travaux.
Au-delà de ce que peuvent nous offrir les mécanismes de règlement des conflits, il importe que les sociétés humaines plus que jamais, renouent avec les valeurs cardinales de tolérance, de solidarité, de dialogue et de cohabitation pacifique qui sont les fondements d’une communauté internationale saine et forte.
Aussi, je forme le vœu que les échanges que le Burkina Faso a voulu susciter sur la médiation se poursuivent et s’approfondissent, mais surtout que se développent des mécanismes plus efficaces de prévention des conflits pour un monde juste et paisible.

Je vous remercie.

Sidwaya

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