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Revendication syndicale en Guinée : La kalach plus efficace que la seringue

Publié le jeudi 18 septembre 2008 à 01h36min

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Le bras de fer entamé depuis plusieurs jours entre les médecins et le gouvernement guinéen se poursuit et même se durcit au fil du temps. Les toubibs, on le sait déjà, exigent du pouvoir de Conakry la satisfaction de leur plate-forme revendicative, articulée autour des deux points majeurs, que sont la création d’un statut particulier des agents de santé et le paiement d’arriérés de salaires.

Le service minimum, qui était observé au début du mouvement, vient d’être suspendu par les syndicats, lesquels entendent ainsi mettre le turbo en marche pour amener le président Lassana Conté et son gouvernement à plier l’échine.

Et la détermination des grévistes est grande, car, cette fois-ci, ils ne comptent plus se laisser rouler dans la farine comme en 1999 quand ils avaient accepté de lever leur mot d’ordre sans avoir obtenu pour autant ni le statut particulier ni même le relèvement de l’âge du départ à la retraite, qu’ils réclamaient à cor et à cri. Cette fois donc, les syndicats se montrent inflexibles.

Evidemment, en pareille situation, où les hôpitaux ne fonctionnent plus, ce sont les malades, particulièrement les plus déshérités, qui paient les pots cassés. En effet, à l’opposé de la poignée de patients nantis, qui peut poursuivre ses traitements dans les cliniques, l’écrasante majorité des malades, frappée par la pauvreté, ne peut honorer la note d’une consultation dans les formations sanitaires privées.

Avec des agents de santé qui ont déserté leur poste, mieux vaudrait pour les Guinéens faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de tomber malade, ou d’être victime d’un accident quelconque. Sinon gare aux déboires.

Face à cette préoccupante situation, l’Etat a été bien obligé de faire appel au personnel de santé de la grande muette pour soulager un tant soit peu la population. Même s’ils ne sont pas en nombre suffisant, c’est déjà ça de gagné pour les patients qui ont la chance d’être pris en charge par eux. Pour les autres, c’est le malheur et la désolation. Triste spectacle que de voir des malades retourner à la maison sans avoir bénéficié d’aucun traitement ni même de consultation. Malheureusement, le risque est grand que ce honteux bras de fer perdure à Conakry.

On regrette, même si on peut aisément la comprendre, l’attitude des médecins face à un gouvernement qui n’entend que l’argument de la force. Dans ce même pays, on a vu, il y a juste quelques mois, d’autres corps de métier dont la grève n’a duré que le temps du passage d’une météorite, et, pourtant, leurs revendications ont été satisfaites en un clin d’œil. Souvenons-nous de la grève (mutinerie) des militaires et des policiers.

D’ailleurs, sur ce point, il faut souligner que tous les gouvernants, partout dans le monde, sont sur la même longueur d’onde. Lorsque les corps habillés descendent dans la rue, ils obtiennent automatiquement satisfaction. Autour de nous, les exemples foisonnent. Chez nous même au Burkina, en 1999 et en 2006, militaires et policiers avaient obtenu, en un temps record, des augmentations salariales et des bonifications à faire pâlir de jalousie les syndicats civils, eux qui, les mains nues, n’ont véritablement aucun moyen coercitif décisif sur le gouvernement.

Les gouvernants ont pourtant beau claironner que les caisses sont vides, une seule salve de canon ou une rafale de mitraillette suffit à ouvrir les coffres de la République. Qui est fou ! C’est aussi là l’administration de la preuve que tous les citoyens sont loin d’être égaux en droit contrairement à ce que la Constitution de nos pays tente de nous le faire croire.

Donc, face à ces situations de deux poids deux mesures, on peut comprendre pourquoi souvent, en désespoir de cause, les syndicats civils, la mort dans l’âme, durcissent leurs mots d’ordre de grève.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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