LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

TERIE DANS L’OCEAN INDIEN : Une conséquence du chaos somalien

Publié le jeudi 18 septembre 2008 à 01h35min

PARTAGER :                          

Le président français a la baraka. Par deux fois, et à son initiative, deux opérations commando ont permis de libérer des équipages de bateau pris en otage par des pirates somaliens. C’est le volontarisme dans l’action et la solidarité en faveur de tout ressortissant français en danger qui sont ici exaltés.

Tout cela est bien beau, surtout pour la cote de popularité en chute libre du président français, mais bien insuffisant pour enrayer le phénomène de la piraterie dans la corne de l’Afrique. La France ne pourra pas toujours envoyer des forces spéciales pour libérer des otages, vu les risques d’échec et donc d’accident que de telles opérations comportent. Elle n’a pas non plus les moyens de flanquer des militaires derrière chaque navire ; il en passe plus de 20 000 par an dans cette région.

Même l’idée d’une police des mers émise par Nicolas Sarkozy pourrait s’avérer inopérante au regard de l’étendue des eaux à surveiller, de la combativité et du sens de l’organisation des pirates, de leur haut niveau d’armement et certainement de complicités dont ils bénéficient. Non, ce n’est pas en mer que se trouvent les racines du mal, mais sur la terre ferme, en Somalie. Les Occidentaux sont les premières victimes de la piraterie et ce sont eux qui en sont, en partie, à l’origine. Certes, depuis la chute de Siad Barré en 1991, la Somalie est un pays livré à lui-même, où règne la loi des seigneurs de guerre et des aventuriers de tout acabit. En somme, un Etat-néant dont le système de fonctionnement est fondée sur la loi du plus fort.

C’est le manque d’un pouvoir central fort et organisé qui a favorisé le eflux du banditisme sur les mers. Mais avec l’avènement des Tribunaux islamiques en 2006, la mer était devenue moins agitée. Les nouveaux maîtres de la Somalie avaient réussi à instaurer de l’ordre dans le pays, de sorte que le banditisme avait été réduit à sa plus simple expression. Sur terre comme sur mer, la sécurité était devenue un acquis et le phénomène de la piraterie endigué.

Mais voilà, ce retour à l’ordre ne fut que de courte durée, les Américains ayant jugé que ces Tribunaux islamiques étaient des relais d’Al-Qaeda, des "Talibans africains". Avec cette vision caricaturale, dès lors, peu importe qu’ils aient apporter la paix aux populations ; il fallait les rayer de la carte. Mais toujours traumatisés par leur intervention qui a tourné au fiasco avec l’opération Restore hope, les Américains font recours à l’Ethiopie pour faire le sale boulot. Cette invasion des forces éthiopiennes a eu le don de remettre la Somalie sens dessus, sens dessous. L’objectif de chasser les Tribunaux islamiques a certes été atteint, mais pour quels résultats ? Si la finalité de la croisade contre les islamistes était d’instaurer un régime démocratique en Somalie, c’est raté, car c’est tout le contraire qui se passe.

Chaos et désolation sont le lot quotidien de la majorité des Somaliens qui doivent sans doute regretter cette période de paix et de tranquillité des Tribunaux, en dépit de leur rigorisme religieux. Du reste, que vaut la légitimité d’un pouvoir s’il ne peut assurer le minimum de sécurité aux populations ?

La politique américaine est donc à la base de la tragédie que connaît le pays à cette étape de sa longue histoire écrite en lettres de sang. Sans une stabilisation de la situation en Somalie , on ne peut circonscrire la violence sur terre et sur mer. Il est de ce fait illusoire de croire en la fin de la piraterie sans un retour de la Somalie dans ses attributs d’Etat organisé et dirigé.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique