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Crise ivoirienne : Et si Simone était la voix de son mari !

Publié le mardi 16 septembre 2008 à 04h44min

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Félix Houphouët-Boigny ne comprenait jamais le semblant d’ascendant qu’a Simone Gbagbo sur son époux, Laurent, alors opposant à son régime, et se plaisait à persifler ce dernier en privé en demandant : « Comment quelqu’un qui ne peut pas tenir sa maison, peut-il gouverner ce pays ? ».

C’est que déjà à l’époque celle qui a assisté pratiquement à la naissance du parti frontiste ivoirien était de tous les combats au côté de son mari : les arrestations, la prison, et toutes les privations, elle connaît.

Autant d’épreuves qui vous forgent un caractère et si à cet acquis s’ajoute l’inné... De ce fait, et au fil des années, l’opinion internationale découvre une femme atypique : la « femme au foyer », la cuisine ne sont pas sa tasse de thé, ni les accoutrements à la mode, préférant s’habiller avec sobriété, ce qui ne la rend pas moins coquette, au contraire à 59 ans, elle est toujours bien conservée.

Se consacrant à ce qui est à ses yeux un sacerdoce : la politique, encore la politique et toujours la politique pour paraphraser Danton. Et qui dit politique dit communication, un art dans lequel excelle Simone, avec sa voix forte et imposante.

Ainsi, depuis le 26 octobre 2000, date d’accession de son mari à la tête de la Côte d’Ivoire, et surtout depuis que des rebelles ont pris des armes le 19 septembre 2002 contre Gbagbo, le monde découvre une femme qui suscite la curiosité ou agace, l’admiration ou la crainte, ou qui agace, mais qui n’est jamais lisse, ne laissant personne indifférente. C’est que peu encline aux litotes en vogue souvent dans les discours politiques, la première Dame de Côte d’Ivoire est une habituée du langage direct, abrupt, sans fioritures.

Retentissante donc sa dernière sortie, en date du 13 septembre 2008, où elle se propose de « revisiter » les Accords politiques de Ouagadougou, afin que les Ivoiriens puissent « aller aux élections ». Sans sourciller, elle a déclaré : « Les solutions qui ont été trouvées à Ouagadougou sont des solutions onéreuses...

il faut que nous acceptions de revisiter ces accords... que nous comptions sur nous-mêmes et alors avec ces solutions ,nous pourrons aller aux élections... le désarmement, la réinsertion... le rapatriement des mercenaires, c’est pas très réaliste au regard du budget de la Côte d’Ivoire... il faut tout revoir à la baisse ».

D’une certaine façon, la présidente du groupe parlementaire du FPI a parfaitement raison, car on peut signer un accord et se rendre compte au cours de son application qu’il y a certains aspects qui doivent être revus et corrigés. Qu’à cela ne tienne, elle dit tout haut ce que certains pensent tout bas.

Cependant, cette sortie, pour le moins tonitruante et pour pertinente qu’elle soit, est inopportune, car à l’heure où de part et d’autre on ferraille à faire progresser tous les compartiments du processus et à trouver des sous, et surtout où la date de la présidentielle est arrêtée, même si elle est hypothétique, oser de telles déclarations s’apparente à une torpille.

D’ailleurs, ça commence à bien faire, car entre Gbagbo et son épouse on a l’impression d’être en présence d’un tandem : le premier suggère une date pour la présidentielle, le lendemain son épouse semble remettre tout en cause. Du reste, on en vient à se demander si de telles déclarations de Simone sont des confidences sous oreiller ou un simple coup de sang.

En effet, celle qui déclarait au plus fort de la crise « qu’elle préfère un Vietnamien à la tête de la Côte d’Ivoire qu’un Burkinabè », qui a snobé la visite d’Etat qu’a effectuée son époux en fin juillet 2008 à Ouaga où l’attendaient pourtant les Burkinabè pour faire la paix, ne doit pas oublié que le moindre de ses actes engage son mari. Donc sa voix autorisée.

Sacrée Simone ! On ne se refait pas dans la vie et les protagonistes ivoiriens devront faire avec.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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