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Accord de gouvernement au Zimbabwe : Enfin !

Publié le lundi 15 septembre 2008 à 13h07min

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Aujourd’hui, lundi 15 septembre 2008, pourrait être un grand jour pour le peuple meurtri du Zimbabwe. En effet, sauf report de dernière minute, c’est ce matin, à 10 heures, heure locale, soit 8 heures 00 GMT, que les protagonistes de la crise zimbabwéenne vont procéder, au cours d’une cérémonie officielle, à la signature d’un accord de gouvernement.

Pour l’instant, nous n’avons pas tous les détails de ce fruit des négociations entre le président Robert Mugabe, le chef de l’opposition, Morgan Tsvangirai, et le dirigeant de la faction dissidente, Arthur Mutambara, puisque le superviseur en chef de cet arrangement, le Sud-Africain Thabo Mbéki s’est refusé à toute précision de son contenu.

Mais, des quelques indiscrétions glanées çà et là, on retiendra de cet accord que Robert Mugabe demeure président du Zimbabwe, et que Morgan Tsvangirai hérite, lui, du poste de Premier ministre, il sera chargé de la gestion quotidienne des activités gouvernementales et de la formulation des politiques. Mugabe serait, en revanche, le chef de l’Exécutif. Un modèle de pouvoir bicéphale, qui laisse bien perplexes nombre d’observateurs.

is si la ZANU/PF, le parti au pouvoir, s’est refusée à tout commentaire, le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, n’a pas été avare en paroles, qui a laissé entendre que c’est un bon accord ; et à poursuivi en ces termes :"Nous devons maintenant aller de l’avant pour définir une nouvelle Constitution, réconcilier la nation avec elle–même, redresser l’économie et assurer de la nourriture pour le peuple".

On se souvient que les difficiles pourparlers pour un partage du pouvoir avaient été entamés en août dernier sous l’égide du président Mbéki, et qu’ils achoppaient sur le contrôle de l’Exécutif, que Tsvangirai revendiquait au nom de sa victoire électorale, mais que Mugabe, s’arc-boutant sur son glorieux passé de héros de la lutte pour l’indépendance, n’entendait lâcher sous aucun prétexte.

C’est pour cela que le vieil homme politique, après sa cuisante défaite du 29 mars dernier, qui avait vu le MDC renverser la majorité parlementaire et emporter le premier tour de la présidentielle, avait mis en branle son appareil de répression pour mieux bâillonner ses opposants.

Ayant été réélu seul en lice au 2e tour de la présidentielle en fin juin, son principal opposant ayant jeté l’éponge face aux violences, Mugabe s’était, en désespoir de cause, rendu compte qu’il lui était pratiquement impossible de continuer de régner sur l’ancienne Rhodésie du Sud au mépris du jeu démocratique.

Mais, véritablement, cet accord, que les Zimbabwéens voire l’Afrique entière appellent de tous leurs vœux, a-t-il des chances d’être respecté ? Avec cette nouvelle donne, il est quand même permis de rêver, même s’il faut reconnaître que, pour le père de l’indépendance zimbabwéenne, ce partage du pouvoir est un morceau difficile à avaler ; et ce ne serait pas de trop si l’on affirmait que cet accord arraché de haute lutte ne rencontre pas le total assentiment du vieil homme d’Etat, car, au-delà de la différence de lignes politiques entre la ZANU /PF et le MDC, Mugabe, dans son intime conviction, ne souhaiterait aucunement avoir pour collaborateur direct Tsvangirai.

Et, à dire vrai, le vieil héros de la lutte d’indépendance cache mal son mépris pour celui qu’il considère comme une marionnette de l’Occident. Et depuis une dizaine d’années, il n’a cessé de multiplier les déclarations incendiaires contre ce chef de file de son opposition.

On se souvient encore que le président du Zimbabwe avait juré que jamais il ne cèderait le pouvoir à ce rival politique. Un observateur avisé de la politique dans ce pays, qui a assisté à la conclusion de cet accord à Hararé, s’est dit inquiet quant à son scrupuleux respect, vu que Mugabe est resté désespérément silencieux lors de la rencontre.

Ce mutisme du plus vieil homme d’Etat du continent serait-il le signe d’une fatigue, ou est-ce là la preuve d’un désintérêt flagrant pour cet arrangement à l’amiable, qu’a concocté au forceps le président sud-africain ?

Le moins que l’on puisse dire est que le suspense reste de mise, et la prudence s’impose, car on ignore à ce jour la durée du mandat de ce gouvernement d’union.

Pas d’informations définitives non plus sur la question, pourtant sensible, de la direction de l’appareil sécuritaire du pays. Il nous faudra du temps pour jauger la viabilité de cet accord, scellé entre deux hommes que l’âge, les idées, le parcours, les relations internationales, bref tout sépare.

C’est vrai que c’est la mort dans l’âme que l’homme accepte de renoncer à une partie de ses prérogatives, et nous pouvons aisément comprendre ce sentiment, qui anime présentement Mugabe, mais le bonheur du peuple zimbabwéen, pour lequel il a tant lutté, ne vaut-il pas bien ce sacrifice ?

La rédaction

L’Observateur

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