LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Faux dédouanement de voitures : Une affaire qui embarrasse le sommet de l’Etat

Publié le mercredi 3 septembre 2008 à 04h17min

PARTAGER :                          

Cette affaire de faux dédouanement embarrasse au sommet de l’Etat. Chacun suit l’affaire et attend de voir. Mais il faudra tôt ou tard prendre une décision. En rappel, depuis un certain temps, la douane procède au retrait de voitures essentiellement de luxe pour une raison essentielle. Ces voitures qui ont des cartes grises authentiques n’ont pas été dédouanées normalement. Nous avons décrit dans notre édition du mardi 22 juillet 08, le mode d’opération de la douane. Nous avons aussi recueilli le témoignage d’un vendeur de véhicules.

Un réseau est mis en place dans cette affaire et implique des transitaires, des intermédiaires, des agents de la douane et des agents du ministère des Transports. La douane s’est expiée de la liste des coupables par l’intermédiaire de son directeur général Ousmane Guiro et du chef du bureau de la brigade mobile de Ouagadougou Abass Sawadogo.

Au cours d’un point de presse dont le quotidien Le Pays seul a publié la teneur, ils rejettent la responsabilité sur les vendeurs de voitures qui utilisent de faux documents de douane pour immatriculer les voitures. Du côté du ministère des Transports, les personnes qui s’occupent de la procédure d’établissement des cartes grises s’en défendent. Elles disent ne pas savoir que les documents de douane fournis pour l’établissement de la carte grise sont faux. Cette affaire remonte jusqu’au début de la crise ivoirienne. Plusieurs voitures de luxe en transit pour la Côte d’Ivoire sont restées illégalement au Burkina. Ces voitures, sans être dédouanées possèdent des cartes grises authentiques. Elles sont l’œuvre d’un nouveau réseau qui a mis au point cette technique depuis que le réseau de faussaires sur l’établissement de fausses cartes grises a été démantelé.

Le réseau a certes été démantelé, mais pas sanctionné puisque des membres se retrouvent responsables dans des services étatiques. Selon nos informations, des investigations ont été faites au service des transports. Nous confirmons l’information selon laquelle, le réseau implique des transitaires bien connus, des agents de la douane et des agents du service des transports. Ces personnes ont perdu le sommeil depuis le déclenchement de l’affaire. Elles sont connues même par le plus nigaud des intermédiaires qui pullulent devant la Direction générale des Transports terrestres et Maritimes (DGTTM) à Ouagadougou et du service régional des Transports terrestres et Maritimes à Bobo-Dioulasso. Ces deux services sont les seuls habilités dans l’établissement des cartes grises. On est tout de même étonné que l’affaire perdure jusqu’à nos jours.

La plus simple pour la douane, était de procéder à une enquête participative en simulant l’achat d’une voiture auprès d’un vendeur puisqu’elle les a identifiés. La douane pourra suivre le processus d’établissement de la carte grise pour mieux comprendre. Mais, il y a des personnes qui n’ont pas intérêt que la vérité éclate un jour. Il ne serait donc pas étonnant que l’affaire soit étouffée comme on le susurre déjà dans certains milieux politiques.

Des propriétaires qui ne sont pas à plaindre

Ils ne sont pas nombreux les Burkinabè qui peuvent se permettre une voiture de luxe surtout en ces temps de « vie chère ». Un coup d’œil sur l’identité des propriétaires des voitures montrent qu’elles ne sont pas achetées par n’importe qui. On y dénombre des avocats, magistrats, agents publics de l’Etat, des hauts gradés de l’Armée, des opérateurs économiques, etc. Le Premier ministre Tertius Zongo tient là une belle occasion pour voir clair dans l’origine du pouvoir d’achat des agents publics de l’Etat et des gradés de l’Armée. En ces périodes où la majorité des fonctionnaires burkinabè peinent sous les affres de la vie chère, des agents publics de l’Etat se payent des voitures à des millions de F cfa. D’où provient cet argent ? Et dire que ces derniers ne sont pas à leur première voiture. Ces personnes ne sont pas à plaindre. Elles savent où se trouvent les services des douanes habilités pour faire le dédouanement des voitures.

Elles savent où se trouvent les maisons de transit agréées pour le dédouanement des marchandises de tout genre. Mais elles ont préféré passer par les vendeurs de voitures. Pour les personnes qui ont payé leur voiture toutes taxes comprises, on peut dire qu’ils ne sont pas au courant de l’existence de la filière d’établissement de cartes grises sans un dédouanement adéquat. Certaines personnes qui ont acquis leur voiture hors taxe ne sont pas à plaindre. C’est le cas de cet agent du ministère des Finances et du Budget qui a acquis sa voiture à près de 5 millions et demi de F cfa. En tant qu’agent de ce ministère, ce dernier connaît les procédures de dédouanement des voitures et peut déterminer lui-même le montant exact du dédouanement par rapport au prix d’achat de la voiture.

En effet, le tarif de dédouanement des voitures de luxe serait de 47,6% du prix d’achat. Cette personne a préféré négocier avec le vendeur de la voiture pour avoir sa carte grise contre la somme d’un million et demi. C’est aussi le cas de ce gradé de l’Armée qui a acquis sa voiture à plus de 7 millions de FCFA. Il a reçu la carte grise de sa voiture en payant moins de 2 millions de FCFA. Ces personnes ont vu leur voiture ou leur carte grise retirées par la brigade mobile de douane de Ouagadougou. La douane leur demande maintenant de dédouaner leur voiture en bonne et due forme. Elles mettent à leur tour la pression sur le vendeur de la voiture pour entrer en possession de leur argent. Ces personnes sont victimes de leur propre cupidité. ( Affaire à suivre)

Pierre Balma

L’Indépendant

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)