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Débats sur les OGM : duel par conférences interposées à Ouagadougou

Publié le samedi 26 juin 2004 à 12h29min

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L’utilisation de la technologie dans l’agriculture, est l’objet de grandes controverse. Cette semaine a été l’occasion de le constater à Ouagadougou, où se sont tenues simultanément, deux conférences opposées sur le sujet.

La première rencontre réunissait chercheurs et décideurs politiques d’une dizaine de pays, dans la zone huppée de « Ouaga2000 ». Il s’agissait selon les participants, de chercher des voies originales pour lutter contre la faim et la misère et en Afrique. Aussi, ont-ils déployé de gros moyens à l’image des quatre chefs d’Etat qui ont fait le déplacement(Mali, Niger, Ghana, Burina),mais aussi de la délégation de haut niveau venue des Etats-Unis.

Ces derniers, visiblement satisfaits ont fait une sortie en province, organisé une conférence de presse, avec en prime des audiences avec les plus hautes autorités du Burkina et d’ailleurs.

A l’autre bout de la ville se tenait dans un amphithéâtre de l’Université de Ouagadougou, une conférence organisée par « Le comité de veille face aux ogm. » Cette structure rassembles des contributions diverses, du monde scientifique et associatif et entend attirer l’attention des populations, sur les dangers liés à l’exploitation et à la consommation de produits transgénigues.

Le débat est animé par des scientifiques notamment des généticiens et des ingénieurs, pour bien montrer que les animateurs maîtrisent le sujet. Devant un public visiblement en manque d’informations, il apporte des éclairages, répondent aux préoccupations des paysans dont les représentants sont présents dans la salle.

Pour les besoins de la cause, les débats sont repris en langue locale afin de permettre au plus grand nombre d’être informés. Et même si les responsables de la conférence répètent inlassablement qu’ils ne sont pas opposés à la science, les interventions virent rapidement au réquisitoire anti- mondialiste.

Les participants eux, prennent l’engagement après ce qu’ils considèrent comme un grand succès de sortir des salles de conférences, pour désormais aller à l’assaut des campagnes les plus reculées afin de porter le message à tous ceux qui ne l’ont pas encore reçu.

Après l’organisation de ces deux manifestations, le moins que l’on puisse dire, c’est que la bataille est résolument engagée. Surtout après les déclarations du ministre burkinabè de l’agriculture, affirmant qu’il n’était pas question de céder à ce qu ’il considère comme « un chantage intellectuel ». Les autres eux, sont également déterminés et ne se privent pas de la moindre parcelle de temps libre pour donner dans la discussion. Ils sont certes conscients de leurs limites surtout face à la réelle proportion des moyens, mais veulent y croire.

Selon eux, le combat dépasse de loin, le simple cadre de l’alimentaire et engage plutôt la réflexion sur la dignité de l’être humain.Une dignité qui de leur avis, doit nécessairement passer par la possibilité de choisir librement de manger.

Aussi, est-ce avec d’autant plus d’humour que le Pr. Didier ZONGO, répondant à une question suite à son exposé, laisse entendre que « la faim ne peut pas tout expliquer ». Et au rahélien qui lui fait savoir qu’il vaut mieux avoir le ventre plein aujourd’hui et mourir demain, il demande de revenir à la raison, et de comprendre que la question engage la vie de toute l’humanité.

En somme, le carrefour que constitue désormais Ouagadougou dans les grands débats nous réserve sans aucun doute des débats très savoureux.
Juvénal Somé
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