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Agro-business au Burkina : L’exemple par le sommet vendredi 29 août 2008

Publié le mardi 2 septembre 2008 à 10h47min

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Il y a un énorme paradoxe quand on parle de l’agriculture au Burkina. Elle occupe selon les statistiques environ 80% de la population active qui pourtant ne produit pas assez pour nourrir tout le monde. Le déficit céréalier plus ou moins prononcé d’une année sur l’autre est dû aux aléas climatiques mais aussi à la non maîtrise de l’eau et plus encore aux outils rudimentaires de production.

En effet, on voit mal un paysan équipé de ses seules daba, machette et pioche, exploiter avec rentabilité un champ non fertilisé, de surcroît sans bonnes semences. Il lui est difficile dans ces conditions de produire suffisamment de quoi nourrir une famille souvent nombreuse ne parlons pas de dégager un excédent commercialisable. Dès lors, quand il vend des céréales pour subvenir à d’autres besoins aussi vitaux comme se soigner, il empiète sur les réserves alimentaires de la famille, toute chose qui en ajoute à la précarité nutritionnelle qui est malheureusement le lot de bien de Burkinabé surtout en milieu rural.

La période dite de soudure qui dure le temps des semis aux nouvelles récoltes est caractéristique de ces difficultés existentielles de la paysannerie burkinabè. Pourtant ce n’est pas l’abnégation au travail qui manque à ces forçats de la terre. Ce qui manque le plus ce sont des moyens et des techniques modernes de productions pour agrandir leurs exploitations et en améliorer le rendement. En deux mots comme en mille, le Burkina a besoin d’une révolution agricole afin que la terre cesse d’être un capital sous exploité pour devenir une ressource qui crée de la valeur ajoutée au maximum des potentialités dont elle regorge. Révolution agricole ! Le mot est lâché. Comment y parvenir ?

Depuis l’époque des Organismes régionaux de développement, ORD, mis en place dans les années 70 - 80 par l’Etat avec l’appui des bailleurs de fonds multilatéraux, le développement de l’agriculture a toujours été pensé seulement en termes d’organisation et d’encadrement des paysans. Des agents techniques d’agriculture formés pour ce faire sont affectés dans les villages les plus peuplés pour être des conseillers techniques des paysans en vue de leur enseigner de nouvelles méthodes de production, de conservation, voire de commercialisation de leurs productions. Ces ORD, malgré des moyens financiers importants se sont bureaucratisés et nos encadreurs se comportèrent en fonctionnaires oisifs plus présents dans les cabarets, les marchés et en ville que dans les champs des paysans.

L’autorité compétente voulut rattraper la donne. Mais les Centres régionaux de production agricole, CRPA, qui furent crées sur les cendres des ORD, ne parvinrent pas à éviter à l’agriculture burkinabè de végéter dans l’archaïsme. Les techniciens des CRPA comme ceux des ORD demeurèrent des fonctionnaires plus présents dans les bureaux que dans les champs. Aujourd’hui, le Programme national de gestion des terroirs, (PNGT) est comme l’héritière des défunts ORD et CRPA. Il a apporté un plus au monde paysans en l’associant à l’identification et à l’exécution des projets dont il est bénéficiaire. Les paysans burkinabè ont de plus en plus le réflexe de la culture attelée, des fosses fumières et des banques de céréales.

Mais cela reste insuffisant pour faire de l’agriculture burkinabè un levier du développement parce que rentable, compétitive, génératrice d’emplois et de revenus financiers. En somme, pour que l’agriculture cesse d’être une agriculture de subsistance, il ne suffit pas d’encadrer les paysans ni de leur enseigner des paquets technologiques mal maîtrisés. Il faut en outre, des exemples concrets sur le terrain qui marquent la rupture d’avec les anciens modes de production et d’exploitation de la terre. Nos cultivateurs ne deviendront des agriculteurs qu’à la vue et au contact d’une nouvelle race de producteurs. L’agro-business n’est donc pas un luxe au Burkina. C’est au contraire une nécessité incontournable de l’indispensable révolution agricole. Celle qui fera de la terre un capital vraiment actif au service du développement.

Dans cette perspective, la sortie du Premier ministre en province nous a révélé que l’exemple vient d’en-haut. En effet, les plus hautes autorités de l’Etat, le président du Faso, le Premier ministre, le vice président de la chambre de commerce, etc., s’investissent à conquérir à l’agriculture burkinabè ses lettres de noblesse. Des exemples qui ont fait des émules auprès d’autres amoureux de la terre comme François Compaoré, Gilbert Diendéré, Barro Djinguinaba mais aussi auprès de citoyens plus anonymes devenus des producteurs modèles comme Mamadou Lega, Kani Bicaba ou Mahamadou Bonkoungou, dans la Comoé et le Mouhoun. Au vu de ces exemples, on peut dire que l’agrobusiness fait des pas méritoires au Burkina. Il annonce une révolution agricole pour que disparaisse l’incroyable paradoxe d’une agriculture qui occupe 80% de la population active sans pouvoir la nourrir convenablement.

Djibril TOURE

Par : L’Hebdo

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