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Russie/Georgie-USA : A chacun son Kosovo

Publié le vendredi 29 août 2008 à 09h57min

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Le nouvel homme fort de la Russie, Dmitri Medvedev

Fureur guerrière par-ci, fièvre diplomatique par-là, l’histoire semble bégayer, et certains analystes politiques vont jusqu’à susurrer l’éventualité de la résurgence d’une guerre froide. Rarement en effet, de mémoire d’observateur des relations internationales, le monde aura connu d’aussi grandes tensions, comparables à celles, tristement célèbres, du temps de l’équilibre de la terreur.

Le dernier épisode en date, et qui est loin d’être négligeable, c’est la reconnaissance, mardi 26 août dernier par le président russe, Dimitri Medvedev, de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, les deux provinces séparatistes de la Georgie.

Le nouvel homme d’Etat russe a indiqué avoir signé ses décrets de reconnaissance en tenant compte de la volonté des peuples ossète et abkhaz et conformément à la charte de l’ONU, à la déclaration de 1970 sur les principes du droit international portant sur les relations amicales et la coopération entre les Etats, à l’acte final d’Helsinki de 1975 et à d’autres documents fondamentaux internationaux.

Une décision russe synonyme de douche froide pour le monde occidental, qui ne s’est pas embarrassé de circonlocutions pour dénoncer, et ce, avec la dernière énergie, une telle reconnaissance. En effet, du secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, jusqu’à Georges W. Bush en passant par Nicolas Sarkozy, tous ont rejeté la décision russe de reconnaître l’indépendance de ces deux provinces jadis dans le giron géorgien.

Mais, véritablement, rien ne semble prédisposer Poutine et son pantin de président, Medvedv, à accorder une oreille attentive aux gesticulations et aux indignations occidentales. Ce qui est dit est dit, et le décret, signé, est signé, semble répondre Moscou. En poussant des cris d’orfraie, les Occidentaux semblent avoir oublié le coup pendable qu’il avait joué aux Russes il y a seulement quelques mois lorsqu’ils ont avalisé avec un large sourire l’indépendance du Kosovo.

En effet, le 17 février dernier, les nations occidentales les plus puissantes de l’heure, que sont les USA, la France, l’Angleterre, l’Allemagne etc., ont approuvé l’indépendance de la province séparatiste du Kosovo. En dépit de l’énergique protestation russe. Et à ce jour, 20 pays de l’Union européenne sur les 27 ont reconnu le Kosovo.

Même le Burkina, à travers Djibrill Bassolé, son ministre des Affaires étrangères d’alors, s’y est mis, en reconnaissant la toute nouvelle république séparatiste. Mais, si la voix de notre pays reste bien marginale dans les enceintes internationales et porte peu à conséquence sur la marche du monde, on ne peut pas en dire autant de celle des nouveau gendarmes du monde.

Et Vladimir Poutine, l’homme fort du Kremlin, cet ex- agent du KGB, rompu dans le ficelage des coups les plus tordus qui soient et qui rêve, depuis toujours, d’une grande Russie, savait pertinemment que ses contempteurs du monde occidental finiraient bien par tomber dans les mailles de son filet. Et telle une mangue mûre, ils y sont, à travers cette crise dans le Caucase.

Véritablement, les Occidentaux, qui ont besoin des ressources naturelles de la Russie et surtout de son soutien au sein des instances internationales, n’ont désormais qu’une seule alternative : négocier. L’affrontement n’est aucunement à l’avantage des Occidentaux, et la négociation, nous semble-t-il, est, ici aussi, la seule voie de sortie de crise.

Boureima Diallo
L’Observateur Paalga

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