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Célestin S. Compaoré : « Je suis bel et bien le président du R.D.B. »

Publié le jeudi 28 août 2008 à 09h58min

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Célestin S. Compaoré

Célestin Saidou Compaoré. Un nom qui ne dit presque rien au commun des mortels, voire à l’homme des médias. Et pourtant, c’est le président du Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB), formation politique qui a, à son actif, trois mairies et deux députés à l’Assemblée nationale. Ce parti, que certains taxent volontiers de familial et qui appartient à la Mouvance présidentielle, tient, samedi 30 août prochain à Bobo, son congrès ordinaire.

L’occasion s’y prêtant, nous avons voulu mieux connaître cette formation politique, à travers cette interview de son président, que nous avons reçu hier, mardi 26 août, à notre rédaction. Entretien.

Quels ont été vos résultats depuis votre existence, en termes d’élus ?

• Après les municipales du 23 avril 2006, nous avons eu au total 275 conseillers ;
- un maire de commune urbaine, Banfora ;
- 2 maires de communes rurales, Koubri (Kadiogo) et Soubaka (Casacades) ;
- une majorité relative au Conseil municipal de Gaoua (62 élus/125) ;
- 2 députés, 1 dans les Cascades (Comoé) et 1 dans le Sud-Ouest (Poni).

Bien avant les législatives, notre parti a connu une certaine léthargie. Mais, en 2003, nous avons secoué le cocotier pour faire notre 2e congrès ordinaire, à l’issue duquel Célestin Nagalo a été porté à la tête du parti.

En 2005, avec notre siège qui se trouvait à Bobo, il y avait incompatibilité d’actions avec un siège à Bobo et à Ouagadougou, la capitale, où se déroule l’essentiel des activités politiques. Ce qui a conduit les militants à demander le transfert du siège à Ouagadougou. A l’issue de notre dernier congrès du 23 avril 2005, j’ai été porté à la tête du parti.

Mais comment êtes-vous à ce jour président, alors qu’il semble que vous avez rendu publiquement votre démission depuis belle lurette ?

• Oh ! En fait, les gens confondent tout. C’est la toute première fois que je parle de cette affaire à la presse, j’avais toujours évité de le faire. En fait, nous avons été victimes d’une situation peu enviable avec, en arrière-fond, quelques problèmes de famille.

En 2005, lorsqu’on devait installer le bureau du parti, j’ai été porté à sa tête, avec mon petit frère, Ousmane Compaoré, comme secrétaire général.

Nous avons cheminé en bonne intelligence jusqu’à obtenir les clés de la mairie de Koubri, en 2006. Et c’est à l’installation du maire qu’il y a eu des bisbilles entre Ousmane, notre grand-frère, Félix (actuel maire), et moi.

Mais là n’est pas le problème ; car, en 2006, nous nous sommes rendu compte qu’environ 80% de notre électorat était à l’Ouest et que, bizarrement, les grands postes au sein du parti étaient occupés par des militants du Centre. J’ai trouvé cela aberrant, et j’ai demandé d’observer un certain équilibre.

C’est ainsi que nous avons voulu que le poste de S.G. revienne aux Cascades. Mon frère, Ousmane Compaoré, qui était S.G., ne l’entendait pas de cette oreille ; et c’est là le début de notre problème familial à propos du RDB, ce qui pourrissait la situation.

C’est ainsi que j’ai demandé à quitter la présidence du parti pour permettre la mise en place d’une nouvelle direction. Au cours de cette réunion, mon frère, Ousmane, qui était présent, a prétexté des engagements pour se retirer ; et n’ayant pas suivi la suite des débats, il a commis l’imprudence de faire taper des procès-verbaux pour annoncer ma démission, et il a initié un congrès pour se faire élire président.

A sa grande surprise, il n’a pas été suivi par les congressistes, et c’est ainsi que Célestin Nagalo l’a battu et a été élu à la tête du RDB. Mais, ce congrès était irrégulier, car Ousmane, en tant que 2e secrétaire adjoint chargé des Anciens, n’avait pas compétence pour le convoquer.

C’est dire donc que les décisions issues de ce congrès, au cours duquel Nagalo a été élu, sont nulles et de nul effet. C’est pour cela que le MATD a refusé de leur attribuer un récépissé ; et le seul qui existe et qui est valable est en ma possession. Je suis donc bel et bien le président du RDB.

Et il n’y a aucune confusion à faire à ce sujet. D’ailleurs, j’ai été reçu il y a une semaine par le responsable en charge des partis politiques du MATD, qui m’a confirmé que j’étais bel et bien le président du RDB. Et c’est pour cela que j’ai convoqué la tenue de ce congrès pour le samedi 30 août, à Bobo-Dioulasso.

Est-ce vous faire du tort que de confondre le RDB à votre famille ?

• C’est vrai, j’en ai entendu parler, mais je me suis toujours gardé de réagir. Ce n’est pas parce que moi, j’en suis le président et que mon petit frère en est le S.G. que le RDB appartient à notre famille. Mais en toute objectivité, je me dois aussi de donner raison en partie à ces gens qui pensent ainsi, car le père-fondateur du parti, le regretté Augustin Compaoré, était notre grand-frère. Cela dit, le RDB est national, même s’il est mieux représenté à l’Ouest.

Mais ce parti ne risque-t-il pas de diviser durablement la famille Compaoré de Koubri ?

• Je vous aurais répondu par l’affirmative, si vous m’aviez posé la même question il y a 6 mois. Mais depuis le dernier congrès du 9 avril 2008, mon frère Ousmane, qui était mécontent, a écrit pour nous présenter ses excuses, il a avoué s’être trompé et il nous a demandé de lever la sanction de suspension qui avait été prise à son encontre

Nous avons tous lu dans la presse que vous auriez détourné, à votre seul profit, la subvention de 12 millions octroyée par l’Etat à votre parti. Qu’en est-il au juste ?

• C’est vrai, l’Etat nous avait octroyé la somme de 12 847 000 FCFA, et effectivement on a écrit dans la presse que j’aurais détourné ces sous. Ce qui est une aberration ; et c’est pour cela que, depuis, je n’ai pas daigné y répondre.

Les 12 847 000 FCFA ont été répartis aux têtes de listes du parti dans les provinces où nous sommes représentés, avec des décharges conséquentes, tenues par le trésorier. Tous ceux qui le désirent pourront le vérifier. Non, je n’ai pas pris un franc.

Mes proches me reprochent de ne pas répondre à ces allégations de détournements. Effectivement, depuis ce temps, je n’ai pas vu la nécessité d’y répondre.

Moi, je fais de la politique, je ne fais pas de la démagogie, je ne vais pas passer mon temps à jouer au ping-pong avec des gens qui ignorent ce qu’ils veulent.

Avant d’accuser quelqu’un de quoi que ce soit, il faut réfléchir par deux fois, car si moi je me mettais à envoyer les pièces comptables dans les journaux, il y a des gens qui allaient se cacher pendant longtemps.

L’Observateur Paalga

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