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Travaux champêtres : Les performances de grands ne sont pas pour petits

Publié le mercredi 27 août 2008 à 10h32min

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A entendre les propos de certains membres de l’exécutif burkinabè, instructions leur auraient été données d’aller dans les champs pendant les vacances. Cela sous-entend d’ailleurs qu’il faut que chacun ait un champ. En effet, comment aller au champ si l’on n’en dispose pas ? Bien sûr, il y a ceux qui disposent encore de leur champ paternel mais qu’il faudra disputer avec les frères restés au village ; mais pour ceux dont les parents n’ont jamais disposé d’un quelconque lopin de terre, il leur faudra trouver un bout de terre à gratter.

Le mot d’ordre, devenu explicite ces temps-ci, pourrait donc expliquer pourquoi des grands serviteurs de l’Etat se sont évertués, depuis quelques années, à acquérir des hectares de terre ici et là partout au Burkina, qui pour faire de l’embouche, qui pour planter des arbres ou qui pour cultiver. Le scénario était invariablement le même : un conseil villageois ou de famille est réuni, qui décide de l’octroi de l’espace, et on fait borner. Les plus prudents vont voir du côté de leur patelin de naissance, les plus audacieux dans des zones dont ils ne parlent même pas la langue. Mais depuis que la terre appartient à l’Etat, tous les Burkinabè ont les mêmes droits.

Quand vinrent les tracteurs indous il y a quelques années, on a compris qu’il y avait exploitants et exploitants. Premier constat donc : les exploitants de type moderne, sortis de l’école du gouvernement, sont, pour la plupart - c’est un euphémisme - éloignés de leurs champs et donc utilisent du bon matériel roulant pour s’y rendre. Le commun des paysans burkinabè ne peut se payer ce luxe ; c’est pourquoi il a tendance à cultiver autour de sa case.

Deuxième constat : ces exploitants de la capitale, qui ne peuvent se courber eux-mêmes dans leur vaste exploitation, emploient du personnel. Le villageois, lui, n’a « que » sa femme (ou ses femmes) et ses enfants pour l’aider. Même le temps des cultures en commun pour s’entraider dans la joie et l’allégresse est passé ; chacun pour soi !
Troisième constat : pour avoir les intrants, les exploitants privilégiés de la capitale n’ont que le petit doigt à lever. Pour les gens du terroir, par contre, ce n’est pas toujours comme une lettre à la poste.

Quatrième constat : les exploitants venus de la ville n’ont pas comme seule source de revenus leurs exploitations agricoles ; ils ont un bon salaire en plus de leur champ qui pourrait passer pour un lieu de passe-temps de vacances. Les paysans, eux, n’ont que cette activité pour survivre. On pourrait multiplier les constats de la différence des moyens et des conditions de travail à souhait. Mais en termes d’exemples, notamment de bons exemples de production agricole, ce ne sont pas des exemples que la grande majorité des Burkinabè peut suivre, même si les paysans peuvent s’extasier devant la beauté des champs et leur fort taux de rendement.

En somme, l’idée d’un retour à la terre des fils ou arrière-petits-fils de paysans que sont les hauts cadres n’est pas mauvaise en soi ; il faudra cependant repenser la formule, pour que cela serve d’exemples ; des exemples que peut effectivement suivre la grande masse des paysans ; à moins que l’on se serve de la grande capacité technique et financière de ces cultivateurs modernes pour produire plus et combler les déficits agricoles chroniques.

Journal du jeudi

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