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Nouveau parlement Zimbabween : Une avancée démocratique à encourager

Publié le mercredi 27 août 2008 à 09h48min

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Robert Mugabe

La nouvelle configuration du parlement zimbabwéen réflète les résultats des élections législatives. L’opposition conduite par le MDC s’empare du perchoir grâce à la majorité dont elle est détentrice. Que dire d’autre, sinon saluer ce bel exemple d’exercice démocratique, et souhaiter que ce parlement atypique imprime une dynamique nouvelle au processus démocratique au Zimbabwe ?

Les spéculations autour des tractations qui ont entouré l’élection du président du parlement, Lovemore Moyo, ne visent qu’à minimiser la portée historique de ce qui vient de se passer au pays de Robert Mugabe. En parlant de défaite du camp présidentiel, de défections de certains députés de la ZANU/PF lors du vote, du refus de l’aile dissidente du MDC de suivre Mugabe, etc, on tente de noyer le succès que représente l’avènement de ce parlement dans des débats stériles. Ce qui s’est passé avant le vote fait partie du jeu politique normal. Où a-t-on vu l’élection d’un président se dérouler sans manoeuvres politiques souterraines, surtout quand les deux partis en course ont sensiblement les mêmes voix et comptent sur l’arbitrage d’une troisième force ?

Il n’y a donc rien d’extraordinaire dans l’issue du vote du parlement zimbabwéen. Mais ce résultat grandit le parti au pouvoir et ne constitue en rien une humiliation. Ils sont rares en Afrique les pays où le parlement est contrôlé par l’oppostion. Pas qu’elle n’a pas la légitimité des électeurs, mais parce que tout est fait pour la rayer du pouvoir législatif. Pour un dictateur, il faut avouer que Robert Mugabe fait mieux que bien de ses collègues africains qui réduisent leurs parlements en des chambres d’enregistrement.

Après l’examen réussi de l’installation du parlement, il reste à conciler les deux pôles du pouvoir, l’exécutif et le législatif, qui pourraient se neutraliser dans des procédures interminables. En attendant, les négociations en cours entre le MDC et la ZANU/PF pourraient être plus difficiles. Après sa prise de pouvoir au parlement, Tsvangirai n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Il voudrait aussi rogner sur les prérogatives de Mugabe. Autant dire qu’à ce rythme, il récupèrera tous les pouvoirs, jusqu’à rendre Mugabe nu. Le camp présidentiel, qui estime avoir aussi une légitimité après sa victoire -il est vrai en solitaire- du second tour, se laissera-t-il dépouiller du pouvoir exécutif ? Pour éviter l’impasse, les deux principales forces politiques du pays doivent transcender leur ego et conjuguer leurs efforts pour l’intérêt supérieur de la nation. En ce sens, le réalisme doit prévaloir dans les prétentions de Morgan Tsvangirai. Déjà majoritaire au parlement par la force des urnes, il doit éviter des revendications extravagantes, dans le cadre des négociations avec Mugabe.

En tout état de cause, le Zimbabwe a de quoi être fier de son nouveau parlement, fruit d’une transparence électorale rarissime sur le continent. Si Mugabe a accepté qu’il en soit ainsi, il appartient à la communauté internationale d’accompagner désormais le processus zimbabwéen en toute impartialité. On ne sert pas la cause de la paix au Zimbabwe en continuant à saisir chaque occasion pour ridiculiser son président.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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