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Projet d’assassinat de Obama : On n’arrête pas l’histoire

Publié le mercredi 27 août 2008 à 09h56min

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Barack Obama

Quand elle avait invoqué, à l’époque, le spectre d’un assassinat de son rival au plus fort de la campagne pour l’investiture démocrate, l’Amérique choquée, avait vite crié à la "gaffe" et la bourde avait fait le tour du monde.

L’histoire a manqué de peu de donner raison à Hillary Clinton car Barack Obama vient, en effet, d’échapper à un complot d’assassinat. Tharin Gartrell, 28 ans, celui qui allait entrer dans l’histoire, a été interpellé le dimanche dernier dans une banlieue de Denver. Dans le camion de l’homme qui aurait proféré des menaces contre le candidat démocrate, la police aurait retrouvé deux fusils, dont une arme à jumelles, un gilet par-balles, des boîtes de munition, des talkies-walkies, etc. Tout un arsenal. Il aurait deux autres complices.

En attendant que l’enquête qui vient d’être ouverte nous situe davantage sur ce “complot d’assassinat”, on peut déjà s’interroger sur les intentions réelles de Tharin Gartrell et ses affidés. S’agissait-il de menaces réelles ? Gartrell et compagnie entendaient-ils vraiment mettre fin aux jours de Barack Obama, et accéder, par le sang, à la célébrité ? Devaient-ils être de simples exécutants ?

Quelles qu’aient été leurs intentions, cette affaire vient remettre en lumière la crainte maladive d’une certaine Amérique de voir accéder un Noir à la Maison blanche et rappeler la capacité de nuisance des extrémistes américains, aux comportements racistes affichés. Ce projet d’assassinat présumé renvoie par ailleurs à la question de savoir si les Etats-Unis sont vraiment préparés à voir arriver à leur tête un black très bon genre. Quoi qu’il en soit, il n’y aurait rien d’étonnant que ces extrémistes, aujourd’hui impuissants face à la déferlante Obama, en viennent à vouloir donner un coup d’arrêt à l’élan "ravageur" du candidat noir, et de la manière la plus sordide qui soit. La sécurité du sénateur de l’Illinois et les services secrets américains qui assuraient, dit-on, sa protection depuis les menaces de mort qu’il aurait reçues, sont donc avertis.

Au-delà, l’Amérique entière est face à ses responsabilités. Elle devra tout mettre en oeuvre pour éviter à Barack Obama le même sort que Martin Luther King, John et Bobby Kennedy. L’incident doit servir de déclic pour une vigilance renforcée du candidat noir. John Mc Cain, lui, doit avoir moins de soucis à se faire pour sa sécurité. Il ne traîne pas “le handicap” de la peau. En ce qui le concerne, le sénateur de l’Illinois ne devrait pas se laisser désarçonner outre mesure par ce présumé complot. D’autant qu’il n’ignorait pas les risques qu’il prenait, en tant que Noir, en se portant candidat à la succession du président George W. Bush. Dans un pays où se procurer une arme relève d’un jeu d’enfant, les risques de voir des détraqués attenter à sa vie ne sont assurément pas minces. Et puis, il y a évidemment une part de risques dans la volonté de changer les mentalités aux Etats-Unis. Ces risques sont d’autant plus réels quand un Noir nourrit les ambitions d’occuper le fauteuil présidentiel jusque-là réservé aux … Blancs.

Dommage qu’en ce 21e siècle, la plus grande puissance au monde soit à un stade où le premier critère pour accéder au pouvoir, soit d’abord et avant tout la couleur de la peau. Que font-ils du mérite, de l’intelligence et du charisme ? Dommage que certains Américains soient mentalement arriérés, au point de croire qu’ils peuvent empêcher la roue de l’histoire de tourner. Dommage enfin qu’ils se mettent toujours à poser des actes inconsidérés, anachroniques en cette ère, qui n’honorent ni l’Amérique ni sa démocratie.

Quelle fierté peut-on encore éprouver pour la démocratie américaine, celle dont on vante tant les mérites au-delà des frontières, s’il est interdit au vainqueur des urnes, quelle que soit la couleur de sa peau, de savourer sa victoire et de gouverner l’Amérique ?

En tout état de cause, si la tentative d’assassinat sur la personne de Obama venait à être confirmée, ce dernier pourrait s’attendre à en récolter de précieuses dividendes politiques. Il pourrait s’attirer davantage de sympathies de la part de nombreux Américains qui ne savent pas encore sur qui porter leur voix le 4 novembre prochain.

Le Pays

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