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Alfred Sawadogo, directeur provincial de l’Environnement et du Cadre de vie du Kadiogo : "Nous n’encourageons pas les reboisements-télé"

Publié le mardi 19 août 2008 à 11h31min

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En cette période de reboisement, il est nécessaire de savoir quoi planter, où et comment planter. L’autre défi est de trouver les bons plants afin de ne pas faire œuvre inutile. Dans cette interview, le directeur provincial de l’Environnement et du Cadre de vie du Kadiogo, apporte des réponses à toutes ces préoccupations.

Sidwaya (S.) : En cette période de l’année où l’on organise des reboisements, quelles sont vos recommandations à l’endroit de ceux qui plantent les arbres ?

Alfred Sawadogo (A.S.) : Nous sommes à une période de plantation et tout le monde plante tous azimuts des arbres.
Cependant, nous conseillons les gens de contacter les services forestiers et les techniciens de l’environnement pour réaliser de bonnes plantations. Ces techniciens sont au niveau de la direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de vie du Kadiogo (en face des sapeurs-pompiers), au Centre national des semences forestières, au ministère de l’Environnement... Ces techniciens peuvent vous donner des conseils sur la manière, l’endroit et les plants recommandés. Aussi, dans les départements, existe-t-il des forestiers qui peuvent guider ceux qui veulent planter des arbres. Enfin, nous avons formé au niveau de certains villages des paysans forestiers et des pépiniéristes pour jouer le rôle de relais dans le transfert du savoir-faire.

S. Où peut-on trouver les bons plants ?

A.S. : Vous verrez des plants dans plusieurs endroits à Ouagadougou. Mais pour avoir les bons plants, adressez-vous aux techniciens. Il y a deux catégories de pépiniéristes : ceux formés et suivis par les techniciens, et ceux occasionnels qui profitent de la saison pluvieuse pour se faire de l’argent. Evidemment, ceux qui sont formés et suivis produisent les meilleurs plants. Par ailleurs, certaines personnes importent des plants qui ne conviennent pas au sol ni au climat du Burkina. Ces plants périssent le plus souvent après quelques temps. C’est pourquoi les techniciens sont là pour vous indiquer où trouver les bons plants.

Il faut noter que les plants qui viennent de Banfora et d’Orodara dans des paniers sont de bonne qualité mais mal conditionnés. Un arbre d’un mètre a au moins une racine principale. Le conditionner dans un petit panier empêche ses racines de s’étendre. Si vous plantez un tel arbre, ses chances de survie sont minimes.
Au contraire, si vous ramenez des plantes de Banfora ou d’Orodara, il faut les mettre dans de gros pots pendant quelques temps, afin que leurs racines retrouvent la plénitude de leurs capacités avant de les planter.

S. : Les services des techniciens sont-ils rendus gratuitement ?

A.S. : Oui les services sont gratuits. Cependant, quand un déplacement des techniciens s’impose sur une certaine distance, nous demandons au moins le carburant.

S. : Existe-t-il une réglementation en matière de création de pépinières ou d’importation de plants au Burkina ?

A.S. : N’importe qui ne peut pas se mettre à produire des plants ou à les importer. Il faut au préalable être formé. En principe, il faut une autorisation pour produire. Mais le constat est que cette mesure n’est pas suivie. Sinon, la réglementation existe.

S. : Que conseillez-vousà ceux qui veulent planter des arbres dans leurs cours ?

A.S. : Ce que nous conseillons aux gens, c’est d’abord faire un plan d’aménagement. Il ne faut pas planter n’importe comment. Par rapport au plan de votre cours, venez et nos techniciens vous diront à quel endroit et quels plants planter afin de permettre aux plants de grandir facilement. Les techniciens peuvent vous conseiller aussi dans le choix des espèces de plantes décoratives et les arbres fruitiers, etc.
Il est nécessaire d’étudier le type de sol avant de planter. Planter un manguier sur un sol caillouteux, c’est lui assurer une courte durée de vie. Par ailleurs, si vous voulez planter un arbre devant votre cour, vous devez observer une certaine distance par rapport à la route. Cela évite que l’arbre soit détruit quand il y a un aménagement de la route. En d’autres termes, il faut traiter l’arbre selon ce que vous voulez qu’il soit.

S. : Est-ce possible de suivre les pépinières à Ouaga ?

A.S. : Il y a beaucoup de pépinières à Ouaga et il s’avère difficile de les suivre en même temps. Il y a des associations détentrices de pépinières que nous suivons de près à Ouagadougou et nous vous assurons que les résultats sont très bons. Nous suivons également certains pépiniéristes dans les départements.

S. : N’y a-t-il pas lieu de réguler l’activité pour ne pas permettre à n’importe qui de créer sa pépinière ?

A.S. : Oui. C’est un grand débat et un travail à long terme. Dans le programme de la direction régionale de l’Environnement et du Cadre de vie du Centre, nous voulons d’abord recenser ceux qui produisent les plants. Nous avons une liste mais qui n’est pas exhaustive. Notre objectif est de former tous les pépiniéristes de Ouagadougou.

S. : Quels conseils pour ceux qui organisent les reboisements ?

A.S. : Il y a en qui organisent des "reboisements-télé". Ceux-ci veulent seulement se faire voir à la télévision. Mais aussitôt après, ils abandonnent les plants sans le moindre suivi. Nous n’encourageons pas ces genres de reboisement sans suivi.

Cette année, nous avons été très rigoureux dans le choix des endroits à reboiser et du nombre de plants. Nous avons envoyé des techniciens sur certains sites pour voir si les trous sont bien creusés et si le nombre de plants souhaités peut être respecté. A titre d’exemple, une association est venue nous contacter dans l’objectif de planter 20 000 arbres. Quand nos agents sont allés voir le terrain, ils ont dénombré seulement 200 trous. Avant d’aider les organisateurs, nous imposons certaines conditions. Il faut qu’ils nous rassurent du suivi et de la protection des plants.

Enfin, nous demandons aux organisateurs de planter utile. L’arbre c’est la vie, dit-on. Nous encourageons donc les populations à planter des arbres. Nos techniciens sont là pour vous aider à planter des arbres utiles qui dureront longtemps.

Propos recueillis par Noël Pierre SCIAN
(Stagiaire)


Une histoire d’escroquerie

Pour une escroquerie, ç’en est une. Un pépiniériste aurait abusé de la naïveté d’un client en lui vendant une plante à 30 000 F. Vente aux enchères ou surenchère ? Pour sûr, le client s’est rendu compte, quelques temps après avoir acheté la fameuse plante, qu’il a été dupé. En effet, le vendeur avait pris le soin de parfumer la plante et la terre qui la fixe pour appâter le client. Il avait vanté les qualités de la plante et mis en relief la senteur qu’elle dégage.

Le client remarqua par la suite que la plante ne dégageait plus d’odeur. Et pire, se fanait. Il a fallu l’intervention des techniciens de l’environnement pour sauver cette plante d’une mort certaine. La moralité de cette histoire est que, comme le diraient les Latins "Qui pengit florem, non pengit flores odorem" (qui peint une fleur, ne peut peindre son odeur). Ainsi qui vend une fleur ne vend pas son odeur ! Pour éviter de telles mésaventures, le recours aux services techniques doit être de mise.

N.P.S.
(Stagiaire)

Sidwaya

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