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Système D : La vie est chère, mais les habitudes ont la peau dure

Publié le lundi 18 août 2008 à 13h02min

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Cabri mort n’a plus peur du couteau, dit-on. Au Faso, comme ailleurs, la vie chère n’est pas venue à bout des habitudes acquises qui ont manifestement la peau dure. Le scénario actuel est identique à celui de la dévaluation du franc CFA qui n’a pas pour autant dévalué le niveau de vie des Burkinabè. Bien au contraire, ils se sont vite réévalués eux-mêmes, parfois même à la hausse.

On a beau dire que plus de 40% des Hommes intègres (les vrais) vivent en dessous du seuil de pauvreté, rien qu’à voir le train-train de certains, la question de la vie chère n’est en fait qu’une question d’ambiance générale. Les maquis, les bars, les restaurants et les boîtes de nuit ne désemplissent pas. Les chiffres d’affaires des stations d’essence ne sont pas non plus catastrophiques. On en construit d’ailleurs chaque jour dans les quartiers périphériques.

Les vendeurs de « France au revoir » et des engins à deux roues se frottent toujours les mains, malgré la hausse du prix du baril de pétrole. Les magasins et les boutiques sont toujours achalandés. Les mariages, les baptêmes, les doua et les messes ont toujours leur luxe et leurs lustres d’antan. Si une enquête était diligentée, on se rendrait compte qu’aucun citoyen n’a effectué un retour précipité au village pour changer de résidence ; pas plus que les commissions d’affectation des départements ministériels n’ont enregistré des demandes d’affectation en provinces. Bien au contraire, comme d’habitude, les requêtes les plus nombreuses sont celles qui visent à rapprocher les demandeurs des centres urbains où la vie chère est censée être la plus chère.

Dans ce contexte, toute la littérature sur les mesures personnelles et individuelles à prendre pour faire face à la vie chère n’est que du vent qui entre par une oreille et ressort par l’autre. Ainsi, les conseils du genre « consommer local », « diminuer les courses », « opter pour les transports en commun » se révèlent comme des provocations chez des citoyens qui n’entendent pas reculer d’un seul pouce sur le terrain des avantages acquis de leur train de vie.

Les revendications pour une augmentation des salaires étant restées sans suite chez les travailleurs du public et du privé, on se demande où ces derniers ont trouvé le ressort nécessaire pour maintenir leurs têtes hors de l’eau. Difficile de croire qu’ils puisent dans leurs réserves, eux dont les comptes en banque sont tapissés de découverts. Il faudra donc espérer que ces signes extérieurs de maintien - même artificiel - du train de vie ne soient pas la résultante de l’application d’un système « D » pas catholique.

Contraints à ne jamais faire autre chose que de l’agriculture sous peine de sanction, des serviteurs de l’Etat qui peinent à arrondir les fins de mois ont trouvé néanmoins les moyens de faire des affaires non seulement dans le dos, mais surtout sur le dos de l’Administration. L’effet boomerang du phénomène de la vie chère n’est peut-être pas celui qu’on croit.

Journal du jeudi

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