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L’imperium russe

Publié le jeudi 14 août 2008 à 11h05min

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“L’Ours” russe a toujours les griffes bien acérées, ce dont nous venons de nous rendre compte à l’occasion du dernier conflit caucasien qui l’a opposé à la Géorgie en particulier et à l’Occident (au plan diplomatique) en général. Après avoir en effet défait les troupes géorgiennes (la moindre des choses) en Ossétie du Sud et fait peur aux habitants de la capitale Tbillissi avec quelques vols en rase-mottes et des bombes lâchées au bon endroit, Moscou a accepté le plan de paix “bâtard” proposé par l’Union européenne par le biais du Français Nicolas Sarkozy.

Un plan de paix hybride en ce qu’il ne prend pas en compte les intérêts géorgiens, Bruxelles entérinant quasiment la situation de fait créée par la guerre, à savoir l’occupation de l’Ossétie du Sud (le Nord est déjà sous coupe réglée) par la Russie. Tout juste Nicolas Sarkozy a-t-il obtenu des Russes qu’ils arrêtent leurs bombardements.

Si Moscou a fait grâce à cette demande, il semble cependant que lesdits bombardements continent pour “normaliser” davantage la situation et rendre durables, sinon pérennes les effets de cette guerre impériale. La diplomatie européenne ne devra donc pas se gargariser outre mesure des résultats obtenus par Sarkozy, d’autant que le même Sarkozy a fait faux bond lors de la manifestation solidaire “anti-russe” organisée à Tbillissi avec l’appui de certains chefs d’Etat de la région. (Balte, Polonais et Ukrainien notamment). Sarko ne voulait pas fâcher Moscou et faire capoter complètement sa mission diplomatique. Il nous revient du reste que lors des discussions, le maître de la Russie, Vladimir Poutine a eu des mots très durs à l’endroit des Occidentaux, leur demandant presque de se tenir à l’écart des affaires “intérieures” russes.

C’est que dans ce conflit, Moscou jouait son rang au sein de la communauté internationale. Avec une zone d’influence fortement réduite en Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin et les compromissions de Mikaël Gorbatchev, Moscou n’a plus que son dernier pré-carré constitué des Etats baltes comme “rempart” à l’influence occidentale. Elle ne peut donc accepter qu’il y ait des “trous” dans ce bouclier, car cela entraînerait à terme une “vassalisation” difficile à supporter pour la superpuissance militaire qu’elle continue d’être. Poutine a donc frappé fort et au bon moment, et Sarkozy et les Européens se sont couchés devant le fait accompli. Si Washington semble absent du dossier, c’est parce que comme nous l’indiquions lundi dernier, Bush n’a plus de prérogatives militaires. Du reste, en aurait-il qu’il lui serait difficile de déclencher une riposte qui pourrait entraîner une conflagration aux conséquences insoupçonnées.

Défaite en Asie centrale avec la perte de l’Afghanistan (quoique ) absente de l’Afrique depuis que l’Angola, le Mozambique sont tombés dans le giron occidental, la Russie montre à travers cette guerre du Caucase qu’il faut néanmoins compter avec elle dans le “grand jeu”. Un jeu dans lequel elle a le soutien de Pékin, en vertu de la règle qui veut que “les ennemis de nos ennemis sont nos amis” La Chine elle aussi ne voit pas d’un bon œil cette poussée américaine au Caucase car, à terme, c’est son “encerclement” qui est prévu. C’est en effet elle “l’ennemi public” numéro un avec son milliard et demi d’habitants, son industrie en plein essor et sa force militaire impressionnante. Rien à dire, la lutte pour le leadership mondial promet des péripéties houleuses au cours du prochain quart de siècle.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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