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Campagne agrcole 2008-2009 au Centre-ouest : Plus de 1 400 hectares de riz emblavés

Publié le jeudi 14 août 2008 à 11h19min

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La campagne agricole 2008-2009 a démarré timidement dans la région du Centre-Ouest. Mais les fortes pluies enregistrées ces derniers temps permettent d’affirmer, sans risque de se tromper, que la situation agricole est reluisante et suscite beaucoup d’espoir pour le monde rural. Pour en savoir davantage sur cette compagne, nous avons rencontré les 28 juillet et 4 août 2008 des techniciens des services de l’agriculture et certains producteurs du sanguié et du Boulkiemdé.

"La campagne agricole 2008-2009 s’est timidement installée dans les provinces du Boulkiemdé et du Sanguié. C’est dans la deuxième décade du mois de juillet que des quantités importantes d’eau ont été enregistrées, permettant l’installation définitive de la campagne", a déclaré Maurice Yaméogo, chargé de suivi évaluation à la direction régionale de l’Agriculture du Centre-Ouest. Pour ce dernier, il n’y pas d’inquiétude pour le moment car toutes les zones ont enregistré des quantités importantes d’eau et les opérations culturales se déroulent bien. Les stades phénologiques ne sont pas en reste. Des excédents pluviométriques allant de +0,3 à 128 mm d’eau ont été enregistrés à partir de la première décade du mois de juillet dans plusieurs postes. La 2e décade du même mois a été marquée par l’enregistrement de précipitations qui vont de 32,3 mm à 262 mm d’eau, a fait savoir le chargé de suivi évaluation. Selon M. Yaméogo, une bonne répartition pluviométrique a été également observée. Concernant les cumuls saisonniers, tous les postes du Boulkiemdé et du Sanguié sont excédentaires, allant de +19 mm à +316,5 mm de pluie, a-t-il confié. Cependant, fait-il savoir, 3 postes du Ziro et 3 de la Sissili sont déficitaires contre 3 postes excédentaires pour les deux provinces. Les semis sont terminés, sauf ceux de niébé et de sésame. Ils ont été bien exécutés et ont été suivis d’une bonne levée, a-t-il ajouté. ‘’La campagne 2008-2009 est comparable à celle de l’année précédente car nous étions à cette même période au stade levée-montaison et croissance’’, a fait savoir le chef de la section suivi évaluation.

M. Yaméogo a exhorté les producteurs à mettre en application les connaissances acquises à travers les différentes formations reçues et à utiliser à bon escient tous les produits agricoles mis à leur disposition pour améliorer la production.

Une campagne prometteuse.

Cette campagne qui se veut exceptionnelle à travers l’utilisation des semences améliorées, des engrais et du matériel agricole promis aux producteurs par l’Etat et ses partenaires à coût subventionné est très prometteuse, à en croire les techniciens de l’agriculture. Selon Louba Dakio, chef de la section Aménagement et Développement de l’irrigation à la DRAHRH, et intérimaire du chef du service de l’Aménagement et des Productions agricoles, d’importantes quantités de semences et d’intrants ont été mises à la disposition de la région pour permettre aux producteurs d’accroître leurs rendements. Ces quantités sont : 148 285 kg de riz, 22 300 kg de soja, 398 950 kg de maïs, 27 684 kg d’arachide, 21 500 kg de niébé, 16 800 kg de sorgho, 396,15 t de NPK sur un total de 538,15 t attendues et 15, 150 t d’urée sur 165,150 t attendues. Une grande partie des superficies emblavées seront réalisées en semences améliorées. Ce qui va contribuer à l’accroissement des rendements de la présente campagne mais aussi de celle à venir, a fait savoir M. Dakio. Toujours dans l’optique d’améliorer les rendements, il a été prévu une opération fosse fumière pour laquelle la région compte produire plus de 1,6 million de tonne de matières organiques, nous a confié Louba Dakio. Le chef de section aménagement a également soutenu que pour réussir l’opération, les producteurs avaient été (et continuent d’être) formés. Concernant la production du riz, il a signifié que des sensibilisations à travers des émissions radiophoniques avaient été menées pour inciter les producteurs à la culture de cette céréale. Ces sensibilisations ont, a-t-il relevé, porté fruit car les producteurs ont aménagé plus de superficies que les années précédentes, à savoir 1 482 hectares de riz pour l’ensemble de la région. Même si tous les produits promis par l’Etat et ses partenaires ne sont pas encore à la disposition des paysans, il faut noter que beaucoup d’efforts ont été (et continuent d’être) faits. A l’heure actuelle, 5 producteurs de la région ont déjà acquis leurs tracteurs et 13 demandes de crédit sont en instance. Pour ce qui est du coût des intrants, le sac de 50 kg de NPK est cédé aux paysans au comptant à 13 500 F CFA contre 18 000 F CFA sur le marché, celui d’urée à 12 500 F CFA. Cela, grâce à la subvention de l’Etat, a précisé l’intérimaire Dakio qui a invité les producteurs à l’intensification de la production, à l’aménagement des terrains et à l’usage des fumures organique car il n’est pas envisageable d’accroître les rendements par l’augmentation des superficies emblavées, cela du fait de la démographie galopante au Burkina.

Selon les prévisions des techniciens, la campagne sera pluvieuse. C’est pourquoi le chef de la section Aménagement a invité les agriculteurs à prendre des précautions pour qu’en cas d’inondations ils ne perdent pas toutes leurs récoltes et leurs habitations.

Les produits agricoles subventionnés très attendus.

Du côté des producteurs, on fonde beaucoup d’espoir sur cette campagne. Selon Elisé O. Bambara du Sanguié, la pluviométrie de cette année est très bonne mais les produits agricoles subventionnés par l’Etat, en particulier les semences améliorées et les engrais, ne sont toujours pas une réalité au Sanguié. Ce jeune producteur dit avoir été formé au Centre de promotion rurale de Goundi aux techniques agropastorales. Malgré l’absence de semences améliorées, il n’a pas croisé les bras. Il a fait recours à son savoir pour améliorer son rendement en utilisant des matières organiques. ‘’Je pensais qu’avec la formation que j’ai reçue, l’Etat allait m’appuyer, mais je suis laissé à moi-même et sans moyens me permettant de valoriser mes connaissances. Je suis comme un grain de sable qu’on a jeté dans la mer’’, a martelé le jeune Bambara. Il a demandé au gouvernement burkinabè de faire en sorte que les mesures prises en faveur des paysans soient appliquées comme il se doit. ‘’Les pluies sont abondantes cette année. Ce que nous déplorons, c’est le fait que nous n’ayons pas encore reçu de quoi améliorer la production. On a eu vent des semences améliorées et des engrais mais, jusque-là, nous ne savons pas où on peut se les procurer’’, a fait savoir Placide Bationo, producteur au Sanguié. Pour lui, les paysans traversent une période difficile à cause de la vie chère. Il a, par ailleurs, souhaité que l’Etat leur vienne en aide afin qu’ils puissent traverser cette période dite de soudure. Jean-Pierre Bayala, agriculteur de la même localité, a embouché la même trompette que ses précésseurs. De l’avis de ce dernier, la campagne 2008-2009 est assez appréciable par rapport à celle de l’année écoulée à cette même période. Il a émis le vœu que la pluviométrie se poursuive correctement afin que les récoltes soient bonnes. La vie chère est beaucoup ressentie au niveau des paysans car beaucoup n’ont rien récolté l’année passée de fait de l’arrêt prématuré des pluies. Cette dure réalité fait que les paysans sont déjà dans une période de crise alimentaire, a indiqué Bernabé Bayala, également producteur au Sanguié. La pluviométrie est, certes, bonne mais il faut avoir de quoi manger pour pouvoir travailler, a-t-il souligné.

Vu l’engagement des agriculteurs sur le terrain pour améliorer les rendements on peut aisément affirmer que le message du gouvernement visant l’amélioration des rendements, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Sorgho, petit mil, arachide, haricot, niébé, soja ... sont les différentes variétés de semences utilisées par les producteurs dans l’espoir d’accroître les rendements. Il ne reste plus qu’à souhaiter que le ciel soit clément pour que les semis arrivent à terme.

Pourvu que la pluie soit au rendez-vous

Au niveau du Boulkiemdé, certains producteurs disent avoir utilisé les semences améliorées dont l’état d’évolution, pour heure, est satisfaisant. C’est le cas de Denis Yaméogo, cultivateur à Nayalgué. Il a aménagé un bas-fond où il a emblavé du riz. Pour ce dernier, l’heure est venue d’intensifier la production de riz, céréale qui coûte de plus en plus cher et donc de moins en moins est à la portée du citoyen moyen. Il a loué l’initiative du gouvernement qui a bien voulu mettre à la disposition des producteurs des semences améliorées et engrais à coût réduit. Téné Yaméogo, cultivatrice à Koudougou, affirme n’avoir pas reçu de semence ni d’engrais pour améliorer sa production. Mais elle espère que le mil, le haricot et l’arachide qu’elle a semés lui permettront de faire une bonne récolte si la pluviométrie se poursuit normalement. Félix Yamba, cultivateur à Guy, a, quant à lui, utilisé la fumure organique. ‘’Pour le moment, la campagne se déroule bien. Mais j’attends la fin’’, a déclaré le paysan Yaméogo, qui a souhaité que le gouvernement fasse en sorte que tous les producteurs puissent avoir des semences améliorées et des intrants car la pluviométrie est devenue capricieuse au point que nombre de cultivateurs n’ont rien récolté l’année dernière. Jean-Baptiste Yaméogo, également cultivateur à Guy, a abondé dans le même sens. ‘’Pour l’instant, il pleut abondamment mais on ne sait pas si ça va continuer ainsi jusqu’à la fin de la campagne", a conclu le vieux paysan.

Par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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