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Séquestration de Henriette Diabaté : Un mauvais présage

Publié le mardi 12 août 2008 à 12h15min

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On aurait aujourd’hui parlé d’elle au passé si elle n’avait pas été sauvée in extremis. Ce furent certainement des moments très pénibles pour Henriette Diabaté, secrétaire générale du Rassemblement des Républicains (RDR), confrontée qu’elle a été à de jeunes assaillants munis d’armes à feu et décidés à en finir avec elle. Les faits se seraient produits dans un hôtel de l’intérieur de sud de la Côte d’Ivoire dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 août 2008, au cours d’une tournée.

Elle prenait un repos bien mérité dans l’hôtel en question, après avoir tenu un meeting à la place publique d’Akoupé. Mais, visiblement, la n°2 du parti d’opposition, le RDR, n’était pas la bienvenue dans la localité. Aux yeux de ses agresseurs qui l’ont séquestrée dans l’hôtel, Henriette Diabaté ainsi que son staff, n’étaient ni plus ni moins que des "assaillants" qu’il fallait faire taire à jamais. Comme on le voit, la campagne n’est pas encore ouverte que, déjà, des menaces de mort sont proférées à l’encontre d’opposants, toutes choses qui augurent d’une campagne présidentielle des moins apaisées. La séquestration de l’ancienne ministre ivoirienne de la Justice est un mauvais présage pour le processus de paix engagé depuis la signature de l’accord de Ouaga, en ce sens qu’elle donne un avant-goût de ce que pourrait être la campagne électorale à venir si l’accent n’est pas mis sur la sécurisation des élections.

Il n’y a pas autre terme pour qualifier une telle barbarie. C’est de l’intolérance politique, qui devrait interpeller tous les acteurs politiques ivoiriens. Il faut éviter un nouvel affolement de l’histoire. Chaque parti devrait, pour cela, travailler à prémunir le pays contre les périls qui le guettent, en commençant par inculquer à ses militants la culture de la tolérance ; mais aussi le sens du respect des opinions contraires, si tant est que celles-ci s’inscrivent dans le courant du débat démocratique.

Chacun, à quelque niveau qu’il soit, doit savoir jouer balle à terre ; toujours éviter de jeter l’huile sur le feu. Aussi serait-il plus sage pour chaque camp de ne pas céder à la tentation de répondre à la provocation pour tomber dans le piège des ennemis de la paix. Qu’ils soient invités à…passer leur chemin !

Jusque-là, l’identité des militants "séquestrateurs" n’est pas connue. Toujours est-il que ces visiteurs indésirables pourraient être de simples exécutants. Dans tous les cas de figure, il n’est pas acceptable qu’alors que le ton général est à l’apaisement, des groupuscules visiblement opposés à la paix, en soient à ramer à contre-courant du processus de sortie de crise enclenché.

Incapables de se projeter sur la trajectoire empruntée par les nouvelles colombes de la Côte d’Ivoire, dont Laurent Gbagbo lui-même, ils pourraient au moins s’inspirer de l’exemple du président ivoirien qui n’a pas hésité à aller tendre une main fraternelle à ses anciens "ennemis" du Nord, dans la quête d’une réconciliation véritable et d’une unité nationale retrouvée.

On ne saurait évoquer la responsabilité des politiques ivoiriens dans le retour à la paix sans penser aussi à celle des médias ivoiriens qui ont un rôle capital à jouer. A cela il faut ajouter celle des collectivités territoriales. Maires, préfets et autres représentants de l’Etat central devraient prendre des dispositions et adopter des comportements qui participent à la bonne tenue des élections à venir.

Enfin, il faut se féliciter du comportement républicain des forces de l’ordre, notamment l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale (UIGN). Elle aura grandement contribué à sauver Henriette Diabaté qui a été exfiltrée de l’hôtel d’Affery de justesse, avant d’être héliportée à Abidjan.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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