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Transports interurbains : Voyager coûte désormais la peau des fesses

Publié le jeudi 7 août 2008 à 11h09min

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Le 14 juillet 2008, lors d’une conférence de presse, le SG du ministère du Commerce, Jean Claude Bicaba, annonçait une augmentation des prix des hydrocarbures. Ainsi, et à titre d’exemple, le super 91 est passé de 670 à 720 F CFA, le gasoil de 603 à 695. Effet collatéral, environ deux semaines plus tard, les compagnies de transport routier de voyageurs haussent à leur tour leurs tarifs.

C’est la période des vacances et ça voyage dans tous les sens. Il y a une semaine, un de nos confrères nous confiait qu’il devrait se rendre bientôt à Bobo-Dioulasso passer quelques jours avec sa famille. Un petit sacrifice en-soi puisque, au bas mot, il devait débourser pas moins de 50 000 francs CFA pour l’aller-retour des cinq membres de sa maisonnée. Sans compter les frais de séjour sur place.

A le voir râler comme une vieille locomotive, on partageait son amertume. Mais celle-ci sera encore plus grande lorsque, renseignements pris quelques jours après, il se rendit compte que le prix du ticket Ouaga-Bobo était passé de 5 000 à 7 000 F CFA. Du coup, il devra donc payer 70 000 F CFA pour que son petit monde puisse se rendre dans la ville de Sya et en revenir.

Mercredi 6 août 2008, il est 10h40 et nous sommes au siège de la Société de transport mixte Bangrin (STMB) à Dapoya. Pendant que des passagers attendant d’être embarqués devisent ou suivent la télé, d’autres sont occupés à prendre leurs tickets. Quelques-uns prennent un en-cas avant de prendre la route ou font de petits achats.

Des bagages sont toujours entassés un peu partout dans ce qui a des allures d’un vrai Capharnaüm. Une affiche, bien en exergue, informe la clientèle des nouveaux tarifs de la société. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ces changements brusques ?

Le sujet semble tabou à STMB. De la direction au bureau du chef de gare en passant par celui d’un certain Tasséré pour finir dans celui du chef de la gare de nouveau, on nous balade sans que personne ne semble habilité à répondre à la question. Et pourtant, les faits sont là, têtus : depuis le 1er août, les prix du transport interurbain ont augmenté dans cette société de 500 à 2 000 F CFA selon les destinations.

Jean Ouédraogo, le chef de gare, se résoud finalement à délier sa langue : "C’est arrivé un matin, j’ai vu la note de service affichée, et c’est là que j’ai pris connaissance de l’augmentation. Je me dis que c’est du fait de l’inflation du prix de l’essence que mes responsables ont aussi augmenté les tarifs de voyage. Nous, on est là pour exécuter", se contente-t-il de dire, prudent.

Du côté des passagers, on semble résigné face à la situation. Binta Ouéna est en partance pour Dori. Voulant prendre son ticket, elle s’est rendu compte que le prix est passé de 3 000 à 4 000 F CFA. Tout comme Jacques Bouda, de retour de la même localité, elle trouve que l’augmentation est forte, mais "on n’y peut rien, puisqu’on est obligé de voyager".

A la compagnie de transport Rakièta à Larlé, la gare est déserte. Une guichetière nous informe de l’absence du chef de gare ; par conséquent, il n’y a personne pour nous recevoir. Mais le constat est le même : les tarifs y ont également connu une hausse, et ce, depuis le 4 août 2008. A Transport confort voyageurs (TCV), où la mesure est entrée en vigueur le même jour, Aminata Diallo, responsable du service commercial, impute cette augmentation à "la situation générale".

Pour elle, "quand on est coincé, on est obligé. On ne pouvait plus supporter". Mais n’est-ce pas injuste d’élever les prix du transport à ce point vu que le prix du litre d’essence n’a pas augmenté de plus de 100 F CFA ? Là, la responsable commerciale réplique du tic au tac : "Vous dites que le litre d’essence n’a pas augmenté de plus de 100 F CFA, mais combien de litres utilise-t-on pour un voyage Ouaga-Bobo, qui fait 360 km ?".

Mohamed Ouédraogo, en partance pour Bouaké avec cette compagnie de transport, trouve la hausse justifiée : "C’est normal. On comprend. Même si c’est un peu trop, on n’y peut rien. On va beau marcher, manifester, ce sera toujours le même problème. D’ailleurs, les premières personnes à manifester se retrouvent à la MACO".

Voyager coûte donc désormais la peau des fesses et pas seulement parce qu’on est en position assise pendant de longs trajets mais aussi parce qu’on se ruine littéralement dans les déplacements.

Alima Koanda
Jean-Marie Toé (stagiaires)


Bonaventure Kéré : "Nous laissons le libre choix à chaque compagnie de fixer ses tarifs"

Nous avons aussi rencontré le président du Syndicat national des transporteurs routiers et voyageurs du Burkina (SNTRVB), Bonaventure Kéré, pour savoir si sa structure était impliquée dans l’augmentation du prix de transport.

Explication : "Nous sommes au courant de la hausse des prix de transport, parce qu’il y a une augmentation de tous les intrants, c’est-à-dire les pneumatiques, les pièces détachées et, bien sûr, le carburant. Cela induit obligatoirement une augmentation des taxes.

Donc le prix du transport ne pouvait qu’augmenter également. Mais, comme vous le savez, la loi nous interdit de nous concerter pour fixer les tarifs de transport. Alors chacun a augmenté ses prix conformément à ses coûts de revient. C’est une logique commerciale, qui veut que quand vous achetez quelque chose vous mettiez une marge bénéficiaire sur le coût de revient.

C’est-à-dire qu’on n’a pas convoqué une AG pour décider de l’augmentation. Je vous informe d’ailleurs que le transport de marchandises va également subir une hausse. Au moment où on augmentait le prix du carburant à la pompe, celui du baril était à 140 dollars, mais aujourd’hui il est à 118. Est-ce qu’au vu de cela, le gouvernement a baissé le prix à la pompe ? S’il le fait, les transporteurs aussi vont diminuer leurs tarifs".

A.K. J-M. T. (stagiaires)

L’Observateur

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