Des vacances gouvernementales avec, comme on le susurre depuis des mois, un remaniement suspendu en l’air, sujet sur lequel le grand sachem a eu ces mots : "Pourquoi vous êtes pressés ? Attendez qu’on revienne des vacances...".

Est-ce les quelques jours de repos qu’il va s’accorder qui font que le président du Faso était "happy" ce 4 août, en arrivant au palais de Koulouba ? Peut-être ! En tout cas, c’est un Blaise Compaoré tout sourire qui est arrivé ce jour-là pour recevoir un émissaire de son homologue soudanais, avant de présider le dernier Conseil des ministres avant les vacances.

Que fera-t-il de ses prochaines semaines sabbatiques ? "Nous allons planter des arbres, c’est important pour le Burkina... nous allons avoir également une rencontre au sommet entre la Turquie et l’Afrique, qui se tiendra au milieu du mois d’août... nous allons, parallèlement aux travaux de ce sommet, visiter l’intérieur de ce pays".

Le président du Faso joindra l’utile à l’agréable donc au pays d’Attaturk, notamment à travers des échanges avec les premiers responsables (tels Tayep Erdogan, Abdullah Gul) d’une Nation qui aspire à entrer dans l’Union européenne.

Avec le départ de Djibrill Bassolé comme médiateur de l’UA et de l’ONU au Darfour, l’opinion s’attend à un lifting, sinon à un remaniement de fond en comble de l’équipe actuelle. Quand est-ce que cette opération, qu’on dit imminente, surviendra-t-elle ?

Rires suivis de cette réponse du chef de l’Etat : "Vous êtes pressés ? Attendez qu’on revienne des vacances pour nous poser cette question". Ainsi donc, le remaniement aura lieu, mais de retour de vacances. Encore qu’avec Blaise, toutes les options restent possibles, et, comme il aime toujours surprendre, héritage sans doute de sa carrière de militaire...

Quant aux vacances premier ministérielles, elles seront essentiellement "famille" et champêtres : "J’irai dans la sous-région pour une semaine avec ma femme et mes enfants. Je ne suis pas que Premier ministre, je suis aussi père de famille. Je reviendrai ensuite pour encourager les paysans burkinabè. Je serai aux côtés du ministre de l’Agriculture, j’ai fait un programme avec lui et certains ministres pour ce travail", a laissé entendre Tertius Zongo.

Laurent Sédogo : s’il y a bien quelqu’un dont les vacances se mêleront aux préoccupations relatives à l’hivernage, c’est Laurent Sédogo, en charge de l’Agriculture : "Dans mon esprit, il n’y a pas de vacances en hivernage. Nos prévisions sont bonnes, un peu partout l’optimisme est permis, mais attendons de voir", a-t-il affirmé.

Il faut signaler que, si certains ministres se sont prêtés aux questions des journalistes sur la question de l’ameublement de leurs vacances, certains l’ont fait de mauvaise grâce et d’autres se sont tout simplement éclipsés. Il est vrai que, même pour nous, les journalistes, ces genres de reportages (vacances et rentrée gouvernementales) sont devenus des marronniers, les ministres nous entonnant la même antienne. Mais enfin ...

Yéro Boly : ainsi, il a fallu courir après Yéro Boly, qui passera ses vacances dans son champ et dans son verger à Sapouy avec ensuite une virée au Togo et au Ghana. Il n’oubliera pas pour autant les dossiers brûlants, tels l’envoi des contingents burkinabè (Laafi, Benkadi et Deoural) au Darfour et les réformes de l’application des armées.

Jean-Pierre Palm : le ministre des Sports passera ses vacances à Bobo et au village.

Jacques Guéda, en charge de la Prospective, ignore où il va se la couler douce.

Sékou Bâ, en charge des Ressources animales, affirme qu’il passera ses vacances aux alentours de Ouaga, dans les champs, puis à l’extérieur du Burkina.

Vincent Dabilgou, patron de l’Habitat et de l’Urbanisme, cogitera sur les dossiers actuels et effectuera une visite dans son fief, à Bogandé.

Zakalia Koté, le garde des Sceaux, est plutôt préoccupé par la gestion du vaste mouvement de magistrats, qu’a décidé le Conseil supérieur de la magistrature, rendu public par la dernière réunion des ministres. De même, il veut suivre le code de déontologie des magistrats, adopté récemment par le même Conseil supérieur des magistrats.

Mamadou Sanon : le ministre du Commerce ne sait pas encore où il ira, étant revenu récemment d’un long séjour à l’extérieur.

Kader Cissé des Mines et des Carrières restera au Burkina pour "voir ses dossiers".

Assane Sawadogo, le patron du département de la Sécurité, profitera de ses vacances pour exécuter une mission au Canada, restée en suspens, et passera une semaine au village.

Clément P. Sawadogo de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ira, tout comme son collègue de la Défense,à Sapouy visiter son champ et son verger, où habite son père. Il a fait siennes les recommandations du P.F. et du P.M. relatives à ce qu’on peut appeler l’opération "un ministre, un champ" "pour lutter contre la vie chère".

Justin Koutaba de la Jeunesse et de l’Emploi sera, selon lui, à Yoatenga, où se trouvent son champ et sa ferme.

Salif Sawadogo, ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, à l’instar de Laurent Sédogo, parcourra le Burkina pour planter des arbres.

Pascaline Tamini (Action sociale), sibylline, dira qu’elle va "scruter le ciel pour voir, ensuite j’irai dans mon champ".

Filippe Sawadogo occupera ses vacances à Kibou, un secteur de Yako, où végète "le verger familial, qui a 60 ans, et qui gagnerait à être revigoré". Il sera aussi présent dans son champ de maïs à Mandoulou, à 12 km de Yako.

Odile Bonkoungou du MEBA fera un voyage au Maghreb pour "un repos bien mérité".

Jean-Baptiste Compaoré est, quant à lui, préoccupé déjà par le budget 2009, car "tant qu’on ne l’a pas finalisé, on n’est pas tranquille". Ses vacances, il les passera dans son champ, car "on nous a donné des instructions pour que chacun ait son champ". Et à la question de savoir où se trouve celui du grand argentier, un long rire, puis la réponse "je vous dirai cela plus tard".

On l’aura donc remarqué, à en croire ceux qui nous gouvernent, ces vacances seront pratiquement champêtres et voyages sous-régionaux, en attendant la rentrée, où beaucoup seront fixés sur leur sort.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur