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Guinée Conakry : Un bateau ivre

Publié le mercredi 6 août 2008 à 11h20min

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En l’espace d’un week-end, l’indétrônable Lansana Conté vient de confirmer tout le mal que l’on disait de son pays. Une gestion scandaleuse de la chose publique digne d’une république bananière. Sam Mamadi Soumah , un des proches du président Conté, a perdu lundi son troisième poste en trois jours. Vendredi dernier, il était encore Secrétaire général de la Présidence de la République de Guinée.

De ce poste prestigieux et envié par les courtisans du président, il est bombardé Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, ensuite ministre d’Etat le dimanche pour enfin être limogé le lundi pour "abandon de poste" à la tête de la même Caisse. C’est à y perdre son latin. Mais en Guinée, c’est dans l’ordre normal des choses. C’est le chef de l’Etat lui-même qui a signé tous ces décrets de nomination et de limogeage. Jouissait-il de tous ces esprits à ce moment-là ?

On peut en douter. Mais pour autant, l’on n’est pas sorti de l’auberge. Cela voudrait dire que l’homme que l’on sait grabataire depuis quelque temps est manipulé par des gens tapis dans l’ombre, qui utiliseraient la signature du président de la république pour régler les comptes à leurs adversaires. Et à ce rythme, il n’est pas surprenant qu’un jour, l’homme signe une déclaration de guerre avant de faire volte-face.

Ce mélodrame dans un Etat déliquescent est la manifestation possible d’une guerre larvée entre les proches de Conté, qui jugent que le chaos de l’Etat leur autorise toutes sortes de manoeuvres. L’ancien ministre de la communication est bien payé pour expliquer la méthode Conté, lui qui en a été la précédente victime.

Dans l’hypothèse où il jouirait de toutes ses facultés, la désinvolture avec laquelle il fait et défait les hommes autour de lui est plus qu’inquiétante pour ce pays en quête de stabilité et de repère démocratiques. En effet, dans moins d’un an, les Guinéens seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants au parlement. Ce cafouillage institutionnel n’augure donc rien de bon. On a bien vu avec le limogeage de l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, que le régime a repris les choses en main. Que vaudrait bien un parlement face à un système de gouvernement qui se ramène aux humeurs du président ? En bon Fama (Notable en dioula), Lansana Conté acceptera-t-il le partage du pouvoir ou plutôt la séparation des pouvoirs, lui qui est plus sensible aux louanges qu’aux débats contradictoires ? Si seulement dans ce cafouillage institutionnel, l’homme signait sa propre démission, le peuple de Guinée lui serait grandement reconnaissant d’un tel acte. Pour le moment, aucun des prédateurs qui entourent le chef de l’Etat, ne semblent avoir intérêt à une telle issue. Mais jusqu’à quand la Guinée sera-t-elle sous le joug d’un régime aussi ubuesque ?

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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