LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Visioconférence sur la crise alimentaire : La Banque mondiale expose son plan à la jeunesse

Publié le lundi 4 août 2008 à 09h33min

PARTAGER :                          

Des responsables de la Banque mondiale ont animé une visioconférence, le jeudi 31 juillet 2008, sur la crise alimentaire mondiale. Il s’est agi d’éclairer la jeunesse africaine sur les causes, les manifestations de la crise mais aussi de présenter le plan de riposte concocté par l’institution monétaire.

D’éminents professeurs d’universités et des économistes de la Banque mondiale ont débattu avec des jeunes d’une dizaine de pays africains dont le Burkina Faso, le Bénin, le Mali et le Sénégal, sur l’origine et les conséquences de la crise alimentaire mondiale. Sur ses origines, on sait que la crise alimentaire provient des fondamentaux de l’offre et de la demande, marquée par une augmentation soutenue de la dernière. Mais, il y a aussi le relèvement du niveau des pays émergents comme la Chine et les demandes additionnelles en biocarburants, encouragées par des politiques de subventions. Ensuite, la restriction des exportations des grands pays producteurs ( Inde, Thaïlande, Viêt-nam, Philippines) de céréales, notamment de riz, ont précipité le marché.

Ces causes aggravantes induisant une flambée des prix (700 à 1100 dollars /tonne de riz) risquent de compromettre une décennie de croissance économique sans précédent sur le continent, préviennent le Pr Caty Mar Sylla de l’université de Dakar et Mamadou N’doye économiste à la Banque mondiale. "Entre 1996 et 2006, les pays africains ont enregistré des taux de croissances sans précédent du PIB, avec une baisse du taux de pauvreté qui n’a rien à voir avec la perception de la pauvreté. Pour l’Afrique subsaharienne, cette dynamique a été interrompue par la flambée des cours du pétrole, accentuée par celle des denrées alimentaires. La trajectoire des OMD étant même hypothétiquée", estiment les deux conférenciers.

Pour eux, la Banque mondiale, qui veut vaincre la pauvreté, n’est pas indifférente à ce phénomène qui vient d’annihiler une décennie de vitalité économique.
Cette crise menace au niveau global la stabilité macro-économique et les revenus. En effet, la distribution des revenus semble compromise par la hausse de la pauvreté à cause de la baisse des revenus des ménages. D’autant plus que les pauvres consacrent 75% de leurs revenus à l’alimentation. Mais ces risques, très importants à court terme, peuvent constituer une opportunité par contre sur le long terme. C’est pourquoi, contre cette crise qui a eu pour effets des émeutes de la faim dans de nombreux pays francophones (Burkina Faso, Mali, Sénégal, la Banque mondiale propose un plan en dix points. Il s’agit d’appuyer le Programme alimentaire mondial à boucler ses besoins de financements estimés à 5 ou 6 milliards de dollars. De plus, le PAM doit s’approvisionner sur les marchés locaux, tout en renforçant les actions de protection sociale en faveur des couches vulnérables.

Le plan suggère d’aider les producteurs agricoles des pays pauvres à s’approvisionner en semences améliorées et en intrants pour les prochaines campagnes. Car pense la Banque mondiale, ce type d’appui sera bénéfique à court terme, dans l’augmentation des rendements.

Elle préconise pour cela de relancer l’agrobusiness, d’encourager les politiques structurelles tout en aidant les pays à asseoir des instruments pour prémunir le monde paysan des chocs climatiques (séchéresses, inondations, ...). L’agence onusienne estime utile de mener un plaidoyer et un lobbying pour l’abandon des subventions accordées aux cultures destinées aux biocarburants et des restrictions des exportations de céréales. Les autres points concernent l’abandon des subventions accordées aux cotonculteurs occidentaux, l’équité dans le commerce mondial et donc l’achèvement des négociations sur le cycle de Doha à Genève (Suisse) et la coordination d’une action collective au plan mondial contre la crise. Pour les conférenciers, ces instruments peuvent avoir des impacts à courts termes s’ils ne sont pas annihilés par des politiques de subvention.

Ce plan peut aider les pays pauvres à sortir de la crise en protégeant les plus vulnérables et en maintenant les opportunités créées, poursuivent-ils. Déjà, la Banque mondiale s’est engagée à débloquer 100 millions de dollars en raison de 10 millions par pays pour le Burkina, le Malawi, Madagascar et bien d’autres nations. Elle entend doubler son aide au secteur agricole de 450 à 800 millions de dollars en Afrique, 250 à 450 millions de dollars pour l’Amérique latine. De même que les prêts destinés aux couches vulnérables et les structures sociales vont passer au double. Un fonds fiduciaire de 200 millions de dollars est également prévu pour fournir une aide rapide aux pays et aux territoires les plus fragiles et les plus touchés qui n’ont guère de possibilités de lever rapidement des capitaux.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)