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A quand les indépendances ?

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h25min

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Le mois d’août marque celui de la célébration des anniversaires d’indépendances dans de nombreux pays francophones d’Afrique de l’Ouest. 1er août pour le Bénin, 3 août pour le Niger, 5 août pour le Burkina Faso, 7 août pour la Côte d’Ivoire...Ce jour-là des citoyens d’un certain âge de ces Etats sus-cités se rappellent du vent de la liberté. Les Voltaïques, aujourd’hui Burkinabè gardent en mémoire l’image de leur premier président, Maurice Yaméogo descendant de l’avion avec la mallette contenant l’acte d’indépendance.

Des moments d’émotion arrachés avec tant de larmes, de sueurs et de sang. L’histoire de la Haute-Volta contient des péripéties révélant à la fois le courage de ses habitants et leur aspiration à l’unité. Colonie française en 1919, ce pays a été disloqué en 1932 et réparti entre la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger. L’abnégation de ses leaders politiques et de ses chefs coutumiers de l’époque a permis sa reconstitution en 1947. Le 11 décembre 1958, la Haute-Volta est proclamée république avant d’accéder à l’indépendance le 5 août 1960. Le petit pays de 274 200 km2 revient de loin. Le colon n’était plus là avec son fouet pour les travaux forcés dans lesquels les Voltaïques se sont brillamment illustrés sur les sentiers du développement dans la sous-région francophone.

Maintenant le nouvel Etat indépendant doit tracer lui-même les sillons de son avenir. Très tôt, le premier régime va être mis face à ses responsabilités dans la gestion de la chose publique. Les différents dysfonctionnements et autres manquements ont conduit au "soulèvement populaire" du 3 janvier 1966. Et depuis, la Haute-Volta devenue Burkina Faso le 4 août 1984 a vu sa marche vers le progrès être jonchée d’Etats d’exception et de régimes démocratiquement élus. Même si le pays a renoué avec une vie constitutionnelle depuis dix-sept (17) ans, il reste toujours aux prises aux mots "liberté, responsabilité, souveraineté". Il est indéniable que les Burkinabè d’aujourd’hui jouissent d’une plus grande liberté et leur chef de l’Etat se positionne au fil des ans comme un porte-flambeau incontournable dans la promotion de la paix dans le monde.

Toutefois, en dépit des efforts consentis pour construire un pays politiquement, économiquement et socialement viable, la responsabilité des dirigeants se trouvent engagé dans la répartition équitable des richesses et la conduite des chantiers de développement à l’échelle nationale. En dehors de son caractère diplomatique, le mot souveraineté perd souvent de sens quand il s’agit d’opérer les choix politique, alimentaire, économique ou commercial. Un demi-siècle après. "Les soleils des indépendances" ont du mal à éclairer toutes les voies d’un sursaut national vers le progrès.

Des contradictions sociales, économiques et politiques persistantes entravent l’attelage "liberté, responsabilité, souveraineté" et partant, la recherche du développement à l’unisson. Car être indépendant, c’est montrer ses capacités à se frayer soi-même efficacement et durablement le chemin du bonheur. C’est compter sur ses propres forces pour se donner une place respectable dans le concert des nations. Autrement, l’indépendance demeure un vain mot.

Jolivet EMMAÜS (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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