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Gestion des crises au Burkina : Quand l’Etat se débine

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h29min

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Pourquoi au Burkina, les dossiers ou contentieux les plus simples prennent du volume, enflent démésurément au point de devenir des "affaires" qui pourrissent le climat social parfois sur fond de violences et toujours de règlements de compte ? C’est le triste constat que n’importe quel observateur est en mesure de faire, sans être un sociologue averti ou un analyste de renom.

Comme pour tout compliquer, une crise de confiance s’est durablement installée entre les gouvernants et les gouvernés, rendant complexe la résolution du plus petit des problèmes. A la moindre étincelle, on crie au feu et tout de suite, au lieu de confier la gestion du dossier aux structures étatiques érigées dans cette logique, ce sont plutôt des personnes ressources, telles les autorités coutumières et religieuses, qui sont interpellées. Et finalement, parce que le règlement de ces crises ne suit pas la voie normale des institutions républicaines , celles-ci ne sont jamais endiguées pour de bon. Le feu couve toujours sous la cendre, prêt à s’attiser au premier courant d’air.

Les administrés ainsi désabusés face à une administration qui ne peut plus résoudre leurs problèmes n’ont d’autres recours que la violence ou le fatalisme.

Dans un Etat moderne où une justice et tous les mécanismes mis en place sont fonctionnels, les forces morales que sont les sages, les coutumiers et les religieux sont appelés à la rescousse non pas pour résoudre systématiquement les crises à leur naissance mais pour apporter leur contribution selon l’esprit des sociétés traditionnelles africaines, avec pour objectif le maintien de la cohésion sociale.

Malheureusement, l’Etat qui s’est presque totalement dévêti de ses prérogatives classiques est en train d’affaiblir ces forces morales, coutumières et religieuses dont certaines se sont complètement décrédibilisées. La politique est passée par là et les a priori aussi. En effet, aucune revendication socio-professionnelle ne survient aujourd’hui au Burkina sans qu’on y voit de la manipulation. Du coup, les positions se radicalisent, chaque camp s’installant dans sa tranchée. Pire, les revendications les plus fondées sont considérées comme des manipulations sans qu’il soit jamais prouvé publiquement que les manipulateurs présumés sont réellement les commanditaires. Pourquoi à ce niveau, la police et la justice ne font-elles par le travail jusqu’au bout afin d’extirper des rangs ces empêcheurs de gouverner en rond, qui seront punis conformément à leur forfaiture ? Au lieu de cela, c’est du menu fretin qui est persécuté, souvent à tort, parce que sous le ciel chaud du Burkina, chaque citoyen est taxé d’homme de quelqu’un. Il faut donc éviter d’être dans la mauvaise direction du vent au risque d’être emporté, tel un fétu de paille.

Dans ce jeu malsain de politiciens revanchards, à la rancune tenace, gare cependant à l’effet boomerang. Tout va tellement vite, surtout que la règle d’or de certains autorités est de fonctionner à partir des rumeurs, les plus infondées. Progressivement, on s’installe dangereusement dans un système d’inquisition avec pour corollaires les détentions arbitraires et les harcèlements de tous ordres. Il y a eu des carrières brisées à ce propos et tout cela nourrit les rancoeurs. Les exemples autour de nous ne manquent pas.

Réglons donc durablement les crises sociales en donnant latitude aux fonctionnaires de l’Etat de jouer leur rôle, quitte à se faire accompagner par les "sages". Dans cette optique, donner les armes nécessaires au Médiateur du Faso pourrait être très bénéfique dans la résolution des conflits socio-professionnels. Cette institution dispose déjà des compétences et de l’expérience adéquates en la matière. Ainsi, l’un dans l’autre, l’Etat pourra retrouver toute son autorité afin de prévenir et, le cas échéant, résoudre efficacement les crises nationales. Cela n’arrive pas qu’aux autres pays africains où le Burkina brille par ses talents de facilitateur.

"Le Pays"

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