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Gouvernement : Vacances soucieuses pour probables éjectés du navire !

Publié le lundi 4 août 2008 à 10h36min

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Le gouvernement qui ira bientôt en vacances ne serait pas le même qui reviendra à la rentrée en septembre. Les conjectures vont bon train. Rien ne va plus, faites vos jeux !
La question ne se pose plus s’il y aura ou non remaniement gouvernemental avant que l’actuelle équipe de Tertius ne s’en aille en vacances. La question est de savoir quelle sera l’ampleur du remaniement.

Toutes les observations conduisent à dire que ce remaniement longtemps projeté, mais jamais réalisé, devrait être profond et structurel. Depuis mars dernier, avec le départ de Salif Diallo, une page s’est tournée et très probablement, la configuration du nouveau gouvernement devrait le refléter.

Pourquoi ce remaniement ne peut plus être différé ? Trois raisons :
La première, c’est que la conjoncture économique ne va pas s’arranger au niveau international. On annonce le baril du pétrole à 200 dollars dans les très prochains jours. Cela aura forcément une répercussion sur la vie nationale. Le ministre actuel du Commerce, accidentellement arrivé à la tête du département, par défaut, diront certains, n’a jamais montré qu’il était à la hauteur de sa tâche. Les opérateurs économiques et les industriels se plaignent de plus en plus à haute et intelligible voix. Ce n’est pas avec des ministres comme cela que l’on va au devant des jours difficiles. Il n’est pas le seul. Du reste, Tertius est fatigué de faire le travail de certains de ses ministres. Il voudrait donc une équipe plus resserrée et plus compétente qui lui laisserait le temps de la réflexion prospective.

Deuxième raison, il faut quand même que ce qui est annoncé depuis et n’a jamais été franchement nié se réalise. Le temps n’est plus long d’ici à 2010. Les scenarii probables de la succession, même dans l’hypothèse où Blaise se représenterait à la prochaine présidentielle, doivent maintenant commencer à se mettre en place. François Compaoré, que tout le monde sait aujourd’hui comme le patron de l’exécutif, ne peut pas ne pas sortir du bois. Comme dirait un diplomate occidental, s’il veut diriger le pays, il faut qu’il gagne inévitablement cette expérience gouvernementale qui lui fait actuellement défaut. Et au prochain remaniement, il va falloir enfin qu’il occupe le marocain qu’il n’a cesse de convoiter et qui est pour lui, beaucoup plus que le tremplin de l’USSUBF, une bonne rampe de lancement pour la conquête des suffrages. S’il doit venir au gouvernement, François Compaoré occupera le porte feuille de l’Agriculture et des Ressources halieutiques. C’est d’abord son profil technique, il est agro-économiste et puis, c’est le poste le plus indiqué pour conquérir les paysans, cette grande masse d’électeurs légitimistes.

Il y a deux ans, François Compaoré qui d’habitude ne dit rien de ses états d’âme s’est ainsi confié à un proche : "Pensez-vous que je ferai un bon ministre de l’Agriculture ?". L’interlocuteur surpris par la question a balbutié quelque chose dont lui-même, confiera-t-il, ne se souvient plus. Mais retourné chez lui, il dit que dès ce jour, il a compris pourquoi Salif Diallo et François Compaoré ne pouvaient pas s’entendre. Dans cette hypothèse aussi, François Compaoré, à l’image de Faure Gnassingbé, viendra au gouvernement avec ses fidèles et les probables futurs membres de son équipe. A Lomé, Faure Gnassingbé avait choisi ses "amis" dans le dernier gouvernement de son père. Ce sont les mêmes qui l’accompagnent encore aujourd’hui, même si un d’entre eux, le gendarme Bétiwé, redoutable ministre de l’Intérieur, une sorte de Bassolet à la burkinabè, l’a trahi au moment de la proclamation des résultats de la présidentielle calamiteuse d’avril 2005 qui a finalement légitimé Faure au pouvoir.

François donc devrait faire son entrée avec ses éléments sûrs à lui et devrait se faire encadrer par les fidèles de son aîné, comme l’ancien Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo qui revient pour occuper le marocain des Affaires étrangères. D’autres grosses têtes sont annoncées, comme par exemple Justin Damo Barro, qui se verrait pourtant occupant le poste de vice-président pour l’Afrique, laissé vacant par le Béninois Abdoulaye Bio Tchané, au niveau du FMI. D’aucuns ont cru d’ailleurs que le président a du s’en ouvrir à Dominique Strauss Khan à l’occasion de leur entrevue à Washington.

Troisième raison, enfin, le président voudrait une équipe bien compétente autour du Premier ministre, des gens à peu près de son gabarit, pour parfois le tenir en laisse, lui qui a parfois tendance à s’oublier. Ce faisant aussi, il serait plus tranquille pour se consacrer à son rôle de " faiseur de paix ", titre qu’il vient d’obtenir à Washington.
Reste maintenant l’équation des "refondateurs" du CDP. Leur principal grief, c’est qu’ils sont exclus de toutes les instances de l’Etat.

Le CDP en a rajouté une louche en les excluant totalement des instances du parti. Le président pourrait, pour faire la nique au parti, faire rentrer certains d’entre eux au gouvernement. Ils auraient été reçus par un proche collaborateur du président avant que celui-ci n’entame son périple américain. Il était prévu que le président les reçoive à son retour. Ça ne peut pas être juste pour arbitrer une querelle déjà gâtée entre eux et le bureau du parti. S’il voulait intervenir à ce niveau, c’est avant la sanction qu’il aurait agi

Newton Ahmed Barry

L’Evénement

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