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Science et technologie agricoles en Afrique : OGM d’accord, prudence d’abord

Publié le jeudi 24 juin 2004 à 09h59min

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Dans le cadre des échanges marquant la deuxième journée de la conférence sur la maîtrise de la science et de la technologie en vue d’accroître la productivité agricole en Afrique, une série de conférences a été animée. Dans la soirée du mardi 22 juin 2004, les thèmes ont porté entre autres sur les perspectives de développement pour l’Afrique, le rôle de la biosécurité et l’expérience burkinabè en la matière.

La première communication de la soirée du 22 juin a porté sur les possibilités d’accroissement amélioration de la productivité agricole et donc des revenus en Afrique. Son animateur Dr Mark Rosegrant des Etats-Unis a fait le constat amer de la situation alimentaire sur le continent africain. Si rien n’est fait, a-t-il affirmé, l’importation des céréales, la malnutrition des enfants, l’inaccessibilité en eau potable, entre autres vont aller croissants.

Le remède selon lui, est un accroissement au moins de 20 % des investissements, surtout en zone rurale.

Les infrastructures routières par exemple doivent être nécessairement développées. Le conférencier a en outre estimé que la mise en avant de la recherche et l’utilisation avec prudence de la biotechnologie pourront constituer une aubaine pour l’Afrique. Tout cela, a-t-il poursuivi, doit s’accompagner du renforcement des capacités locales, notamment des ressources humaines avec une attention particulière sur l’éducation des femmes et des filles. Dans leurs efforts, a-t-il reconnu, il est important que les Africains soient soutenus par les pays développés.

A la suite du débat autour de l’avenir du continent noir, Dr Patricia Taynor du programme des systèmes de biosécurité de l’USAID a présenté une réflexion sur le rôle de la biosécurité dans l’utilisation de la biotechnologie. Au niveau environnemental, elle reconnaît que les OGM peuvent déranger les écosystèmes locaux et susciter d’autres problèmes. Du point de vue moléculaire, elle dit qu’il y a des risques de contamination entre les plantes par le fait de la circulation ou du transfert des gènes. Pour les animaux et les hommes, des réactions allergiques peuvent surgir.

Toutefois, elle précise que les risques sont à considérer au cas par cas. Mieux, elle estime que la méconnaissance de ceux-ci ne doit pas constituer un obstacle à l’utilisation de la biotechnologie. Car, a-t-elle justifié le "risque fait partie de l’équation".

A son avis, il est difficile de prouver que les OGM sont néfastes. "Si quelqu’un devait souffrir de leur consommation, ce sont les Américains qui en consomment depuis longtemps", a-t-elle laissé entendre. Il appartient aux potentiels utilisateurs d’évaluer et de gérer au mieux les éventuels risques, a-t-elle conseillé. Dans ce sens, une approche régionale en matière de réglementation peut être envisagée. Cependant, la conférencière a qualifié le modèle africain de réglementation des OGM élaboré par l’OUA "trop exigent". Ce qui, selon elle, "bloque l’utilisation de la biotechnologie en Afrique".

"L’expérience burkinabè"

A l’issue de l’exposé du Dr Patricia Taynor, le tour était venu au ministre des Ressources animales, Alphonse Bonou de faire une présentation du cadre législatif, institutionnel et réglementaire national en matière de biosécurité. Pour le ministre Bonou la question aujourd’hui n’est pas le "pour" ou le "contre" la biotechnologie mais "comment réduire au maximum les risques". "Le risque zéro n’existe dans aucune activité", a-t-il rappelé par ailleurs.

Et comme le Burkina Faso a ratifié le protocole de Cartegena qui stipule "une utilisation des OGM en toute connaissance de cause", il est apparu nécessaire d’édicter des règles propres au pays.

C’est dans cette logique qu’ont été adoptées le 9 juin dernier des "Règles nationales en matière de sécurité en biotechnologie". M. Bonou confie qu’un projet va être initié dans ce sens d’ici 2005. Présentement, a-t-il indiqué, le transport du matériel, la manipulation , la diffusion / la vulgarisation, la commercialisation des OGM, leur introduction dans l’alimentation humaine sont soumis à la réglementation disponible.

Bientôt, quatre structures, notamment une agence nationale de bio-sécurité, un comité scientifique national de biosécurité, un observatoire national de biosécurité et des comités scientifiques internes de biosécurité, verront le jour. Des sanctions sont prévues pour les éventuels contrevenants. Tout ce mécanisme va permettre selon le ministre Bonou "le suivi et le contrôle de l’entrée, du transit, de l’utilisation et de la circulation des OGM au Burkina Faso". Il reste à réussir le pari face à la porosité des frontières.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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