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Insalubrité urbaine : Ces décharges publiques qui nous inondent

Publié le jeudi 24 juin 2004 à 09h59min

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Des réserves transformées en décharges publiques. Des rues envahies par les ordures jusqu’à les rendre impraticables. Des caniveaux débordant d’imondices. Ouagadougou semble se préoccuper très peu de sa salubrité quand on visite certains secteurs de la ville. Les balayeuses de la mairie qui s’échinent chaque matin sur les grandes avenues semblent ne faire qu’un travail de façade avec les rues secondaires adjacentes pleines d’ordures.

Après un tour dans quelques quartiers, Sidwaya a rencontré M. Jean Noël Ilboudo, directeur de la propreté de la ville de Ouagadougou et Mme Ouédraogo née Nana Azèta, la présidente de l’Union des femmes pour le développement de Boulmiougou qui s’investit dans la collecte des ordures ménagers.

La réserve du secteur 16 située non loin du collège Saint Joseph n’a plus qu’un seul nom pour les habitants du quartier : la grande poubelle. A quoi était-elle destinée au départ ? A la construction d’une école ou d’un dispensaire ? Ce qui est sûr, c’est que cette grande réserve en forme de boomerang est devenue un calvaire pour les populations avec les imondices qui débordent jusque dans les cours voisines.

Prompts à accuser la mairie "qui ne fait pas son travail" , les riverains oublient facilement qu’ils sont les premiers responsables de la situation. N’est ce pas eux qui déversent à longueur de journée sur cet espace leurs déchets ménagers, ignorant les offres des associations de femmes pour la collecte des ordures. "Il faudrait faire en sorte que les populations accompagnent le plan de propreté que nous avons mis en place en s’abonnant massivement auprès des associations et des PME que la ville a agréées pour assurer la collecte des déchets dans les ménages", martèle Jean Noël Ilboudo, directeur de la propreté de la ville de Ouagadougou.

Et d’ajouter que les déchets doivent être enlevés à la base et ramenés dans les centres de collecte. L’Union des femmes pour le développement de Boulmiougou à travers le projet Zaak Yilemdé est une association de collecte de déchets qui a démarré ses activités en mai 2002. "C’est après le constat de l’entassement des ordures devant les portes des maisons que nous avons initié le projet de collecte en partenariat avec la mairie de Boulmiougou" , se souvient Mme Ouédraogo née Nana Azèta, la présidente de l’Union.

Couvrant les secteurs 16, 17, et 18, le projet compte aujourd’hui 1700 abonnés devant payer 400 francs CFA par mois pour la collecte de leurs déchets. Ce qui se fait une fois par semaine devant les cours. "Nous disposons de 10 charettes tractées par des ânes pour enlever les ordures et ce sont des femmes démunies au nombre de 20 que nous avons recrutées qui s’occupent du ramassage" explique Mme Ouédraogo.

L’Union doit cependant faire face à certain nombre de difficultés comme la réticence des abonnés à payer les 400 F, l’entretien des ânes qui revient très cher et l’éloignement des sites de dépôts des ordures. "Les femmes sont obligées de faire 10 à 15 km pour déverser les ordures sur des sites souvent déjà pleins. Il nous faut penser peut-être à des tracteurs car la traction saine a ses limites. Pour cela il nous faudrait voir à la hausse nos tarifs d’abonnement qui pourraient passer à 500 francs par mois à partir de juillet.

Il faut aussi que la mairie centrale arrive à débarrasser régulièrement les décharges", constate la présidente de l’Union. "Même si la ville est plus propre que par le passé, nous considérons qu’elle n’est pas suffisamment propre dans la mesure où la moitié des déchets n’est pas collectée", reconnaît Jean Noël Ilboudo. Le directeur de la propreté de la ville revient également sur leurs missions parmi lesquelles le balayage des voies urbaines et des espaces publics, la collecte et le traitement des déchets, l’assainissement de la ville et la gestion des eaux usées et des excréta.

Dans un nouveau plan de propreté financé par la Banque mondiale, il est prévu la réalisation d’infrastructures de stockage et de collecte de déchets. Il a déjà été réalisé un centre technique et 36 centres de collecte qui sont des sites secondaires. Pour le succès de ce plan de propreté, M. Ilboudo est très clair : "j’insiste sur le fait que les populations doivent s’abonner auprès des associations et PME afin que les ordures soient enlevées à la base et ramenées dans les centres de collecte. D’autre part, il faut se dire que ce plan de propreté a un coût et la population doit contribuer en payant les taxes que la ville a instituées pour financer l’ensemble des services urbains".

A la veille des grandes manifestations que Ouagadougou va bientôt accueillir (Sommet de la Francophonie, Assemblée générale des maires francophones), Jean Noël Ilboudo lance un appel pour la contribution de tous pour faire de la ville un exemple en matière de propreté. Cette propreté de la ville doit commencer dans chaque cour, devant chaque porte avant d’être la responsabilité de la ville.

Hamado NANA
Florentine KABORE


L’exemple des femmes des "Brigades vertes"

Elles sont au total 1200 femmes organisées au sein de groupes communément appelés "Brigades vertes". Elles ont été recrutées par la municipalité de Ouagadougou pour veiller à la propreté des rues. L’utilité de leur action n’est plus à démontrer. Leur exemple doit faire école.

Elles sont visibles aux principales artères de la ville de Ouagadougou, parfois dès l’aube. Ces "vaillantes" femmes des "Brigades vertes", aidées de quelques hommes s’occupent de rendre propres les rues de la capitale. "Leur action qui est primordiale et visible dans le maintien" de la propreté de la cité participe de la volonté de la ville de Ouagadougou d’impliquer les populations dans l’amélioration de leur cadre de vie.

Une mission noble qui contribue en outre à lutter contre la pauvreté féminine dans la ville de Ouagadougou, mais la portée n’est pas toujours bien perçue par les usagers de la voie publique. En effet, en dépit des panneaux de signalisations sur la présence de ces "braves" femmes, sur les rues aux heures matinales, certains usagers ne se privent pas de leur compliquer davantage la tâche. Un tel incivisme frise l’irresponsabilité, car lorsqu’on vous "frotte le dos, vous devriez plutôt vous occuper du ventre".

Mais hélas, le triste spectacle d’usagers de la voie publique jetant des ordures pendant que les femmes s’échinent au travail est encore monnaie courante à Ouagadougou. En tout cas, des poubelles sont prépositionnées dans les lieux publics. Une ville propre agréable où il fait bon vivre profite à tout le monde. Alors beaucoup de respect pour ces femmes qui sont en plus nos épouses, nos sœurs et nos mères. Vivement que leur action fasse tâche d’huile, car la salubrité est aussi et surtout l’affaire de tous !

VAS
Sidwaya

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