LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Affaire Moussa Kaka : Arrêter le cirque !

Publié le mercredi 30 juillet 2008 à 11h27min

PARTAGER :                          

Moussa Kaka, enfin libre ? Cette question était sur beaucoup de lèvres, la semaine écoulée, après le deuxième non-lieu prononcé par le juge d’instruction en charge du dossier Moussa Kaka, du nom de ce journaliste nigérien, correspondant de RFI et de RSF dans son pays accusé par les autorités de Niamey d’être de mèche avec les rebelles du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice).

Pour qu’il puisse bénéficier de cette liberté pour laquelle beaucoup de personnes à travers le monde luttent depuis son incarcération en septembre 2007, il fallait que le procureur de la République ne relevât pas appel de l’ordonnance de non-lieu rendue par le juge d’instruction. On avait déjà même vu les portes s’entrebaîller étant donné que le procureur n’avait pas immédiatement relevé appel. Cette fois-ci, on pensait qu’il n’allait pas s’opposer à ce deuxième non-lieu comme il l’avait fait pour le premier.

L’espoir de voir le journaliste hors de la prison de Niamey grandissait au fur et à mesure que s’écoulaient les trois jours impartis pour remettre en cause l’ordonnance. Puis, comme un coup de massue, on apprend que le procureur de la République a relevé appel in extremis faisant voler du même coup l’espoir qui avait commencé à prendre corps. Le procureur a décidé que Moussa Kaka ne sera pas la cerise sur le gâteau de la libération de la Franco-colombienne, Ingrid Bétancourt, retirée en début juillet, des griffes du mouvement rebelle des FARC qui la retenait en otage depuis 6 ans.

Comme par le passé, le parquet n’est pas d’avis avec le deuxième juge instructeur qui, comme le premier, a trouvé qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans cette affaire. En d’autres termes, il n’ y a rien qui permette de dire que le journaliste a été, à un moment donné ou à un autre, en intelligence avec le mouvement rebelle et, sur cette base, le reconnaître coupable d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Quel acharnement et quelle obstination !

Le drame dans ce qui s’apparente à un cirque, à un jeu de ping pong judiciaire et, pour tout dire, à une quadrature du cercle, est que notre confrère ne peut pas mettre le nez dehors même provisoirement. En effet, comme les ordonnances de non-lieu qui font systématiquement objet d’appel, une opposition est faite chaque fois à ses demandes de mise en liberté provisoire.

Une fois de plus, on revient à la case départ dans cette affaire avec l’appel du procureur de la République. Schématiquement, le doyen des juges du tribunal de Niamey va devoir à nouveau trouver un autre juge instructeur et lui confier le dossier. Ce dernier va, lui aussi, mener ses investigations et, sur la base des résultats auxquels il aura abouti, il rendra une ordonnance pour signifier s’il y a lieu ou pas de poursuivre le patron de la chaîne des radios Saraounia.

Pour sûr, on assistera au même scénario si le troisième juge conclut à un non-lieu, c’est-à-dire à un nouvel appel du procureur. Pour le moment, nous n’y sommes pas mais une chose est au moins sûre : Moussa Kaka finira non seulement par être libéré mais aussi blanchi de cette affaire dont de plus en plus il est établi qu’il est complètement innocent. Alors, il faut donc arrêter le cirque qui se joue actuellement et qui n’honore point ceux qui l’ont organisé.

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique