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Département de Koubri

Publié le mercredi 12 novembre 2003 à 10h04min

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A Koubri, à quelques encablures de Ouagadougou, on a frôlé le divorce entre l’administration déconcentrée et les populations de la localité. Ce bras de fer qui est né des élections des organisations professionnelles d’agriculture a fini par emporter le préfet, Nativité Fati Ouédraogo le 27 octobre dernier.

Depuis le 27 octobre dernier, Mme Fati Ouédraogo, représentant de l’administration centrale dans le département de Koubri a été dessaisie de ses fonctions, seulement après deux mois de prise de service. Le secrétaire général de la province du Kadiogo, Sadou Sidibé assume cumulativement avec ses fonctions, l’intérim du préfet de Koubri. Le préfet de Koubri et les populations des 24 villages du département ne parlaient plus le même langage et ont fini par se regarder en chiens de faïence.

Les problèmes, si on peut les appeler ainsi, ont commencé à l’occasion de la mise en place des représentants des organisations professionnelles d’agriculture. Il y avait des élections préliminaires au niveau de chaque village. Il était question de désigner par village quatre représentants : agriculture, élevage, foresterie et pêche. Des irrégularités criantes auraient entaché ces élections dans Koubri Centre. Le préfet, contre toute attente des populations, a fait annuler ces élections. Elles ont été reprises une seconde fois et à ce stade, Mme Ouédraogo a estimé en fonction de ses investigations que les quatre représentants du village n’étaient pas représentatifs.

Il fallait reprendre les élections pour une troisième fois. Les résultats de ces élections ont été en majorité contestés par les populations. Certains observateurs exhibaient comme preuve la présence de la femme du responsable administratif villageois (RAV) parmi les élus comme un fait de manipulation. Conscient du danger, le préfet de Koubri a voulu jouer à la fermeté avec les populations. Malheureusement, les deux camps brandissaient des armes de guerre.

Un langage de sourds persistant

Malgré les multiples tentatives de regroupement et les initiatives pour ramener la paix, le préfet de Koubri perdait en crédibilité devant les populations. Lors d’une rencontre publique, le représentant de l’administration a essuyé des propos désobligeants. La hiérarchie directe de la préfecture (Haut-commissariat du Kadiogo) suivait de près ces évènements. Le secrétaire général, Sadou Sidibé qui observait la réserve administrative a reconnu que la situation était tendue. Et selon le compte rendu du préfet, son autorité était bafouée. Les services de sécurité étaient alors obligés d’intervenir pour désamorcer la crise. Ainsi quatre personnes du village, considérées comme des meneurs, ont été interpellées par la gendarmerie nationale.

Malgré tout, la situation ne se décantait pas et le préfet en perdait le contrôle. Suite à cela, explique Sadou Sidibé "nous avons dépêché une mission composée du haut-commissaire, de la gendarmerie pour échanger avec les différentes composantes de la population et les responsables coutumiers. Un autre problème est venu se greffer à cette situation qui ne trouvait d’ailleurs pas de solution. Il s’agirait du déguerpissement autour du marché. La volonté de l’administration de trouver une solution rapide se heurtait à des difficultés.

A partir d’un certain moment, nous avons jugé qu’il était bon de prendre une décision qui puisse un peu protéger l’administration. Nous avons reçu un message nous instruisant de procéder rapidement à la passation de service", a expliqué le secrétaire général. Selon Naaba Kangré, chef coutumier de Koubri le nœud de la crise se trouve dans l’élection des représentants des OPA. Il avoue que cela a été une surprise pour lui que le préfet soit relevé de sa fonction. "Pourtant nous avons demandé un pardon et on ne s’attendait pas à un résultat similaire" a commenté le chef.

En clair, le premier responsable coutumier joue au conciliateur pour calmer la tension.

Nous avons échangé avec certains anciens collaborateurs du préfet qui estiment que le problème de désignation des représentants n’est qu’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le mécanisme de gestion, la méthologie d’administration du représentant de l’Etat seraient insupportables.

En tous les cas, le calme revient à Koubri, les différents leaders ne parlent que de paix.

Emmanuel BOUDA
Sidwaya

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