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Situation en Côte d’Ivoire : De sommets en messages à la nation

Publié le mercredi 23 juin 2004 à 09h26min

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L’autosuffisance alimentaire ; c’est l’objectif primordial que le Burkina Faso, plus que tout autre Etat de la sous-région vise. Mais comment y parvenir dans un Sahel si ingrat où les pluies sont rares comme les larmes d’un chien ? Question à laquelle les Burkinabè ne peuvent répondre que par leur génie, leur audace, leur courage et la bienveillance des partenaires bilatéraux et multilatéraux au développement.

Ainsi est-il loisible de constater que ces dernières années le coup de fouet donné au secteur agricole a porté des fruits inespérés.

Ne parle-t-on pas d’excédent céréalier au "Pays des hommes intègres" de nos jours ? Même à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) où le coton burkinabè est cité en référence, cela se sait.

L’homme de la révolution agricole s’appelle Salif Diallo qui a su laisser son empreinte sur tous les périmètres du Burkina depuis que son mentor l’a porté à la tête du département de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques.

Au seuil de la saison agricole 2004-2005, le pari est fait de produire davantage pour freiner notre dépendance économique.

La voie privilégiée est celle du coton, l’or blanc, qui constitue aujourd’hui notre principal produit d’exportation. C’est dans cet intérêt que se tient dans notre capitale depuis hier une conférence ministérielle internationale sur "l’exploitation de la science et de la technologie pour accroître la productivité agricole : perspectives ouest-africaines".

Pour les initiés, il s’agira pour les participants et ce, jusqu’au 23 juin, de l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans notre jardin.

Ces OGM dont les adversaires se recrutent déjà au sein des organisations non gouvernementales (ONG) et de la société civile pour qui cette trouvaille américaine ne peut tout faire en matière d’accroissement de la production, mais constitue la voie par laquelle l’Oncle Sam entend passer pour supplanter ses rivaux européens dans le contrôle du marché africain.

Scientifiques américains et décideurs burkinabè pourront-ils en l’espace de 72h convaincre les acteurs du monde rural sur l’opportunité des organismes génétiquement modifiés dans la contrée ?

Au Faso, et au Ghana, au Mali, au Niger dont les présidents respectifs John Kuffuor, Amadou Toumani Touré et Mamadou Tandja ont pris part à la cérémonie inaugurale de la conférence de Ouagadougou, la question fera des gorges chaudes.

Mais avant que ce débat s’engage chez eux, le plus urgent s’avère la résolution de la crise ivoirienne qui a commandé le week-end écoulé la tenue d’un mini-sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, la capitale administrative nigériane.

Rien n’a encore filtré de ce huis clos qui a réuni dans le salon d’honneur de l’aéroport Koudou Laurent Gbagbo et son premier ministre Seydou Elimane Diarra, Olesegun Obasanjo (Nigeria), Mamadou Tandja (Niger), Gnassingbé Eyadéma du Togo et John Kuffuor du Ghana pour la remise en route des fameux Accords de Linas-Marcoussis, d’Accra II et la communauté internationale reste dans l’espectative.

L’absence de Blaise Compaoré du Burkina et d’Amadou Toumani Touré du Mali, dont les compatriotes souffrent le calvaire en Eburnie, les pourparlers d’Abuja intriguent plus d’un.

Peut-on s’empêcher de penser que Mamadou Tandja (président en exercice de l’UEMOA) et John Kuffuor (président en exercice de la CEDEAO) étaient aux côtés de leurs homologues burkinabè et malien à Ouaga 2000 pour faire le compte rendu de la rencontre d’Abuja que pour parler des OGM ?

Une fois encore mission a été confiée à Laurent Gbagbo de briser le secret et de livrer à son peuple les propositions de sortie de crise arrêtées de commun accord.

Mais quel langage lui tiendra-t-il ?
Rappellera-t-il les trois éléments radicaux de l’opposition qu’il avait chassée du gouvernement d’union nationale, quitte à se dédire ?

A l’heure où nous tracions ces lignes, l’enfant terrible de Mama n’avait pas encore desserer les dents, mais habitué qu’il est à tenir un double langage et à rouler tout le monde dans la farine, il est peu probable qu’il nous réserve la surprise.

Mais sait-il que lui seul détient la clef de cette fâcheuse crise, plus que les rebelles qui n’ont pas encore fini de s’entredéchirer ?

A la tête de l’Etat, il devrait avoir la sagesse de jouer à l’apaisement en démantelant ses escadrons de la mort et en faisant sienne l’évangile de Marcoussis que toutes les parties prenantes ont salué au son de l’Abidjanaise.

Les sommets se succèdent et aboutissent toujours aux mêmes conclusions, mais lui Gbagbo joue les roublards, renvoyant la paix et la réconciliation nationales aux calendes grecques.

Bernard Zangré

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