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Biotechnologie en Afrique : Ouaga adoucira-t-elle la polémique ?

Publié le mercredi 23 juin 2004 à 09h24min

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C’est hier 21 juin 2004, ce pour 72 heures, que s’est ouverte dans notre capitale la conférence ministérielle internationale sur les sciences et technologies agricoles en Afrique. C’est le président Blaise Compaoré qui a présidé la cérémonie d’ouverture, aux côtés de ses pairs du Ghana, du Mali et du Niger.

La conférence ministérielle internationale qui s’est ouverte hier 21 juin dans notre capitale est conjointement organisée par le département de l’Agriculture des Etats-Unis (USA) et le ministère burkinabè de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques.

Elle est placée sous le thème « Exploitation de la science et de la technologie pour accroître la productivité agricole en Afrique : perspectives ouest- africaines ». Le ministre de l’Agriculture burkinabè, Salif Diallo, a rappelé que la conférence fait suite à celle de juin 2003 tenue à Sacramento en Californie. Selon M. Diallo, cette réunion est un tournant décisif en ce qu’elle offre l’opportunité de combler le déficit d’informations et d’amorcer la résolution des questions telles que :

l’éradication de la faim en Afrique, un meilleur accès des pauvres à l’eau, une promotion plus efficace du commerce pour le développement et l’entreprise. Quatre sujets seront au centre des échanges des participants : la promotion des technologies de conservation, d’utilisation efficace et de gestion de l’eau en Afrique de l’Ouest ; l’exploitation de la biotechnologie agricole pour lutter contre les maladies, améliorer la tolérance des cultures à la sécheresse et pour accroître la productivité ;

les politiques générales, les cadres réglementaires et le renforcement des capacités institutionnelles pour développer l’agriculture, le transfert de technologies et la croissance économique et les partenariats pour développer la production, la transformation et la commercialisation d’aliments de bonne qualité et des cultures à haute valeur ajoutée afin d’éliminer la faim et la pauvreté sur le continent africain.

Salif Diallo a formulé le vœu qu’à l’issue des travaux des partenariats puissent se nouer d’une part entre nos pays et d’autre part entre des universités et des instituts de recherches et des entreprises.

Le représentant du département de l’Agriculture des USA, J. B. Penn, sous-secrétaire des services de l’Agriculture à l’étranger, a d’abord félicité le Burkina pour l’initiative qu’il a prise en contactant les USA pour l’organisation conjointe de cette rencontre avant de laisser les participants suivre le mot du secrétaire du département de l’Agriculture des USA, Ann M. Veneman, sur vidéo-projection.

Une révolution verte à ne pas rater

La rencontre de Ouagadougou, a dit Ann Veneman, est une des concrétisations des mécanismes de suivi annoncés lors de la conférence de Sacramento. Elle a appelé les Africains à saisir l’opportunité pour ne pas rater la révolution verte avec l’avènement des nouvelles technologies agricoles.

Les USA, a-t-elle déclaré, sont engagés à appuyer les Africains dans leur lutte contre la faim. Les échanges entamés à Ouagadougou constituent une étape décisive vers un monde meilleur selon elle.

Elle a annoncé que les USA, dans le souci de donner une suite à leurs engagements de Sacramento, ont initié non seulement des bourses d’études pour favoriser le transfert des technologies en Afrique, mais aussi un financement au profit de divers domaines dont l’agriculture devrait constituer la plus importante composante.

Amadou Toumani Touré, le président malien, affectueusement appelé ATT, a déclaré que le thème de la conférence ministérielle est un sujet qui constitue l’essence même des problèmes de développement de notre continent.

L’Afrique, selon lui, ne doit pas rester en marge du débat planétaire en cette ère de mondialisation et refuser le bond vers l’innovation scientifique et technologique indispensable au progrès. Cependant, fait-il observer, la sécurité alimentaire que nous devons assurer à nos populations nous oblige aussi à considérer un devoir de précaution.

Et le plus important pour nos pays, dit-il, c’est de minimiser le plus possible les risques de nos choix pour nos populations et pour notre potentiel agropastoral et écologique. Il a souhaité qu’il y ait au niveau régional une meilleure coordination de nos efforts en vue de définir une politique commune en matière de bioéthique. Le renforcement de nos capacités d’abord

Selon ATT le renforcement de nos capacités administratives de gestion des produits issus de la biotechnologie et de l’innovation technologique doit être un préalable, car la science et la technologie ne doivent pas être synonymes de dépendance, mais plutôt de libération pour notre agriculture et nos agriculteurs.

Le président nigérien, Mamadou Tandja, président en exercice de l’UEMOA, après avoir salué l’organisation de la présente rencontre, a formulé le vœu que de cette conférence sortent des recommandations précises en termes d’actions, de programmes et de politiques afin de permettre entre autres : une meilleure perception des résultats de la recherche scientifique et technologique, comme levier indispensable au développement de l’agriculture ; une large information et une meilleure implication des institutions et acteurs concernés par la diffusion des innovations scientifiques et technologiques,… Selon le président ghanéen, John Kufuor, président en exercice de la CEDEAO, la communauté ne doit pas perdre du temps pour s’approprier la biotechnologie pour accroître ses productions. Il faut d’après lui développer aussi l’irrigation pour appuyer l’artificiel.

Le président du Faso, Blaise Compaoré, qui a fermé le bal des interventions a dit que la qualité des participants témoigne de l’importance du thème et du besoin d’une coopération soutenue et d’un dialogue entre d’une part les chercheurs du Nord et du Sud et d’autre part le monde des scientifiques et les décideurs politiques africains.

Quelle doit être l’attitude des pays africains où l’insécurité alimentaire persiste au moment où à l’échelle mondiale la production agricole s’améliore ?

Que faut-il faire face à la menace de notre agriculture par toutes sortes de contraintes réduisant la couverture de nos productions agricoles aux besoins de la population africaine qui dépassera un milliard deux cents millions d’habitants en 2025 ?

Ce sont là des questions récurrentes, associées à des facteurs comme la désertification, les épidémies, la dégradation de l’environnement…qui invitent à la recherche de stratégies adéquates. Là-dessus, le président du Faso ne tergiverse pas : il est impératif pour l’Afrique de marquer une rupture et de s’engager résolument dans une politique agricole performante intégrant fortement la recherche scientifique et les nouvelles technologies adaptées aux besoins des populations africaines.

Par ailleurs, l’Afrique pour satisfaire les besoins en nourriture de sa population à l’horizon 2025 doit accroître sa production actuelle de 10 à 12 fois.

Pas d’alternative donc pour le continent, à écouter le président Compaoré ; il faut nécessairement maîtriser et adapter les biotechnologies pour accroître rapidement la production alimentaire. Cependant, les espoirs suscités par l’application des sciences et des technologies s’accompagnent de craintes et de controverses aussi bien dans le milieu scientifique qu’au niveau du commun des mortels.

Aussi, Blaise Compaoré a souhaité que ces échanges accouchent de recommandations pertinentes dans le but de faire avancer la réflexion sur la meilleure articulation entre les sciences, les technologies pour garantir un épanouissement de l’agriculture africaine en apportant des réponses appropriées aux questionnements et aux attentes de nos producteurs.

Dans l’après-midi d’hier un protocole d’accord de financement entre le département de l’Agriculture des USA et la Fondation africaine pour les technologies agricoles (AATF) en vue de partage de technologies a été signé devant le ministre de l’Agriculture, Salif Diallo.

Hamidou Ouédraogo
L’Observateur

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