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Investir en bourse : C’est la culture qui manque le plus

Publié le mercredi 23 juillet 2008 à 12h37min

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La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) a dix ans d’existence cette année. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas encore bien connue du grand public de l’espace UEMOA. Pourtant, elle est un levier essentiel dans l’organisation du marché financier régional. Telle que voulue par l’UEMOA et la BCEAO, la Bourse régionale doit être une belle opportunité pour les entreprises en tant que source de financement.

Dans sa conception, elle est unique. Elle couvre l’ensemble des 8 pays de l’Union et dispose de ce fait d’un marché potentiel important ainsi que d’une épargne inestimable qui a besoin de sortir des cachettes, c’est-à-dire des canaris ou sous les coussins de lit. Toute stratégie en matière de promotion de la Bourse devrait se bâtir sur un meilleur taux de bancarisation d’abord. C’est seulement après que l’investissement en bouse deviendra une option stratégique pour les épargnants surtout. La BCEAO y travaille certes, mais les effets sont encore trop lents pour permettre aux économies de la région de se développer.

Malgré des débuts difficiles, rendus plus compliqués par l’éclatement de la guerre en Côte d’Ivoire qui abrite le siège, l’horizon semble aujourd’hui dégagé. Ces quatre dernières années, les résultats de la Bourse sont largement positifs avec une distribution de dividendes aux actionnaires pour la première fois en 2006. Car il ne faut pas l’oublier, la BRVM et le Dépositaire central/ Banque de règlement sont statutairement des sociétés privées mais avec une mission de service public, placées sous le contrôle du Conseil régional de l’épargne publique et de marchés financiers, un organe de l’UEMOA.

De bons chiffres qui cachent cependant une dure réalité. La bourse n’est pas populaire. Elle semble trop loin des préoccupations du citoyen lambda qui la considère à tort comme une affaire de cols blancs, d’initiés avec un langage propre et indéchiffrable. Pour ne rien arranger à la situation, les médias sont aux abonnés absents en matière de diffusion de l’information financière et boursière en direction du grand public. Très peu d’espace est accordé à l’information boursière dans les médias.

Du coup, la direction générale se sent à son corps défendant obligée de démarcher les médias et de les sensibiliser sur leur rôle. C’est le sens de la tournée régionale de la direction, dans le mois de juillet, à travers les capitales de l’Union. Il s’agit de convaincre les médias de prendre d’assaut un secteur encore négligé. En la matière, un travail soutenu s’impose afin d’amener petit à petit le public à investir dans ce créneau.

Malgré tout le potentiel qu’offre la Bourse, elle est en partie victime de l’ignorance ambiante des populations. Son rôle, son fonctionnement et les avantages que l’on peut y tirer en tant qu’entreprises ou en tant que simple épargnant ne sont pas connus. On est encore loin du jour où des Africains se bousculeront aux portillons des sociétés d’intermédiations pour s’arracher les actions de telle ou telle entreprise.

L’un des premiers défis de la BRVM est donc d’amener plus d’entreprises de l’Union à entrer en bourse, à y lever des capitaux pour financer leur développement. Si les entreprises ne s’y bousculent pas vraiment, les Etats qui s’étaient engagés à faire entrer en bourse les grandes entreprises publiques traînent le pas.

Ce n’est donc pas un hasard si la plus grande partie des entreprises cotées, proviennent de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, les deux économies les plus puissantes de la zone. Les autres sont dans l’expectative. Elles hésitent à franchir le cap.

La bourse, c’est l’ouverture du capital, la transparence dans tous les actes de l’entreprise, la publication des résultats, etc. Toutes choses qui sont vues aujourd’hui encore comme des contraintes pour certains hommes d’affaires ou des dirigeants d’entreprises qui en ont une gestion "personnelle". Il s’agit de sortir de cette économie informelle pour aller vers les standards internationaux.

La vraie cible de cette campagne d’information doit être les opérateurs du secteur informel qui dorment sur des milliards alors que leur épargne pourrait être bien rétribuée à la bourse, aussi bien sur le marché des obligations que celui des actions. Des opportunités s’offrent aux acteurs de la sous-région à travers le marché boursier régional à l’heure où des investisseurs étrangers sont en train de prendre pied dans la zone. C’est un signe qu’il y a de bonnes affaires à faire.

Même si en bourse, le risque zéro n’existe pas par définition. Les marchés financiers occidentaux nous en donnent l’illustration régulièrement, et le cas le plus retentissant, cette année, a été celui de la Société générale. Un trader imprudent a fait perdre à cette banque française la bagatelle de 4,9 milliards d’euros. On est loin de ces chiffres faramineux à la BRVM, et les courtiers ne sont pas aussi insensés que Jérôme Kerviel. Mais on doit en tirer des leçons, pour rassurer les candidats à l’investissement boursier. Les Ouest-africains, en tout cas, ont démontré qu’ils sont grands joueurs à travers les paris hippiques. A cette différence qu’ici, les gains sont immédiats, ce qui n’est pas le cas à la bourse. Ce qui peut constituer aussi un obstacle.

"Le Pays"

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