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Crise universitaire : Des manœuvres politiciennes de récupération

Publié le vendredi 18 juillet 2008 à 13h34min

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Qu’ils sont drôles les Burkinabè ! Ou plus précisément certains d’entre eux. A peine les universités de Ouagadougou ont-elles fermé leurs portes, qu’ils ont pris d’assaut les pages des journaux pour y déverser une littérature des plus insipides. Des responsables d’organisations de la société civile aux leaders des formations politiques, ils ont donné de la voix pour semble-t-il apporter leur contribution aux débats. Mais dans ce paysage de savane au pays des Hommes intègres où on sait qui est qui, on ne peut pas ruser longtemps avec le peuple.

Et comme le dit l’adage, ’’on peut tromper une partie du peuple, une partie du temps, mais jamais, tout le peuple, tout le temps’’. Beaucoup de ces donneurs de leçons feront mieux de revisiter la véracité de cette assertion. Cela leur évitera au moins d’être ridicules.

Après les violentes manifestations estudiantines qui ont contraint les autorités des universités Ouaga I et II à suspendre jusqu’à nouvel ordre les enseignements, de nouveaux spécialistes de l’éducation sont nés dans notre pays. Depuis lors, ils n’arrêtent pas de tirer à boulet rouge sur la présidence de l’université de Ouagadougou et le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique. C’est à peine si des analystes d’un type nouveau ne demandent pas que les responsables des deux structures ci-dessus citées soient pendus haut et court. A en croire leur logique, les seules bonnes gens sur cette terre ce sont les personnes qui pensent comme eux. Ainsi, a-t-on vu les responsables d’un parti politique qui ne marchande pas son libéralisme organiser un cirque pompeusement baptisé élan de solidarité. Bonnes gens où étiez-vous pour laisser les étudiants sombrer au point de compromettre leur outil de travail ?

Question opportune quand on sait que la gestion des étudiants et donc la construction d’un avenir radieux pour notre pays doit préoccuper tout homme politique et non restée l’affaire du seul Etat. Elle implique donc le Burkina dans toute sa composante. Il n’a jamais été interdit aux structures politiques burkinabè de s’associer à la prise en charge des étudiants. Un Etat qui fait appel à des partenaires étrangers pour soulager ses étudiants peut-il refuser ce droit à d’autres Burkinabè ? Certainement pas. Il est donc tout à fait surprenant que certains partis politiques se réveillent seulement maintenant, et se rappellent brusquement que ce pays-là aussi a des étudiants qui peuvent avoir besoin d’aides.

En ordre de bataille

Les responsables de ces formations politiques croient certainement pouvoir abuser des étudiants pour les entraîner dans des combines politiques malsaines. Aveuglés par ce désir de ’’faire mal au pouvoir’’ ils ont oublié qu’il y a belle lurette que ce type de pièges ne fonctionne plus sauf pour se refermer sur ceux qui l’ont posé. C’est donc de nouveau un coup foiré dont le seul mérite a été de permettre à la république de mieux identifier ceux qui rament à contre-courant de l’histoire. Les observateurs ont surtout été mis mal à l’aise par la partialité de leurs affirmations alors que leurs prétentions étaient de mettre chaque partie devant ses responsabilités afin qu’elle s’amende. Curieusement, il n’y a rien eu de tout cela dans les propos des politiques.

Tous se sont arbitrairement défoulés sur la présidence de l’université et sur le ministère en charge des enseignements. Ils n’ont eu de cesse de faire croire aux étudiants qu’ils avaient le droit avec eux alors que les pensionnaires de Zogona ont eux-mêmes conscience de leur part de responsabilité dans la dégradation de la situation. Le masque est donc tombé. Les loups qui voulaient se faire passer pour des agneaux ne pourront donc plus s’introduire dans la bergerie. Ils ont été identifiés. Le silence des associations estudiantines face à cette avalanche de soutiens est bien la preuve qu’elles savent faire la part des choses entre ce type de soutien calculé et embarrassant et la manifestation d’un intérêt réel pour les difficultés que connaissent les étudiants. Il est dangereux et improductif de faire l’amalgame entre la politique politicienne et la misère passagère des étudiants.

L’occasion faisant le larron, les locataires des amphithéâtres sauront désormais faire la part des choses et surtout comprendre que l’intransigeance et le radicalisme ne mènent qu’à la ruine. Et comme le dit le proverbe, ’’quand l’eau se verse, on ne peut plus la ramasser’’. Il est donc maintenant temps qu’ils descendent de leur piédestal pour regarder la réalité en face et se mettre en ordre de bataille aux cotés des autorités universitaires pour se donner plus de chance de « lier le bois au bois » et devenir demain des femmes et des hommes capables de tracer un destin pour leur peuple, pour lui donner opportunément du pain et de la liberté.

Talato Bamogo

Par : L’Hebdo

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