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Extradition du colonel Bacar au Bénin : Le colis encombrant de Sarkozy

Publié le mercredi 23 juillet 2008 à 12h13min

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Mohamed BacarMohamed Bacar, homme politique des Comores, chassé du pouvoir en avril dernier, a finalement trouvé une terre d’accueil. Le Bénin a accepté de lui accorder l’asile politique. De l’Ile de la Réunion où il avait trouvé refuge après la chasse aux putschistes organisée par les forces de l’Union africaine pour rétablir l’ordre républicain sur l’Ile des Comores, le Colonel Bacar a été refilé comme une patate chaude, au Bénin parce que trop encombrant pour Paris dont la justice a condamné l’homme à une peine de prison avec sursis pour entrée illégale sur son territoire.

Son expulsion de l’Ile de la Réunion est donc la conséquence de cette décision judiciaire. Mais avant l’effectivité de cette décision, Paris a pris le temps de lui trouver un pied-à-terre à Cotonou. Le "deal" entre Paris et Cotonou visait à éloigner un homme devenu gênant et dont le pays demandait l’extradition afin de le juger.

La France a décidé de ne pas le livrer à son pays, parce que craignant pour la vie du colonel putschiste et son droit à un procès équitable. On comprend bien la position française qui, du même coup, éloigne le Colonel du danger des Iles Comores où sa présence suscitait des manifestations de protestation dénonçant la protection que lui accordait ainsi Paris.

Il est exclu que le Bénin l’extrade vers Anjouan. C’est sans doute le marché conclu entre Yayi Boni et Nicolas Sarkozy. A moins que le Bénin, sous la pression des dirigeants comoriens, cède ce prisonnier pas comme les autres.

Mais cet exil est-il synonyme d’impunité ? Le vœu de son propre pays est de le voir juger afin qu’il réponde de ses actes, qu’importe la juridiction. Si cela devait rester un vœu pieux, ce serait dommageable pour l’image même de l’Union africaine qui a dépêché des troupes pour chasser l’ancien président et dont un pays membre va couvrir le forfait par le biais du droit d’asile.

Cet homme a violé des principes fondamentaux de l’Union africaine, notamment le respect des principes démocratiques, de l’Etat de droit, en tentant de prendre la présidence de l’île d’Anjouan de façon anticonstitutionnelle. S’il était resté au pouvoir, son pays aurait été banni de l’Union (en principe). Maintenant qu’il a échoué dans sa tentative de putsch, ne doit-il pas payer d’une façon ou d’une autre ? A moins que son exil ne soit déjà doré. Ce qui n’est vraiment pas cher à payer.

Par Abdoulaye TAO

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